Ils sont partis... pour mieux revenir. D'après de nouveaux chiffres du canton de Thurgovie, 722 renvois forcés ont eu lieu dans ce canton de Suisse orientale entre 2020 et 2024. Toutefois, plus d'une personne expulsée sur dix n'en était pas à son coup d'essai.
En d'autres termes, la personne expulsée avait déjà été renvoyée de Suisse, explique le Conseil d'Etat thurgovien en réponse aux conseillers cantonaux de l'Union démocratique du centre (UDC) Hermann Lei et Aline Indergand. De plus, trois des ces personnes ont été expulsées par vol spécial, comme l'a rapporté le quotidien «Thurgauer Zeitung».
«La politique nationale doit agir»
Le député Hermann Lei est surpris que les renvois multiples soient si nombreux. «Il est étonnant qu'une personne expulsée de force réessaie de rentrer en Suisse, déclare-t-il à Blick. Cela montre que ces personnes ne nous prennent pas au sérieux!»
Pour l'élu de droite, il est clair que «la politique nationale doit agir». Il met l'accent sur les contrôles aux frontières: l'accord Schengen-Dublin doit être mis en œuvre et les personnes doivent être renvoyées dans le premier pays d'accueil.
Le Conseil d'Etat précise qu'une expulsion coûte en moyenne 10'250 francs au canton et Hermann Lei estime que le coût total, incluant tous les frais annexes, pourrait s'élever à 20'000 francs.
La plupart des vols se font sans escorte
Mais la facture devient particulièrement salée lorsqu'un vol spécial inclut aussi une longue détention administrative et un accompagnement médical. Auquel cas, le coût peut atteindre une somme à cinq chiffres. Toutefois, la plupart des expulsions entraînent moins de dépenses: dans 471 cas, la personne a seulement été accompagnée jusqu'à l'avion, puis s'est envolée seule et sans résistance vers son pays d'origine.
Comment des personnes parviennent-elles à rentrer en Suisse malgré leur expulsion? Le gouvernement thurgovien n'a pas de réponse à cette question mais souligne qu'il veut s'engager auprès de la Confédération pour éviter de tels cas à l'avenir. Le Conseil d'Etat place ses espoirs dans une nouvelle procédure dite de screening, qui devrait simplifier les contrôles dans l'espace Schengen.
Selon les autorités thurgoviennes, toute personne qui revient en Suisse malgré son interdiction d'entrée commet une infraction pénale et sera rapidement expulsée.