9 milliards de francs en 2024
Les médicaments coûtent toujours plus cher, que font nos élus?

En 2024, les Suisses ont dépensé 9,4 milliards de francs pour des médicaments remboursés par les caisses maladie. Le «Beobachter» a interpellé les partis politiques à ce sujet et certains d'entre eux veulent résoudre ce problème, tandis que d'autres non.
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Chaque année, les coûts des médicaments augmentent et entraînent des primes toujours plus élevées.
Photo: Getty Images
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Gian Signorell
Beobachter

Les coûts des médicaments dans l'assurance-maladie obligatoire (LAMal) continuent d'augmenter. En 2024, ils s'élevaient à 9,4 milliards de francs – soit une augmentation de 3,6%, c'est-à-dire 323 millions de francs par rapport à 2023, révèle le «Beobachter».

Un article du «Beobachter»

Cet article est tiré du «Beobachter». Le magazine sans œillères qui vous aide à économiser du temps, de l'argent et des nerfs.

Cet article est tiré du «Beobachter». Le magazine sans œillères qui vous aide à économiser du temps, de l'argent et des nerfs.

Les médicaments restent un facteur de coûts central et en constante augmentation pour la LAMal, selon le dernier rapport sur les médicaments d'Helsana. Cette hausse de prix est due, d'une part, à l'opacité des négociations de prix, et d'autre part, au recours fréquent aux préparations originales plutôt qu'aux médicaments génériques moins chers. Le «Beobachter» a demandé aux partis politiques ce qu'ils comptaient faire pour remédier à ce problème.

Problème 1: les prix vitrines

Le problème: De nos jours, le prix d'un nouveau médicament est négocié entre l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) et les fabricants de produits pharmaceutiques. Deux critères sont pris en compte pour fixer le prix. D'abord, les prix payés à l'étranger pour le médicament. Ensuite, les prix des médicaments déjà autorisés en Suisse et utilisés contre la même maladie. En d'autres termes, l'OFSP et les fabricants font d'abord une comparaison des prix à l'étranger et ensuite une comparaison thérapeutique transversale.

Mais les négociations se basent moins sur les prix effectivement payés. A la place, elles se servent des prix dits «vitrine», c'est-à-dire le prix d'un médicament artificiellement surévalué, publié publiquement. Selon Helsana, cet écart permettrait de réaliser un potentiel d'économie considérable. Par conséquent, la caisse-maladie demande que les prix réels servent de base aux négociations à l'avenir.

Question aux partis: Soutenez-vous la demande d'Helsana

Réponses des partis:

  • Le PS, les Vert'libéraux et les Vert-e-s soutiennent cette revendication. Les Vert-e-s estiment que les prix vitrines servent à maximiser les bénéfices à l'étranger. Les Vert'libéraux soulignent qu'il serait nécessaire d'adopter une procédure coordonnée au niveau international pour ne pas mettre en danger la sécurité de l'approvisionnement.
  • Le PLR écrit qu'il mise sur des procédures de fixation des prix mettant l'accent sur les avantages pour le patient. Il souhaite se pencher sur la proposition d'Helsana si celle-ci devait être soumise au Parlement.
  • Le Centre préconise des exceptions ciblées au principe de transparence s'il est prouvé qu'elles permettent de fixer des prix de médicaments plus avantageux en Suisse.
  • L'UDC ne s'est pas prononcée sur cette question.

Problème 2: promotion des génériques et des biosimilaires

Le problème : Selon l'OFSP, l'utilisation de produits d'imitation bon marché tels que les médicaments génériques et les soi-disant biosimilaires pourrait permettre d'économiser 250 millions de francs par an. Mais en réalité, selon les calculs d'Helsana, seuls 76 millions ont été réalisés en 2024.

Question aux partis: Comment comptez-vous exploiter le potentiel d'économies à l'avenir?

Réponses des partis:

  • Le Centre écrit qu'il soutient l'augmentation de la quote-part pour les préparations originales à 40% afin d'encourager la vente de médicaments génériques.
  • Le PS demande l'obligation d'utiliser des médicaments génériques et des biosimilaires pour les préparations originales non brevetées.
  • L'UDC souligne qu'elle s'engage depuis des années pour l'utilisation de ces produits.
  • Le PLR veut introduire un modèle d'assurance selon lequel les assurés paieraient des primes moins élevées en choisissant des médicaments génériques. Toutefois, la proposition a échoué au Parlement, jusqu'à présent.
  • Les Vert-e-s écrivent qu'ils soutiennent toutes les mesures visant à réduire les coûts des médicaments, tant qu'elles ne se font pas au détriment des patients.

Problème 3: un médicament bon marché n'est pas autorisé

Le problème : En 2024, le médicament Eylea a généré le deuxième coût le plus élevé parmi les médicaments, soit 162 millions de francs. Il est utilisé pour traiter la dégénérescence maculaire humide (DMLA). Le médicament anticancéreux Avastin est tout aussi efficace contre la DMLA, pour un coût six fois moins élevé. C'est scientifiquement prouvé.

Pourtant, le fabricant Roche ne demande pas d'autorisation pour cette indication. Par le biais de sa filiale Genentech, Roche commercialise le Lucentis, un médicament contre la DMLA plus cher, dont les ventes seraient menacées par l'Avastin. Pour résoudre ce problème, la Confédération pourrait procéder elle-même à l'approbation du médicament Avastin pour traiter la DMLA.

Question aux partis: Soutenez-vous la modification de la loi nécessaire à cet effet?

Réponses des partis:

  • Le Centre s'oppose à cette demande pour des raisons juridiques. Une autorisation attribuée par l'Etat signifierait que la Confédération devrait assumer l'entière responsabilité de l'efficacité et de la sécurité, même contre la volonté du fabricant.
  • L'UDC estime que la Confédération n'est pas en mesure de mettre un médicament sur le marché. De plus, le brevet de l'Avastin a expiré; si le marché était attractif, un fabricant privé aurait depuis longtemps développé un produit correspondant.
  • La PLR fait remarquer qu'une utilisation off-label – c'est-à-dire en dehors des indications autorisées – est déjà possible. Il veut laisser la décision aux médecins et aux assurances maladies.
  • Le PS soutient les possibilités d'intervention des pouvoirs publics lorsque des alternatives efficaces et bon marché sont bloquées pour des raisons commerciales, tout en garantissant la sécurité des patients et une autorisation indépendante.
  • Les Vert-e-s écrivent qu'ils chercheront des solutions en collaboration avec l'administration. Ils estiment qu'il est inacceptable que l'industrie pharmaceutique n'autorise pas la mise sur le marché de médicaments en Suisse afin de garantir ses bénéfices élevés.
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