Mauvaises perspectives pour l'équipementier suisse Stöckli
Les skis de Marco Odermatt vont-ils dérailler à cause des taxes de Trump?

Malgré une saison triomphale portée par Marco Odermatt, Alexis Monney et Thomas Tumler, le célèbre frabricant de ski suisse Stöckli traverse une zone de turbulences. En cause: les droits de douane imposés par Donald Trump.
Publié: 06:26 heures
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Dernière mise à jour: 06:36 heures
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Donald Trump dans les années 90 en vacances à Aspen avec sa petite amie de l'époque, Kelly Ann Sabatasso.
Photo: DUKAS
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Marcel W. Perren

Dans sa jeunesse, Donald Trump passait volontiers ses vacances d’hiver à Aspen. Dans cette station huppée du Colorado, le milliardaire new-yorkais se faisait remarquer par sa combinaison rouge vif... mais aussi par sa technique de ski, jugée «médiocre» par bien des experts.

Mais en tant que président des Etats-Unis, Donald Trump, bien que piètre skieur, pourrait réussir une performance de choix. En effet, sa politique douanière pourrait bien freiner l'expansion de la marque de ski Stöckli aux Etats-Unis. Un exploit que même des champions comme le Norvégien Henrik Kristoffersen (équipé par Van Deer) ou l'Autrichien Marco Schwarz (équipé par Atomic) ne sont pas parvenus à réaliser.

Il y a encore quelques mois pourtant, la progression de la marque lucernoise aux Etats-Unis avait de quoi réjouir ses dirigeants. «Nous avons doublé nos ventes de skis en quatre ans sur le marché américain», se félicitait le PDG Marc Gläser en décembre dernier, attribuant ce succès en grande partie aux exploits de Marco Odermatt.

La «Suissitude», nouvelle tare de Stöckli

Depuis, un autre athlète équipé par Stöckli s’est imposé parmi les grands, en la personne du Fribourgeois Alexis Monney, vainqueur à Bormio et double médaillé (argent et bronze) aux derniers Mondiaux. Le Grison Thomas Tumler, vice-champion du monde de slalom, a également aidé à braquer les projecteurs sur le célèbre fabriquant lucernois. 

Mais à l'avenir, ces succès pourraient être difficiles à valoriser outre-Atlantique. En cause: la taxe douanière particulièrement élevée de 39% imposée par le président américain sur les produits «Swiss made».

La concurrence mieux lottie

Si cette sanction est aussi douloureuse pour le fabriquant suisse, c'est notamment en raison du traitement moins radical résérvé à ses principaux concurrents. Des géants de la branche, comme Atomic, Head ou Rossignol peuvent en effet approvisionner le marché américain à des prix bien plus compétitifs.

«La plupart de nos rivaux produisent en Europe de l’Est, soit dans l'Union européenne, où s’appliquent des droits de douane de 15%. C’est, en plus de la chute du dollar, un handicap supplémentaire», explique Marc Gläser, directeur de Stöckli.

Malgré cette situation tendue, le patron de Stöckli peut se réjouir d’un point: «Pour la prochaine saison de ski, nous sommes bien préparés. Environ 85% de nos marchandises ont été expédiées aux Etats-Unis avant l’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane le 1er août dernier.»

Des hausses de prix inéluctables?

Pour les 15% restants, Marc Gläser et son équipe étudient différentes solutions, dont le recours à un entrepôt sous douane. Ce type de structure permet de stocker des marchandises importées sans avoir à s’acquitter immédiatement des droits et taxes. Les entreprises peuvent ainsi différer, voire éviter, le paiement de ces frais si les biens sont ensuite réexportés.

L'espoir de voir Donald Trump assouplir bientôt les taxes sur les produits suisses reste de mise. Mais si le président américain persiste, Stöckli devra trouver d’autres moyens de réduire l’impact sur ses clients et sur l’entreprise. «Si les droits de douane restent élevés au-delà de la saison prochaine, une augmentation significative de nos prix aux Etats-Unis sera inévitable», admet Marc Gläser.

Actuellement, près de 20% des ventes de Stöckli sont réalisées en Amérique, un marché clé pour le fabricant lucernois. Mais si les consommateurs américains peuvent acheter un ski Van Deer, Head ou Atomic à un prix nettement inférieur, les ambitions de croissance de la firme lucernoise pourraient bien se heurter à une réalité économique implacable.

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