La rue de Genève désespère
La rencontre tant attendue capote à cause d'un collectif «anti-police»

La rencontre entre les habitants de la rue de Genève, à Lausanne, et le Municipal de la Sécurité est annulée. En cause: des collectifs opposés à la police pourraient perturber la séance. Un revers incompréhensible pour les riverains.
Publié: 24.06.2025 à 19:41 heures
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Dernière mise à jour: 24.06.2025 à 19:46 heures
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L'immeuble du 85 rue de Genève cristallise les tensions de tout un quartier.
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

«Certains ont cru à une blague de la Municipalité, tant c’est absurde.» A la rue de Genève, les habitants sont consternés. A la veille de leur rencontre tant attendue avec le Municipal lausannois de la sécurité, Pierre-Antoine Hildbrand, ils apprennent que l’événement est annulé.

La raison? «Des collectifs opposés à la police ont annoncé vouloir empêcher la réunion prévue demain, le 25 juin, à l'Arsenic», annonce l'Observatoire lausannois de la sécurité dans un mail que Blick a pu consulter. Son destinataire, Thomas, responsable du Collectif d'habitants du quartier, ne sait plus quoi en penser. Il a bataillé pendant des mois pour pouvoir rencontrer l'élu libéral-radical (PLR). Collé plusieurs centaines d'affiches pour mobiliser ses voisins, importunés depuis des années par l'immeuble du 85, base arrière du deal dans le canton de Vaud.

Il doit désormais contacter tout le monde pour prévenir que la réunion n'aura pas lieu. «C'est très regrettable. Nous avions beaucoup investi de temps pour que cette rencontre ait lieu», déplore-t-il. Ce revers lui tombe dessus comme un acharnement du destin.

Une «prise d'otage» des collectifs

Thomas ne comprend pas très bien la démarche du fameux «collectif opposé à la police». Lui et bon nombre de ses voisins dénoncent la misère au 85, où les habitants seraient «entassés les uns sur les autres, dans des conditions on ne peut plus déplorables», décrit un riverain.

«
J'aimerais pouvoir parler avec ces collectifs, parce que je ne comprends pas cette prise d'otage
Thomas, responsable du Collectif d'habitants du quartier
»

Pour les voisins du 85, le problème ne découle donc pas des dealers qui logeraient dans l'immeuble, et encore moins des personnes qui y résident et ne prennent pas part au trafic. Ils dénoncent plutôt le propriétaire, qui n'agirait pas pour régler la situation, et la Municipalité, qui ne prendrait pas le problème au sérieux. «J'aimerais pouvoir parler avec ces collectifs, parce que je ne comprends pas cette prise d'otage, regrette Thomas. C’est comme si vous alliez payer vos impôts, qu’une manif anti-fiscalité vous bloquait l’accès… et qu’on vous collait une amende pour ne pas avoir payé.»

La réunion n'est pas totalement annulée, mais a drastiquement maigri. Seul Thomas, au nom du Collectif d'habitant, rencontrera Pierre-Antoine Hildbrand le 25 juin. «Je regrette qu'un quarteron de collectifs motivés par d'autres causes viennent perturber la rencontre, légitime, entre les habitants et moi», déplore le Municipal lausannois de la Sécurité.

Pourquoi ne pas avoir relocalisé la séance dans une salle plus grande, appartenant à la commune? Pour des questions de sécurité. «La police à d'autres tâches à accomplir que de déployer un service d'ordre pour contrôler des personnes qui n'ont pas d'autres objectifs que de parasiter une rencontre avec les riverains. Nous organiserons un nouvel événement pour dialoguer plus largement avec les habitants du quartier à la rentrée», assure l'élu libéral-radical.

