C'est à la limite de la mission impossible. L'agent Patric Franzen en bave en tant que négociateur en chef avec l'Union européenne (UE). La résistance vient de tous les côtés: l'UDC met en garde contre le «traité de soumission», le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard parle de «projet de libéralisation», tandis que l'UE fait pression de son côté.
Dans quelques semaines, les négociations devraient prendre fin. Ce sera alors l'heure de rendre des comptes. Même si les opinions politiques divergent en Suisse, on entend, à gauche comme à droite, des louanges sur le négociateur en chef Patric Franzen. Il est considéré comme grand connaisseur du dossier, méticuleux et consciencieux. Lors des entretiens avec les parlementaires, il n'aurait pas éludé les questions critiques. «Il a aussi nommé honnêtement les échecs», dit-on.
Un diplomate calme et compétent, en somme. Pas un héros de l'action. «Confiance, calme et objectivité», c'est ainsi que le Département fédéral des affaires étrangères l'a qualifié, après une interview interne. Même les milieux de l'UDC sont positifs: c'est un «homme de pointe». Patric Franzen sait négocier, mais il n'a pu le faire que sur des questions techniques. «Les questions centrales qui déclenchent la résistance n'ont pas du tout été abordées», explique-t-il.
Dernière ligne droite
Patrick Franzen se montre discret sur sa vie privée. On sait qu'il a grandi dans le Haut-Valais et a déménagé à Soleure avec sa famille, à l'âge de huit ans. Aujourd'hui encore, il vibre lorsque le FC Sion joue, écrit le «Walliser Bote».
Il débute sa carrière à la Confédération en 1999, d'abord à la Direction du droit international public. Suivent des postes à Singapour et à Moscou. Il devient ambassadeur en Géorgie en 2018. Deux ans plus tard, l'ancienne négociatrice en chef, Livia Leu, le fait venir à Berne, à la division Europe. C'est là qu'il a commencé à clarifier les questions techniques du dossier européen. Aujourd'hui, il négocie sur la grande scène.
Pour l'instant, Patric Franzen ne veut pas parler lui-même de sa mission. Il se concentre sur le sprint final. Les négociations se trouvent «sur le dernier kilomètre», a déclaré mercredi son chef suprême, Ignazio Cassis.
Points de désaccord en suspens
On ne sait pas grand-chose de cette rencontre. Mais les points de désaccord en suspens sont néanmoins clairs: l'immigration. Patric Franzen et son équipe doivent faire des concessions. Après avoir d'abord opposé un refus catégorique à une clause de sauvegarde, l'UE semblerait prête à préciser une règle déjà existante, a rapporté la SRF.
A cela s'ajoute le litige sur les finances. Jusqu'à présent, la Confédération versait chaque année 130 millions de francs aux pays les plus pauvres de l'UE afin de promouvoir leur développement économique et social. Un chiffre qui pourrait augmenter à l'avenir.
Au total, le négociateur en chef a coordonné 170 cycles de négociations, mais il s'est également assis lui-même à la table. Selon les observateurs, il a été bien accueilli à Bruxelles. «Il est perçu comme quelqu'un qui veut vraiment faire avancer les choses». Il semble s'être débarassé de l'image du pays enquiquineur qui collait à la peau de la Suisse, après la fin des négociations il y a trois ans.
Le destin avec l'UE aux mains du peuple
La réussite de la mission de Patric Franzen n'est pas totalement entre ses mains. Parallèlement, des mesures sont examinées en Suisse afin de rendre le deal plus attrayant. Mais à la fin, c'est le peuple qui décidera du succès ou de l'échec de l'accord.
Le poste de négociateur de l'UE est considéré comme un travail à l'usure. Patric Franzen a eu six prédécesseurs au cours des dernières années. Ils sont aujourd'hui ambassadeurs à Berlin (Livia Leu) ou à Paris (Roberto Balzaretti).
Une fois la mission impossible de Franzen terminée, il est possible qu'il doive également aider à la mise en œuvre de l'accord. Au moins 150 actes juridiques devraient être modifiés. Peut-être une nouvelle mission pour Patric Franzen?
Collaboration: Soleen Paulic