«C'est moche, c'est une honte!»
Une piscine laissée à l'abandon fait des vagues en Valais

Une piscine à l’abandon à Grächen (VS) alimente de vives discussions. Un hôtelier critique l'immobilisme qui règne depuis des années et exige la démolition de la structure. Les propriétaires prévoient une rénovation, mais restent vagues sur les étapes concrètes.
Publié: 11:14 heures
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Dans le village touristique valaisan de Grächen, la balance penche du mauvais côté.
Photo: Martin Meul
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Martin Meul

En bordure du village de Grächen, en Valais, les ruines d'une ancienne piscine couverte d'un hôtel détonent. Personne ne se baigne plus dans cette piscine laissée à l'abandon depuis... 1980.

Mais depuis quelque temps, cette piscine construite en 1968 est au cœur des débats à Grächen. Les habitants ne comprennent pas pourquoi la structure n'a pas été démolie plut tôt pour laisser place à un autre projet. «Depuis cinq ans, rien ne bouge autour de cette structure honteuse!», s'énerve Olivier Andenmatten.

Propriétaire d’un hôtel familial situé juste à côté de la piscine à l’abandon, il ne cache pas son agacement. «C'est moche. Ça ne correspond pas du tout à l'image que veut renvoyer le village de Grächen», déplore l'hôtelier. Il peine déjà à attirer des clients dans son établissement situé en périphérie du village. «Ici, il n'y a pratiquement pas de passage, nous devons redoubler d'efforts pour attirer chaque client. Une piscine comme celle-là nuit à mon activité», déclare Olivier Andenmatten.

Des années d'immobilisme

L’ancienne piscine appartient à la famille Karouni depuis 2018. Et depuis 2020, une décision de justice ordonne sa démolition. Pourtant, celle-ci ne semble toujours pas imminente — ou du moins pas menée dans les règles. A l’automne dernier, des plaques d’Eternit contenant de l’amiante ont été retirées du toit de la piscine couverte, soulevant des inquiétudes quant au respect des procédures.

L’opération a soulevé des questions quant à l’élimination adéquate des matériaux et à la sécurité des travailleurs. La Suva est intervenue, exigeant des propriétaires qu’ils prennent des mesures, selon les informations du «Walliser Bote». Depuis, rien ne va plus. Des gravats et des déchets jonchent le sol. On est loin d'une démolition... «C'est frustrant», soupire Olivier Andenmatten.

Un avenir brumeux

Nicolas Karouni est le propriétaire de la piscine couverte. Lorsqu'on lui demande ce qu'il adviendra de la piscine, il reste vague. «On attend les autorisations. La piscine a été reprise par notre famille dans un état de délabrement total – conséquence de l'inaction de la commune. Nous n'y sommes pour rien», se défend le propriétaire. «Nous avons investi avec des perspectives à long terme, nous voulons rénover l'ancien bâtiment.» Nicolas Karouni fait remarquer qu’un ancien hôtel situé juste à côté de la piscine est en train d'être transformé en appartements de vacances. Des ouvriers étaient d'ailleurs à l’œuvre sur le chantier, lors du passage de Blick.

Mais cela ne suffit pas à convaincre Olivier Andenmatten. Depuis 2023, l'hôtelier tente de faire pression sur son voisin par des moyens juridiques afin que ce dernier fasse «enfin avancer les choses». Il est même intervenu auprès de la commune de Grächen pour qu’elle oblige la famille Karouni à démolir la piscine. Mis à part une décision contraignant les Karouni à mieux sécuriser le chantier, ses efforts sont restés vains. «La commune, pourtant clairement compétente, renvoie une image faible», déplore l’hôtelier. «Il existerait pourtant plusieurs moyens juridiques pour que la situation évolue enfin.»

Pas d'argent pour la démolition

La commune regrette aussi la situation, comme l'explique à Blick Nicolas Fux, secrétaire communal. Les travaux auraient été suspendus à cause de désaccords entre les maîtres d'ouvrage et la Suva. «L’état actuel de l’immeuble est insatisfaisant pour l’image de la localité et reste gênant pour le voisinage immédiat, mais il s’est légèrement amélioré grâce à la progression des travaux au cours de l’année écoulée.»

En réalité, la commune pourrait prendre en charge elle-même les travaux et démolir la piscine couverte. Mais elle préfère ne pas s’engager dans cette voie. «Cette option n’est actuellement pas envisageable en raison de la situation générale et des contraintes budgétaires de la commune», explique Nicolas Fux. Grächen devra donc probablement composer encore quelque temps avec sa «piscine fantôme».

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