Le PLR et les milieux patronaux déplorent le fait que le projet de réforme AVS2030, dont l'orientation a été présentée jeudi, ne comprenne pas un relèvement de l'âge de la retraite. La gauche regrette l'exclusion de sources de financement supplémentaires. Le PS et les syndicats pointent aussi le manque de mesures pour les bas revenus.
Les défis liés au changement démographique sont évidents. En n'abordant pas la question de l'âge de la retraite, le Conseil fédéral «manque de courage», estime l'Union suisse des arts et métiers (usam).
Le PLR dénonce aussi une «promesse non tenue». Lors de la campagne sur l'initiative des jeunes PLR sur les rentes, le DFI avait promis de prendre des mesures structurelles lors de la prochaine réforme de l’AVS. Or, au lieu de «s'attaquer aux défis démographiques, cette 'réforme' ne ferait qu'aggraver les problèmes de l'AVS», conclut le parti.
Ceux qui excluent aujourd'hui catégoriquement un relèvement de l'âge de référence pour la prochaine réforme de l'AVS, qui ne s'appliquera qu'à partir de 2030, ont perdu le sens des réalités, ajoute l'Union patronale suisse.
La gauche et les syndicats saluent au contraire le renoncement à un tel relèvement. Le Conseil fédéral respecte ainsi la volonté «on ne peut plus claire» de la population, qui a rejeté cette proposition à 75%, indique l'Union syndicale suisse (USS).
Taxe sur les transactions financières
Le PS, les Vert-e-s et Travail.Suisse regrettent en revanche que des modèles de financement socialement équitables, notamment une taxe sur les transactions financières, n'aient pas été retenus. Pour le Centre aussi, qui plaide pour une solution «équilibrée», qui protège le pouvoir d'achat de la classe moyenne, il convient d'examiner des sources de financement supplémentaires, dont une taxe sur les transactions financières.
Outre cette option, le PS évoque un impôt sur les successions, les Vert-e-s des cotisations salariales plus élevées, Travail.Suisse ces dernières ainsi qu'une participation aux bénéfices de la Banque nationale ou l'extension des cotisations AVS à la fortune.
L'usam salue en revanche le fait que le Conseil fédéral ait choisi de se concentrer sur les sources de financement existantes, à savoir les cotisations salariales et la TVA. L'organisation met toutefois en garde contre une nouvelle augmentation des cotisations salariales.
Ces mesures grèveront encore davantage le porte-monnaie de la classe moyenne, dénonce le PLR. Le parti avertit qu'il ne soutiendra pas une telle réforme. Pour lui, une AVS «forte et pérenne» n'est possible qu'avec un «assainissement durable, équilibré et réaliste», qui n'impose pas à la classe moyenne, aux familles et aux PME des charges financières toujours plus lourdes.
Pour le PVL, il est surtout important que la réforme soit faite en prenant en compte les générations futures afin qu'elles n'en portent pas les coûts.
Rentes basses oubliées
Le PS et l'USS déplorent aussi le fait que la réforme ne prévoit pas de mesures pour améliorer les rentes des bas revenus. Pire, le Conseil fédéral parle même de suspendre la compensation du renchérissement dans l'AVS, une attaque que l'USS «combattra résolument».
Le Conseil fédéral doit présenter une réforme «qui renforce l'oeuvre sociale la plus importante de Suisse et compense la perte de pouvoir d'achat de celles de ceux qui en ont particulièrement besoin», exige le PS.
Le problème des lacunes de cotisations, qui peut représenter pour de nombreuses personnes jusqu'à 200 francs de rente AVS en moins par mois, doit aussi être traité. «Ce n'est qu'à condition d'élargir les travaux prévus au-delà de la pure question du financement qu'une révision de l'AVS porteuse d'avenir aboutira», souligne l'USS.
L'UDC n'a pas pris position sur le sujet pour l'instant. Le parti analysera les propositions et en discutera au sein du groupe parlementaire, a indiqué l'UDC à Keystone-ATS.