Des enfants à vélo slaloment entre les caravanes, alors que d'autres sont encore en train de prendre leur déjeuner. Quelques mètres plus loin, une dizaine de personnes font du sport sous les encouragements d'un instructeur. Voilà le quotidien du plus grand camping de Suisse.
Situé à l'embouchure de la rivière Verzasca dans le lac Majeur, le Campofelice mesure plus de 150'000 mètres carré, soit l'équivalent de 21 terrains de football. En haute saison, près de 3000 personnes y séjournent dans des caravanes, des tentes ou des bungalows. Le camping est toujours complet, aucun emplacement n'est laissé libre.
Chaque année, le Campofelice enregistre 400'000 nuitées. Cela représente 40% des nuitées en camping dans tout le canton du Tessin. L'an dernier, les campings suisses ont enregistré 4,9 millions de nuitées – soit 2 millions de plus qu'il y a 12 ans.
Une nouvelle tendance: le glamping
A 81 ans, Gianfranco Patelli se déplace maintenant en voiturette de golf. Il a dirigé le camping pendant plus de 40 ans avant de passer le flambeau à son fils Simone. «Les exigences des clients ont augmenté», souligne le senior. «Ils veulent et ont besoin de plus d'espace. Ce qui était autrefois un luxe et désormais exigé par les clients comme un standard minimum.» C'est ce qu'on appelle le glamping – un mot-valise issu de glamour et camping.
Cette nouvelle tendance l'a poussé à augmenter les surfaces louées de 30% tout en réduisant leur nombre de 1200 à 700 places. En parallèle, le Tessinois a construit près de 100 bungalows pour répondre à une demande élevée et lucrative.
D'un point de vue économique, cela ne représente pas une grande perte, dit-il. «Nous sommes et voulons rester le plus grand camping de Suisse». Son fils et lui prévoient à moyen terme de démolir un site industriel voisin pour continuer à développer le Campofelice. «Il serait judicieux que la Suisse ait plus de campings.»
Depuis le pavillon du camping, une petite route mène au lac. Allées après allées, des dizaines de voitures sont alignées les unes à côtés des autres à chaque emplacement numéroté. Un paysage particulièrement monotone: beaucoup de gris et de bleu et surtout les mêmes meubles de camping qui reviennent sans cesses.
Un luxe devenu nécessaire
Des panneaux routiers permettent aux clients de connaître le prix et la catégorie des différents emplacements. Eau courante, évacuation des eaux usées ou encore raccordement électrique: les zones n'offrent pas le même niveau de luxe.
De telles commodités sont-elles nécessaires? «Oui», répond la campeuse allemande Susanne Demmig. Avec son mari et son enfant, elle dort dans une caravane située au bord du lac. Elle montre du doigt la boîte blanche à côté de la machine à glaçons et de la friteuse à air. Un lave-vaisselle mobile. «Avant, je faisais la vaisselle à la main et toujours seule. Comme ça, je peux rester près de la caravane et me reposer.»
Séjournant au Tessin depuis douze jours, la famille Demmig ressent la dureté du franc suisse. «C'est cher en tout cas, mais cela m'est égal», dit le père Mario. Ce conducteur de pelleteuse indépendant travaille beaucoup et part rarement en vacances. Il a toutefois trouvé des combines pour faire des économies: «Nous avons apporté de la viande et des aliments d'Allemagne. Refusant de se plaindre, il lance: «Regardez la vue, c'est génial!»
Les hôtes étrangers compensent le recul suisse
Juste à côté, une petite caravane est décorée par un bouquet de tulipes. Janneke van den Hazel regarde par l'auvent. «Pour camper, tu n'as pas besoin de grand-chose: juste une caravane et les bonnes personnes», explique la Néerlandaise. Depuis sept ans, elle et sa famille font douze heures de route pour venir passer deux semaines au Tessin.
Comme la caravane est trop petite, les enfants dorment dehors dans deux petites tentes. «Nous apprécions et jouissons de ce style de vie simple, dit Bernard, le père. Le camping fait partie de notre ADN». Au cours des prochains jours, ils visiteront le Val Verzasca, Locarno et Ascona.
Les Allemands et les Néerlandais font partie des nations les plus répandues dans les campings suisses. Depuis des années, le nombre de campeurs étrangers augmente. L'année dernière, ils ont réservé 1,8 million de nuitées, un chiffre jamais atteint auparavant. Leur augmentation annuelle a compensé le recul du nombre de campeurs nationaux au cours des trois dernières années.
Plus reposant que l'hôtel
Depuis six ans, un groupe d'Obwaldiens campe chaque été non loin du grand pavillon, toujours au même endroit. Katja, sa collègue Petra et leurs familles passent les vacances ensemble. Les deux femmes ont monté plusieurs tentes pour former un complexe. Elles se décrivent comme des campeuses «convaincues».
Katja ne veut pas s'imaginer à quel point des vacances à l'hôtel pourraient être stressantes. «Faire ses bagages, aller à la plage, au buffet. Ici, nous faisons ce que nous voulons, quand nous le voulons», s'enthousiasme Katja. Ses indispensables? «Des piquets à vis pour fixer la tente et une friteuse à air.»
Les infrastructures changent, pas les campeurs
A quelques mètres de la tente des Obwaldiens se trouve un magasin d'alimentation. Christine et Urs Del Torchio sont de retour après avoir fait un tour à vélo. Casques sur la tête, ils font le tour des rayons pour trouver de quoi se faire à manger.
Selon eux, le choix s'est considérablement élargi au cours des vingt dernières années. «Aujourd'hui, on trouve ici tout ce qu'un magasin de village peut offrir», dit-elle. «L'infrastructure du camping a passablement changé, mais les campeurs sont restés les mêmes.»