«Cela doit être examiné avec soin»
Après l'annonce des droits de douane, un élu PLR remet en question l'achat des F-35

Jusqu’ici portée uniquement par la gauche, la demande d’annuler l’achat des avions de combat F-35 gagne du terrain. A la suite de l’annonce des droits de douane, un conseiller national PLR réclame à son tour que l'achat soit réexaminé.
Publié: 02.08.2025 à 21:33 heures
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Trump impose des droits de douane de 39% sur les importations suisses.
Photo: Getty Images
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Céline Zahno

Le coup de massue tarifaire infligé à la Suisse par le président américain Donald Trump le jour de la Fête nationale est venu ébranler toutes les certitudes. Jusqu'à la fin, beaucoup ont cru au succès diplomatique de la Suisse. Pourtant, Donald Trump a annoncé des droits de douane de 39% pour les importations en provenance de Suisse.

Suite à cette annonce, certains politiciens bourgeois font des propositions surprenantes. Ainsi, le libéral-radical Hans-Peter Portmann veut faire examiner l'acquisition des avions de combat F-35. Il a déposé une proposition en ce sens auprès de la commission de politique extérieure du Conseil national.

Une demande de la gauche

«Les avions de combat F-35 sont désormais redevenus une affaire politique», explique le conseiller national zurichois. «Dans la situation actuelle, on ne peut pas continuer comme si de rien n'était. La question se pose de savoir ce que nous devons faire.»

Concrètement? «Soit nous acceptons une perte et rompons le contrat – soit nous n'achetons que ce que nous avons déjà payé, stoppons les prochaines tranches de livraison en provenance des Etats-Unis et comblons nos lacunes en matière de défense par des acquisitions en provenance d'Europe. Cela doit être examiné avec soin.»

Jusqu'à présent, de telles propositions n'émanaient que des milieux de gauche. On y réclame depuis longtemps l'interruption de l'acquisition des avions de combat F-35 – surtout depuis qu'il a été révélé en juin que les Etats-Unis demandaient un prix plus élevé pour les jets. Les coûts supplémentaires risquent de se situer entre 650 millions et 1,3 milliard de dollars.

Le conseiller national du Parti socialiste (PS) Fabian Molina avait demandé l'arrêt immédiat de l'acquisition des F-35. Avec les Vert-e-s et le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), le PS a formé l'alliance «Stop F-35».

L'UDC ne change pas d'avis

Les partis bourgeois ont toujours souligné qu'il n'était pas question d'interrompre l'acquisition. Pour Werner Salzmann, membre de l'Union démocratique du centre (UDC) chargé de la politique de sécurité, la demande de réexamen de l'acquisition du F-35 est une «décision absolument irréfléchie». «Cela n'impressionnerait pas Trump et n'aiderait pas à obtenir un accord», déclare-t-il à Blick.

«De plus, si nous n'achetons pas le F-35 maintenant, cela ne ferait qu'augmenter notre déficit commercial avec les Etats-Unis», ajoute le conseiller aux Etats. «Qui sait si cela n'incitera pas Trump à augmenter encore plus les droits de douane?» Par ailleurs, il n'y a pas de véritable alternative au F-35, selon lui. «C'est le seul avion de combat de la cinquième génération. Et d'autres pays européens continuent de miser sur ce modèle. Je me demande donc si nous devrions vraiment nous en détacher.»

Depuis l'annonce des droits de douane, Werner Salzmann a lui aussi des attentes envers le Conseil fédéral. Celui-ci devrait prochainement négocier avec Trump. «Si l'on veut obtenir quelque chose, il faut aussi être actif soi-même. Trump n'a probablement même pas lu le résultat des négociations. Une lettre de Berne ne suffit certainement pas.»

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