Les piscines ont pour habitude de rafraîchir les baigneurs. Pourtant, celle de Porrentruy (JU) échauffe les esprits. Après des mauvais comportements attribués à de jeunes baigneurs français, la commune jurassienne a décidé de restreindre l'accès à sa piscine. Les étrangers n'y ont plus accès – la piscine reste réservée aux personnes qui vivent ou travaillent en Suisse.
La conseillère fédérale jurassienne Elisabeth Baume-Schneider ne souhaite pas s'exprimer sur le conflit. La Commission fédérale contre le racisme (CFR) fait toutefois partie de son département et critique la réglementation.
«Une interdiction globale de baignade pour les personnes étrangères est problématique et irritante. La commune doit vérifier si l'interdiction forfaitaire est vraiment proportionnée et s'il n'y aurait pas des mesures moins radicales, comme par exemple des interdictions individuelles de se baigner pour les personnes qui ne respectent pas les règles de manière répétée», fait savoir la CFR à Blick.
Le Canton s'en mêle
Le Canton du Jura critique également l'interdiction de baignade pour les Français. Un porte-parole du gouvernement cantonal déclare: «Nous allons bientôt avoir un entretien avec la commune de Porrentruy.»
Le Canton attend de la commune qu'elle suspende l'interdiction de baignade «le plus tôt possible et ce dès que la situation le permet, et pas seulement le 31 août». De même, l'interdiction de baignade pour les Français ne doit pas être inscrite durablement dans le règlement communal, cela ne serait «pas tolérable» pour le canton.
«Nous ne voulons pas de discrimination»
Le Canton propose son aide pour trouver «à moyen terme une solution à cette situation exceptionnelle». Le gouvernement parle d'une «atteinte à l'image de marque», mais défend en même temps la commune contre les critiques: «Nous ne voyons pas d'alternative à court terme sans risque de discrimination, qui tienne compte de la réalité sur place et des moyens disponibles. Nous espérons que la situation s'améliorera bientôt, notamment grâce à la fin de la canicule.»
La députée socialiste jurassienne Mathilde Crevoisier espère que la commune de Porrentruy se montrera rapidement conciliante: «L'interdiction est disproportionnée. Il y a certes des problèmes, mais les interdictions globales ne sont pas une solution. Nous vivons au cœur de l'Europe et ne voulons pas de discrimination.»
Comme Blick l'a appris de milieux diplomatiques, l'ambassade de France à Berne réfléchit à la forme que pourrait prendre son intervention contre cette interdiction. Selon le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), ni l'ambassade de Suisse à Paris, ni le DFAE à Berne n'ont encore reçu de plainte.