Le conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC), Mike Egger, est dans tous ses états. Il y a un an déjà, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) avait créé le débat avec sa nouvelle pyramide alimentaire.
Le fait que le département d'Elisabeth Baume-Schneider renonce de plus en plus à la viande dans ses conseils alimentaires avait fait bondir plusieurs élus de droite. Des ONG telles que WWF et Greenpeace y voyaient, elles, un pas vers les objectifs climatiques du Conseil fédéral en matière d'alimentation.
«Les plus jeunes sont instrumentalisés»
Aujourd'hui, l'OSAV en rajoute une couche. En collaboration avec la Fondation suisse pour la santé Radix, il a publié la brochure «20 recettes saines et durables appréciées par les jeunes et les enfants». L'offre va du ragoût de lentilles agrémenté de cubes de tofu, au burger de quinoa, en passant par la pita aux épinards.
Les professionnels de la cuisine et de l'encadrement des repas de midi, ainsi que les enfants et adolescents, ont pu envoyer leurs recettes préférées sans viande ni poisson. Exclusivement composée de plats végétariens, la brochure doit servir de guide «sain et durable» pour les écoles.
Un menu qui ne plaît pas à tout le monde. «Les plus jeunes sont instrumentalisés pour une transformation idéologique de l'alimentation, déplore Mike Egger. L'OSAV est de plus en plus incontrôlable!» Ce boucher de formation parle d'un «no-go» et d'une «atteinte dangereuse à la liberté alimentaire» des familles. Il fait remarquer qu'une partie de la population avait déjà interrogé la base scientifique de la pyramide alimentaire de l'OSAV. Mais selon le Saint-gallois, «l'OSAV mène de plus en plus ses propres décisions et agit à nouveau à l’encontre de la volonté politique».
L'élu estime que la viande est saine, surtout pour les enfants. Elle leur fournit des nutriments importants comme la vitamine B12 ou le zinc. Il soutient aussi que le corps humain assimile beaucoup plus facilement les protéines animales que les protéines végétales. Des faits que l'OSAV ne manque pas de passer sous silence, selon lui. «Il n'y a aucune indication sur d'éventuelles carences, aucune transparence. Ce n'est pas de l'information, c'est du prosélytisme!»
L'OSAV se défend
Contacté, l'OSAV affirme ses positions: dans une société très axée sur la viande, il soutient le besoin croissant d'avoir des repas de midi sans viande, qui sont par ailleurs très appréciés des enfants et adolescents. Raison pour laquelle les cantines étaient invitées à partager leurs recettes végétariennes préférées.
L'OSAV estime que les recommandations suisses prônent déjà une alimentation variée, la viande en faisant partie. «La viande contient de précieux nutriments et a donc sa place en masse dans une alimentation équilibrée et variée.» Mais selon les recherches scientifiques, manger deux à trois fois de la viande par semaine suffirait à couvrir les besoins en nutriments. Une alimentation qui suit ces recommandations serait donc non seulement saine et équilibrée, mais également durable.
Mike Egger reste inflexible face aux arguments de l'OSAV. Il compte déposer lors de la session d'hiver une intervention pour que l'ensemble du Conseil fédéral se penche sur le sujet. Il aimerait non seulement savoir pourquoi un bureau fédéral prône une alimentation purement végétarienne pour les enfants, mais aussi pourquoi les risques de carences sont passés sous silence. «Cette idéologie doit être stoppée!», conclut le conseiller national.