Les sirènes résonnent au loin. Elles se font de plus en plus fortes à mesure que l’ambulance approche une maison d’habitation à Pratteln (BL), en cette fin d’après-midi de vendredi, début juin. Une voisine a appelé le numéro d’urgence après avoir entendu des cris et aperçu une femme blessée. La police de Bâle-Campagne arrive sur place peu après. La raison de l’intervention: des violences conjugales.
La victime est Laila Amaral. Pour Blick, elle accepte de raconter son calvaire, depuis son salon. L’Espagnole avait déjà fait la une des journaux outre-Sarine début 2018, lorsque son ex-fiancé a enlevé leur fils avant de fuir en Espagne. Des mois se sont écoulés avant que Laila Amaral et son fils ne soient à nouveau réunis.
Peu de temps après, elle a fait la connaissance de son nouveau petit ami, un Italien pratiquant les arts martiaux. «Je pensais qu’il était mon âme sœur, raconte Laila Amaral. Mais pendant ces cinq ans, j’ai vécu l’enfer.» Jamais elle ne s’était attendue à ce qu’un homme ait autant d’emprise sur elle: «Il m’a battue jusqu’à m’envoyer à l’hôpital.»
«Soudain, tout a basculé»
«Notre relation était en crise. Je voulais me détacher de lui progressivement», se souvient Laila Amaral. L’homme menace alors de se faire du mal, comme le témoignent des messages qu’elle a gardés sur son téléphone. «Je voulais éviter cela, alors je suis allée le voir ce vendredi-là.» Elle aurait passé la journée avec lui. «Soudain, tout a basculé et il s’en est pris à moi.»
Elle aurait tenté de se défendre. «Je n’avais aucune chance. Il est plus grand, plus fort et s’entraîne au muay thaï.» L’Espagnole est transportée en ambulance à l’hôpital cantonal de Bâle-Campagne. Son ex-compagnon est placé en détention provisoire.
Plusieurs coups de poing
«Le jour même, la police est venue me voir au service des urgences, raconte Laila Amaral. Un policier m’a alors mis un miroir devant le visage. Jusque-là, je ne m’étais pas encore vu.»
Elle est choquée par son propre reflet. Des larmes lui viennent aux yeux. «J’ai vu mon visage tuméfié, mon lobe d’oreille déchiré, les saignements à l’arrière de ma tête dus aux nombreux coups de poing. Des parties de ma chevelure avaient été arrachées. Tout mon corps était couvert d’hématomes.»
Lorsque son fils lui rend visite à l’hôpital, Laila Amaral n’a pas le cœur à lui raconter la vérité. «'Maman a eu un accident', c’est ce que je lui ai dit.» Pour éviter que son fils ne grandisse avec de tels souvenirs, elle décide de rompre définitivement avec son compagnon violent.
Pas le premier incident
Cet épisode de violence conjugale n’était pas le premier. Son ex l’avait déjà frappée et ligotée durant l’été 2020, raconte l’Espagnole. «J’ai voulu m’enfuir et je me suis ouvert le menton. Après avoir été soignée à l’hôpital, je ne suis pas retournée dans notre appartement, mais j’ai été directement dans un foyer pour femmes.»
Après quelques mois, la jeune femme emménage dans son propre appartement avec son fils. Elle regarde avec optimisme vers l’avenir. Mais peu de temps après, elle se remet en couple avec l’auteur des violences. «Il a toujours su me retenir sous son emprise, se justifie Laila Amaral. Et je pensais que ça irait mieux cette fois. D’une certaine manière, on arrive toujours à se persuader. Je veux dire, tout ce que j’ai toujours voulu, c’est avoir ma propre famille. Lui, par contre, voulait surtout me contrôler.»
Une relation toxique
Son ex-compagnon la manipule à tel point que la jeune femme doute d’elle-même. «Il me disait: 'Vas chercher de l’aide! Tu es folle et tu me présentes comme un monstre! Tu es responsable de tout ça. Même quand il me battait…», se souvient Laila Amaral avec émotion.
Elle demande donc de l’aide. La thérapie psychologique qu’elle a suivie lui a permis de découvrir le fonctionnement malsain de sa relation: «Je sais maintenant que j’ai vécu toutes ces années dans une relation toxique avec un pervers narcissique, explique Laila Amaral. Et après cet incident, je peux dire clairement que je suis victime de violence domestique.»
Partage sur les réseaux sociaux
En tant qu’influenceuse, Laila Amaral partage ce qu’elle a vécu sur les réseaux sociaux. «Cela m’aide à faire le point. En plus, je veux encourager d’autres femmes qui vivent actuellement des choses similaires à demander de l’aide.»
Son ex-compagnon a été remis en liberté. Le Ministère public de Bâle-Campagne lui a imposé une interdiction de s’approcher et de prendre contact avec Laila Amaral. Il fait l’objet d’une enquête pour lésions corporelles graves et mise en danger de la vie d’autrui.