Un lecteur perd 32'000 francs!
Blick porte plainte contre les fraudes publicitaires qui usurpent son image

Le groupe Ringier, qui édite Blick, porte plainte mercredi contre les articles et publicités copiant son image pour arnaquer le lectorat. Sur les réseaux, ces contenus trompeurs usurpent l'identité de personnalités suisses pour promouvoir des investissements douteux.
Publié: 11.06.2025 à 01:52 heures
Partager
Écouter
1/5
Sur Instagram, les fausses pubs de ce genre sont légion. Elles reprennent les codes visuels de Blick pour mener à des arnaques.
Photo: Capture d'écran/Instagram
Blick_Leo_Michoud.png
Léo MichoudJournaliste Blick

Vous les avez sans doute déjà vues passer sur vos réseaux sociaux, ces publicités qui prennent l'apparence de médias sérieux. Blick est aussi concerné: des petits malins reprennent notre logo et notre police d'écriture et font dire des âneries à des personnalités suisses crédibles, comme la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter. Parfois, en utilisant – contre son gré – l'image d'un ou d'une journaliste pour légitimer le produit vendu.

Le groupe de médias Ringier – éditeur entre autres de Blick, L'illustré et PME Magazine – communique ce mercredi 11 juin qu'il a «franchi une étape importante dans la lutte contre la publicité illégale et trompeuse». Concernant ces articles frauduleux, «une plainte pénale complète a été déposée auprès du Ministère public de la Confédération contre inconnu».

Que ce soit sur Facebook, Instagram, X et ailleurs, les arnaqueurs présumés utilisent abusivement l’apparence des médias de Ringier, en particulier de Blick, dans des vidéos falsifiées et des interviews sorties de leur chapeau. Leur but? «Faire la promotion d’investissements douteux ou donner des recommandations», déclare Ringier.

Un lecteur voit 32'000 francs s'envoler

«En réalité, ces contenus ont été créés par des organisations présumées criminelles à l’aide de technologies modernes pour imiter les voix et les visages des célébrités et leur attribuer de fausses déclarations», continue le communiqué. Malgré des avertissements, des lectrices et des lecteurs se font malheureusement toujours piéger par ces escroqueries sophistiquées. De quoi perdre des sommes conséquentes: «Dans un cas concret, une personne a transféré 32'000 francs suisses à des fraudeurs», détaille Ringier.

«Avec cette plainte pénale, nous ne voulons pas seulement poursuivre les auteurs directs, détaille Serafin Oberholzer, avocat et conseiller juridique chez Ringier. Nous envoyons également un message clair aux entreprises de médias sociaux telles que Meta pour qu’elles assument plus de responsabilités.» L'homme de loi estime que les géants du web ont largement les moyens techniques pour détecter et prévenir de telles fausses annonces.

Plainte pour «escroquerie professionnelle»

La plainte porte sur plusieurs infractions graves. Il est question de «participation à une organisation criminelle», de «blanchiment d’argent», «d’escroquerie professionnelle» et «d'usurpation d'identité». En somme, les auteurs sont accusés de tromper autrui «de manière répétée et planifiée pour s’enrichir» en se faisant passer pour d’autres personnes ou entreprises. De quoi outrepasser aussi le droit des marques et la loi contre la concurrence déloyale.

L'avocat Tobias Schaffner évoque «une escroquerie orchestrée de manière professionnelle». Il détaille le mode opératoire: «D’abord, la marque et l’image de Ringier ainsi que l’identité de personnalités sont utilisées de manière abusive afin de gagner la confiance des victimes. Puis, les victimes sont mises sous pression par téléphone à l’aide de fausses promesses jusqu’à ce qu’elles transfèrent leur argent sur une plateforme frauduleuse. Ensuite, l’argent est blanchi.»

Forcer Meta et les autres à réagir

Blick assurera le suivi de cette plainte et de ses conséquences dans une série d'articles. A travers toute l'Europe, de nombreuses entreprises de médias sont touchées par de tels cas de fraude. Certaines ont aussi porté plainte. Tout comme le conseiller fédéral Guy Parmelin, victime d’usurpation d’identité à titre personnel.

En Allemagne, le cas du médecin et animateur de télévision Eckart von Hirschhausen a fait office de première. Sa plainte a abouti sur une décision urgente de la Cour d'appel de Francfort-sur-le-Main. La justice allemande exige des hébergeurs comme Meta qu'ils suppriment, après avoir été informés de contenus illicites, également les contributions de même contenu sans signalement supplémentaire.

Blick rappelle à son lectorat de se montrer prudent avec les annonces publicitaires en ligne promettant des bénéfices inhabituellement élevés. Notre conseil? Evaluer ces offres en faisant preuve d'esprit critique. Et en cas de doute, renoncer à participer. Si vous estimez avoir malgré tout été victime d'escroquerie en ligne, signalez immédiatement l’incident à la police et à votre banque. Ceci afin de bloquer une transaction supplémentaire et d'éviter à d'autres de subir le même sort.

Partager
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la