UBS est à nouveau sous pression. La première banque de Suisse a fait polémique après avoir vendu des produits financiers complexes à des clients qui n’en comprenaient pas les risques. Certains investisseurs auraient subi d’importantes pertes financières après avoir été incités à souscrire à ces instruments – lucratifs pour la banque – par leurs conseillers.
Face à la controverse, UBS aurait demandé à ses conseillers de cesser de proposer ce type de produit à de nombreux clients, selon trois sources anonymes citées par le «Financial Times» mardi 29 juillet. «Le ton des réunions internes a complètement changé ces derniers mois, confie une source au journal américain. Il s'agit désormais d'évaluer les risques, et non de se vanter du nombre de clients qu'on a recrutés pour ces services, dont les tarifs sont très attractifs.» La banque aurait déjà versé plus de 100 compensations à titre de «bonne volonté» aux clients lésés. Une information qu'UBS n’a pas confirmée, mais la banque indique avoir contacté de manière proactive les clients concernés.
Les produits en question sont des dérivés de change appelés Range Target Profit Forwards (RTPF). Ils permettent d’échanger régulièrement des dollars américains contre des francs suisses à un taux prédéfini. Tant que le taux de change reste dans une certaine fourchette, le produit est avantageux. Mais lorsque le dollar a chuté brusquement en avril dernier, à la suite des annonces tarifaires de Donald Trump qualifiées de «Liberation Day», de nombreux clients se sont retrouvés piégés. Le taux de change étant sorti de la zone prévue, ils ont été contraints de poursuivre les échanges à des conditions défavorables, subissant des pertes parfois considérables.
UBS fait machine arrière?
D’après Arik Röschke, secrétaire général de l’Association suisse pour la protection des investisseurs (SASV), certains conseillers UBS eux-mêmes ne maîtrisaient pas toujours le fonctionnement de ces instruments. Il affirme qu’un conseiller aurait même incité un client à hypothéquer sa maison pour investir dans un RTPF. «La plupart des personnes qui sont venues nous voir ont dit qu’elles avaient l’impression qu’UBS n’examinait pas suffisamment leurs situations financières», précise-t-il.
L'affaire provoquerait des tensions à l'interne afin de déterminer les responsabilités, rapporte la RTS. Et ces derniers mois, UBS aurait changé d'approche, sans toutefois renoncer à proposer ces produits dérivés. Un client confirme ce changement de ton: son conseiller ne lui a pas apporté de documentation lors de leur dernier rendez-vous, mais s’est contenté d’une discussion prudente, expliquant qu'il leur avait été demandé de ne proposer ces produits qu'à des clients expérimentés. Une autre source au courant de la situation a ajouté que la banque vendait toujours les produits, mais en volumes beaucoup plus petits.
Sur le papier, ces produits dérivés peuvent sembler simples, mais ils sont en réalité destinés à des investisseurs professionnels disposant d’une tolérance au risque élevée. Dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, l’Espagne ou certaines juridictions asiatiques, leur vente est strictement encadrée, voire restreinte.
L'affaire continue
UBS a déclaré prendre «l'affaire au sérieux» et avoir contacté de manière proactive les clients ayant subi des «effets inattendus». D'après UBS, seul un «très petit nombre de clients répartis sur quelques sites en Suisse ont subi des répercussions inattendues». Avant d'ajouter «examiner chaque cas individuellement».
Mais les discussions se poursuivent encore aujourd’hui avec plusieurs clients et leurs avocats. Notamment autour de la possibilité de résilier les contrats litigieux contre compensation.