«Travailler plus longtemps doit en valoir la peine!»
Elisabeth Baume-Schneider souhaite rendre le travail au-delà de l'âge de la retraite attrayant

L'orientation de la réforme de l'AVS 2030 est désormais claire. En plus de recettes supplémentaires, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider mise sur des incitations financières pour maintenir plus longtemps les seniors dans le monde du travail.
Publié: 19.05.2025 à 19:10 heures
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Elisabeth Baume-Schneider souhaite que la réforme de l'AVS incite davantage à travailler plus longtemps.
Photo: KEYSTONE/ANTHONY ANEX
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Ruedi Studer

Ce doit être le chef-d’œuvre de la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider: la prochaine grande réforme de l’AVS à l’horizon 2030. D’ici fin 2026 au plus tard, elle devra élaborer un projet visant à stabiliser l’AVS pour la période de 2030 à 2040. En d’autres termes, elle devra faire face à la vague de départs à la retraite de la génération du baby-boom.

Elle vient de présenter les grandes lignes de son plan. Outre des recettes supplémentaires, l’accent est mis sur une durée d’activité professionnelle plus longue. «Travailler au-delà de l’âge de la retraite deviendra plus simple et plus attrayant», promet la ministre socialiste des affaires sociales.

Sa devise? «Travailler plus longtemps doit en valoir la peine!» Plutôt que de relever l’âge de la retraite, des incitations financières devraient encourager davantage de personnes à continuer à travailler volontairement au-delà de l’âge de référence de 65 ans.

Une personne sur quatre travaille au-delà de l'âge de la retraite

Le potentiel et l’intérêt sont bien là: la majorité des seniors prennent certes leur retraite à 65 ans, mais les taux d’activité pour les années 2021 à 2023 montrent qu’une personne sur quatre reste active après ses 65 ans, parfois avec juste un taux d’occupation réduit. A 70 ans, ils sont encore 14% à travailler, et à 74 ans, 11%.

Pour encourager la poursuite de l'activité professionnelle, Baume-Schneider veut agir sur trois leviers dans la réforme de l'AVS 2030.

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Abolir l’âge maximal de 70 ans

Aujourd'hui, l'âge maximum pour l'AVS est de 70 ans. Il est donc possible d'ajourner le versement de la rente de 5 ans au maximum et de toucher ensuite une rente à vie plus élevée. Celui qui ne perçoit sa rente que deux ans plus tard reçoit 11,8% de plus d'AVS. Celui qui attend cinq ans reçoit 31,5 % de plus. Il est possible d'ajourner la totalité de la rente ou seulement une part comprise entre 20% et 80%. Les personnes qui travaillent au-delà de l'âge de référence peuvent en outre améliorer leur rente grâce aux années de cotisation supplémentaires.

Désormais, la limite d’âge de 70 ans devrait être supprimée. «Cette limite d’âge serait abolie aussi bien pour le report du début de la retraite que pour les améliorations de la rente», explique Markus Binder de l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) dans un entretien avec Blick. «L’absence d’une limite d’âge aurait également un effet psychologique, car elle supprimerait une limite».

Même si de nombreux seniors continuent de travailler au-delà de 65 ans, peu d’entre eux reportent effectivement la perception de leur rente AVS. Dans la dernière tranche de population disponible, cela concernait 1500 hommes et 1600 femmes, soit environ 2,5% des assurés.

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Augmenter la franchise

Le montant exonéré de cotisations pour les seniors actifs devrait être relevé. Il s’élève actuellement à 16'800 francs par an – en dessous de ce montant, aucun prélèvement de cotisations salariales n’est requis. Les personnes rémunérées pour différentes activités auprès de plusieurs employeurs peuvent faire valoir ce montant exonéré pour chacune de ces activités.

«La limite d’exonération n’a plus été ajustée depuis 1996», déclare Markus Binder. «Relever ce seuil peut constituer une incitation positive à poursuivre une activité professionnelle au-delà de l’âge de référence.» Il reste cependant à déterminer l’ampleur exacte de cette augmentation.

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Freiner les retraites anticipées

La mesure la plus controversée dans le paquet de mesures: les départs anticipés à la retraite devraient devenir moins attractifs. En effet, de nombreux travailleurs ne restent pas jusqu'à l'âge légal de la retraite, mais prennent leur retraite plus tôt. Chez les hommes de 64 ans, par exemple, le taux de départ anticipé pour la période 2021-2023 est de 39%, et chez les femmes de 63 ans, il est de 34%. Il y a 15 ans, ces taux étaient bien plus élevés, avec 47% chez les hommes et 43% chez les femmes. Cela ne signifie toutefois pas que l'on commence à toucher la rente AVS plus tôt.

Ceux qui peuvent se le permettre grâce à une bonne caisse de pension attendent généralement pour toucher leur AVS. En effet, chaque année de retraite anticipée entraîne une réduction de la rente de 6,8%. Actuellement, le taux de préretraite est d'environ 12% chez les hommes et de 10% chez les femmes.

Malgré cela, Elisabeth Baume-Schneider souhaite également intervenir dans ce domaine. Son département doit examiner, d'ici l'automne, quelles mesures pourraient ralentir les départs anticipés. «Par exemple, en modifiant les taux de réduction ou en introduisant des mesures complémentaires dans le 2e pilier», comme l'explique Markus Binder de l'OFAS. Car, «pour de nombreuses personnes, le revenu provenant de la prévoyance professionnelle est un facteur déterminant dans la décision de prendre une retraite anticipée.»

Avec ces mesures, Elisabeth Baume-Schneider souhaite créer des incitations au travail et ainsi répondre aux besoins de main-d'œuvre de l'économie. A l’automne, elle présentera les paramètres concrets pour la réforme de l’AVS, et la consultation devrait débuter début 2026. La version définitive du projet devrait être soumise au Parlement d’ici la fin de l’année 2026.

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