Emoi politique

La nouvelle de l'annulation de cette réunion a secoué le paysage politique lausannois. Mardi 24 juin, le conseiller communal PLR Olivier Bloch a interpellé la Municipalité. Il la questionne notamment sur les mesures qu'elle entend prendre pour garantir, à l'avenir, que les habitants «puissent rencontrer leurs autorités librement, dans des conditions sereines et inclusives, sans que des pressions extérieures, d’où qu’elles viennent, ne puissent faire obstacle à ces dialogues démocratiques.» Sa collègue de l'Union démocratique du centre (UDC) Patrizia Mori a également déposé une interpellation urgente mardi soir.

Mais qui sont ces, ou ce, collectifs «opposés à la police» qui souhaitent empêcher la rencontre entre le chef de la Sécurité et les habitants? Plusieurs personnes évoquent 43m2, un groupe qui milite depuis longtemps contre les expulsions qui ont lieu à la rue de Genève 85, et qu'il qualifie d'extrajudiciaires. Il demande à la Municipalité de mettre un terme à ces évacuations. Mais nous n'en saurons pas plus. Contactée, une personne du collectif affirme qu'elle n'a «rien à nous dire», précisant qu'elle estime l'enquête auprès des habitants «partiale» et «catastrophique».

Les habitants du quartier aimeraient aussi contacter ce groupe. Pour comprendre ce qui les anime, et nouer un dialogue. «Ce n’est pas à nous de payer le prix d’un conflit qui ne nous concerne pas, affirme Thomas. Ça aurait été, au contraire, l'occasion de débattre entre tous les partis, le collectif d'habitants et le collectif opposé à la police, et trouver ensemble des réponses aux enjeux qui gangrènent le quartier.»

Stupeur et incompréhension des habitants du quartier

Réunis en Collectif, les voisins du 85 regrette «profondément» l'annulation de la rencontre avec la Municipalité. Elle était «attendue depuis longtemps, construite dans un esprit de dialogue et de recherche de solutions concrètes», s'attristent-ils.

«Nous comprenons que des raisons de sécurité aient poussé la Ville et l’Arsenic à reporter l’événement, mais nous déplorons que des collectifs extérieurs à notre démarche viennent interférer dans une dynamique citoyenne locale. Nous en payons le prix, alors que nous militons depuis des mois pour faire avancer le dossier dans un climat de respect mutuel», ajoutes les riverains.

Ils l'assurent: leur volonté est inchangée. Ils souhaitent «obtenir des réponses, des mesures concrètes, et une amélioration réelle pour l’ensemble des habitants, y compris celles et ceux qui résident à la rue de Genève 85. Car nous le rappelons: les conditions de vie indignes touchent tout le quartier et les personnes vivant dans cet immeuble sont, elles aussi, victimes d’une situation de mal-logement qui perdure depuis trop longtemps, au bénéfice d’un propriétaire que nous considérons comme largement responsable.» Le Collectif «reste mobilisé et disponible pour tout dialogue constructif, dans l’intérêt de toutes les personnes concernées».

Réunis en Collectif, les voisins du 85 regrette «profondément» l'annulation de la rencontre avec la Municipalité. Elle était «attendue depuis longtemps, construite dans un esprit de dialogue et de recherche de solutions concrètes», s'attristent-ils.

«Nous comprenons que des raisons de sécurité aient poussé la Ville et l’Arsenic à reporter l’événement, mais nous déplorons que des collectifs extérieurs à notre démarche viennent interférer dans une dynamique citoyenne locale. Nous en payons le prix, alors que nous militons depuis des mois pour faire avancer le dossier dans un climat de respect mutuel», ajoutes les riverains.

Ils l'assurent: leur volonté est inchangée. Ils souhaitent «obtenir des réponses, des mesures concrètes, et une amélioration réelle pour l’ensemble des habitants, y compris celles et ceux qui résident à la rue de Genève 85. Car nous le rappelons: les conditions de vie indignes touchent tout le quartier et les personnes vivant dans cet immeuble sont, elles aussi, victimes d’une situation de mal-logement qui perdure depuis trop longtemps, au bénéfice d’un propriétaire que nous considérons comme largement responsable.» Le Collectif «reste mobilisé et disponible pour tout dialogue constructif, dans l’intérêt de toutes les personnes concernées».

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