Les politiques leur laissent le champ libre
Ces super-riches dominent le débat suisse sur l'Union européenne

Le dossier européen est un sujet brûlant sur lequel les politiciens de la Berne fédérale ne veulent actuellement pas se brûler les doigts. C'est pourquoi une poignée de milliardaires ont pu s'emparer du débat sans entrave.
Publié: 29.11.2024 à 18:48 heures
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Dernière mise à jour: 29.11.2024 à 18:58 heures
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Alfred Gantner (2,75 milliards de francs de fortune personelle) est engagé dans l'initiative Boussole.
Photo: keystone-sda.ch
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Lucien Fluri

Ils font partie des habitants les plus riches de ce pays, ont pour la plupart plus de 50 ans et partagent un hobby commun: avoir le dernier mot sur la manière dont la Suisse doit concevoir ses relations avec l'Union européenne (UE).

Le nombre de super-riches suisses qui luttent contre un rapprochement avec l'UE est exceptionnellement élevé. C'est ce que montre la nouvelle liste «Bilan» des 300 Suisses les plus riches. Ils sont une douzaine d'hommes et une femme.

Un groupe d'investisseurs zougois en première ligne

Les plus connus d'entre eux: Alfred Gantner, Urs Wietlisbach et Marcel Erni. Les trois fondateurs de la société d'investissement Partners Group sont à l'origine de l'initiative Boussole d'Europe. Celle-ci lutte à grand renfort médiatique contre l'accord-cadre et veut éviter que la reprise automatique du droit ne limite trop la souveraineté de la Suisse.

Les trois hommes disposent chacun d'une fortune de 2,75 milliards de francs et peuvent compter sur d'importants soutiens. Outre la légende du ski Bernhard Russi et le présentateur Kurt Aeschbacher, d'autres super-riches suisses font partie du comité d'initiative:

  • Jörg Wolle, le président du conseil d'administration du groupe logistique Kühne und Nagel (375 millions de francs de fortune).
  • L'investisseur Stéphane Bonvin, dont la fortune est estimée à 1,75 milliard de francs.
  • L'entrepreneur Daniel Aegerter, qui pèse 650 millions de francs.
  • La famille Sarasin, qui a longtemps figuré dans la liste du bilan avec une fortune d'environ 600 à 800 millions de francs. Aujourd'hui, elle n'y figure plus.

Autonomiesuisse est un autre mouvement qui se montre sceptique face aux nouveaux traités européens. A sa tête se trouvent également des entrepreneurs fortunés. Le comité compte par exemple l'entrepreneur argovien Hans-Peter Zehnder (fortune familiale: 125 millions de francs) ou Bernhard Alpstaeg, connu comme mécène du FC Lucerne et entrepreneur (fortune : 1,75 milliard de francs).

L'investisseur Giorgio Behr, qui pèse 425 millions de francs, et l'entrepreneur argovien Otto Suhner (fortune familiale: 325 millions de francs) font également partie du comité directeur. L'ex-conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) et patron de Stadler Rail Peter Spuhler (fortune personnelle: 3,75 milliards de francs) est également répertorié comme membre ordinaire sur le site Internet.

Les politiques se tiennent volontairement à l'écart

Ce sont ces hommes qui ont orienté le débat sur un nouvel accord-cadre au cours des derniers mois. Fait exceptionnel: ils ont pu se défouler assez librement sur le terrain politique. Les parlementaires fédéraux, à l'exception du patron des syndicats Pierre-Yves Maillard, leur ont laissé le champ libre de manière quasi volontaire. Le Parti libéral-radical (PLR) et le Centre, qui constituaient jusqu'à présent l'épine dorsale des bilatérales, se contentent pour l'instant d'observer.

Le président du PLR, Thierry Burkart, et le président du Centre, Gerhard Pfister, ne semblent ne pas vouloir s'engager pour le moment. En effet, le projet est controversé au sein de leurs partis. Tant que l'on ne dispose pas d'un résultat de négociation solide, il n'est pas conseillé, selon eux, de s'engager en faveur du projet.

Quant au ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, le principal acteur du débat de politique intérieure, a longtemps semblé faire profil bas. Depuis mars, l'homme du PLR ne s'est plus exprimé publiquement sur le dossier le plus marquant de tout son mandat. Depuis, il n'a donné que deux interviews à des chaînes de télévision locales. Il s'y est notamment exprimé sur le désherbage de son jardin.

Des milliardaires au Palais fédéral

Ces milliardaires eurosceptiques ont-ils donc totalement monopolisé le débat? Pas tout à fait. Le milliardaire et conseiller national PLR Simon Michel (fortune familiale: 5,5 milliards de francs) se bat actuellement avec véhémence pour une solution rapide concernant les Bilatérales II. Le CEO et copropriétaire du groupe de technologie médicale Ypsomed fait inlassablement campagne dans la Berne fédérale. Il insiste toujours sur le fait que de bonnes relations avec les principaux voisins sont essentielles pour l'économie suisse.

Sous la coupole, il croise le fer avec la milliardaire et conseillère nationale UDC Magdalena Martullo-Blocher (fortune familiale: 15,5 milliards de francs). Lorsqu'il s'agit du dossier de l'UE, d'autres représentants de l'UDC auraient déjà manqué à l'appel. Le dossier européen et la crainte de voir s'ébranler l'autonomie suisse est pourtant une thématique tenace au sein de l'UDC.

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