Il n'y a qu'un seul point sur lequel tous, absolument tous les acteurs du secteur de la santé sont d'accord: Les coûts doivent baisser. Ensuite, l'harmonie s'arrête. Un exemple parfait de la paralysie des réformes est mis en lumière par Blick: un projet de lettre, actuellement en circulation, sera bientôt adressé à tous les membres du Conseil national. Les expéditeurs sont, entre autres, la Fédération des médecins suisses (FMH), l'association des hôpitaux H+, les associations de caisses Curafutura et Santésuisse, le Forum des consommateurs – bref, une partie importante de l'ensemble du secteur.
Un projet jugé inefficace
L'impulsion est donnée par ce que l'on appelle les «réseaux de soins coordonnés». Avec cette idée, la Confédération, sous la houlette de la ministre de la Santé Elisabeth Baume-Schneider, veut créer de nouveaux fournisseurs de prestations interprofessionnels dans le but de freiner les coûts. L'idée semble prometteuse sur le papier, mais le projet a vite suscité des critiques: loin de faire baisser les coûts, les mesures risqueraient surtout d'alourdir la bureaucratie et de renforcer l'emprise de l'État. Le Conseil national a donc rejeté l'objet en première délibération.
Il n'a «encore jamais vu», dit un représentant des associations signataires, «le Conseil fédéral et l'administration ignorer une critique aussi massive d'un projet et vouloir le faire passer avec l'aide bienveillante de quelques conseillers aux États».
Aucun soutien des acteurs du milieu
Mais après un lobbying intensif, la commission de la santé du Conseil des États a fait basculer l'affaire et les «réseaux de soins coordonnés» étaient à nouveau sur la table. Au grand dam des auteurs, qui ont émis des critiques massives. Ainsi, lesdits conseillers aux États se seraient certes appuyés sur un rapport de l'OFSP – mais auraient omis l'annexe dans laquelle sont mentionnées les positions des protagonistes. Par ailleurs, la commission et le Conseil des États ont négligé des éléments-clés, tels que l'amélioration de la compensation des risques, l'instauration d'un financement uniforme et la mise en place d'un nouveau tarif médical. Dès lors, l'économie de 250 millions de francs avancée est jugée «totalement irréaliste» par les critiques.
«Aucun acteur familier de la pratique des soins coordonnés» ne soutient le projet. Le «prétendu potentiel d'économies» est «complètement fictif». C'est pourquoi les représentants de la branche lancent un appel: «Nous vous demandons donc de vous en tenir à votre décision du Conseil national d'avril 2023» et de «renoncer» au projet. En attendant, le ping-pong continue et les coûts ne cessent d'augmenter.