Combat contre le traité avec l'UE
Cet élu UDC a bâti un empire de la Tech mais quitte tout pour la politique

En 1995, Franz Grüter a parié sur Internet avec 500 francs en poche. Aujourd'hui, après 30 ans, il quitte Green.ch et se consacre pleinement à la politique et au combat contre le traité avec l'UE.
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Franz Grüter a quitté la présidence du conseil d'administration de Green en octobre dernier.
Photo: keystone-sda.ch
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Tobias Bruggmann

Il y a 30 ans, le conseiller national UDC Franz Grüter a tout misé sur une seule carte. «Lorsque nous avons créé notre entreprise, il ne me restait que 500 francs sur mon compte», confie-t-il dans un entretien avec Blick. A une époque où une heure de surf coûtait huit francs, Franz Grüter a lancé une société devenue en 2008 le fournisseur d'accès Internet Green.ch après son rachat. Ces dernières semaines, il a quitté la présidence du conseil d'administration. Que ressent-on lorsqu'on tourne la page après autant d'années?

En trois décennies, Franz Grüter a vu l'ère des modems biper et celle de ChatGPT s'imposer. «Au début, je rendais visite à de petites entreprises pour promouvoir l'e-mail comme un missionnaire. On me répondait souvent: 'Mais nous avons le fax!' Aujourd'hui, cela paraît inimaginable.»

«Tous ces changements étaient radicaux», poursuit Franz Grüter. L'ouverture d'esprit l'a soutenu. «Je conseille à tout le monde de tester de nouvelles technologies. L'intelligence artificielle peut aussi être utile aux seniors.»

Des robots humains aideront-ils bientôt à la maison?

Les innovations ne vont pas s'arrêter. «Je pense que nous aurons prochainement des robots humanoïdes capables d'assister au quotidien. Et la conduite autonome est déjà à portée de main.» Avoir peur de ces avancées ne fait, selon lui, aucun sens. «A l'époque des calèches, beaucoup avaient peur de l'automobile. Mais le progrès ne s'arrête pas.»

Franz Grüter se consacre désormais entièrement à la politique. «Le vote sur le traité de soumission à l'UE est la décision la plus importante des prochaines années. Je peux maintenant y travailler pleinement.» La Suisse veut redéfinir sa relation avec l'UE, avec de nouvelles règles et de nouveaux accords. L'UDC y est farouchement opposée, qualifiant le projet de «traité de soumission».

Son collègue de parti David Zuberbühler, d'Appenzell Rhodes-Extérieures, a quitté le Conseil national pour gérer son entreprise. Franz Grüter fait le choix inverse. «A 62 ans, je regarde avec gratitude le chemin parcouru. La situation est différente pour moi.»

Selon le Lucernois, ce départ s'est fait sans difficulté. «Cela fait partie du cycle normal. Et j'ai un excellent successeur en la personne de Roger Süess.» Beaucoup d'entreprises échouent à organiser la relève. «Quand l'ancien chef continue de passer chaque jour et de s'immiscer partout, cela nuit à la société.»

Commencer tôt la recherche d'un successeur

Pour lui, l'essentiel est de penser à la relève suffisamment tôt. «Il ne faut pas attendre 60 ou 70 ans», souligne Franz Grüter. «Et il faut garder en tête l'intérêt de l'entreprise. Trop souvent, on choisit un membre de la famille qui n'en a ni l'envie ni les capacités.»

Ses trois enfants ont suivi d'autres voies. «Bien sûr, nous avons évoqué mon départ à table, mais ce n'était pas un sujet central.» Ces échanges peuvent être délicats. «Quand on n'a pas construit soi-même une telle entreprise, on mesure difficilement la charge émotionnelle d'un départ.»

En 2016 déjà, Franz Grüter avait quitté la direction opérationnelle tout en restant président du conseil d'administration. «C'est pour cela que la transition est plus douce aujourd'hui. Je n'ai pas de symptômes de sevrage.» Il n'a toutefois pas renoncé à la technologie: récemment, il s'est rendu dans la Silicon Valley pour tester des véhicules autonomes.

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