Procès pour féminicide à Lausanne
L'accusé reconnait avoir agi «comme un monstre» et n'avoir «aucune excuse»

Un homme de 25 ans est jugé à Lausanne pour l'assassinat de son ex-compagne en mai 2023. La victime, âgée de 23 ans, a été poignardée dans sa voiture après des mois de harcèlement et de contrôle financier.
Publié: 17:23 heures
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L'accusé doit répondre d'assassinat pour avoir poignardé à mort son ex-campagne de 23 ans en 2023.
Photo: keystone-sda.ch
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ATS Agence télégraphique suisse

Le Tribunal criminel de Lausanne s'est penché mardi sur une nouvelle affaire de féminicide. Un homme de 25 ans doit répondre d'assassinat pour avoir poignardé à mort son ex-compagne, qui venait de le quitter et à qui il devait de l'argent. La victime, âgée de 23 ans, a été tuée en mai 2023 à Lausanne, d'un coup de couteau de cuisine dans la gorge alors qu'elle se trouvait dans sa voiture.

Cela faisait plusieurs mois qu'elle était surveillée, harcelée et privée de ses amis par cet homme, avec qui elle était en couple depuis 2019. Elle lui réclamait aussi le remboursement de 37'000 francs, de l'argent hérité à la mort de son père et qu'elle lui avait prêté, sans jamais obtenir de remboursement.

«Sous l'emprise» de cet homme

Selon les témoignages récoltés durant l'instruction, y compris parmi ses proches, le prévenu a été décrit comme «bagarreur», «violent», «manipulateur», «mythomane», «possessif», «glandeur», «flambeur» ou encore «profiteur», a listé la présidente de la Cour, en ouverture d'audience.

Le profil de ce Serbe, arrivé en Suisse en 2010, a été corroboré par une précédente compagne, appelée mardi à témoigner. Cette femme, avec qui l'accusé a eu un fils, a raconté avoir été «sous l'emprise» de cet homme, lequel profitait de son argent, la coupait de ses amis, la frappait et la forçait à avoir des rapports sexuels.

«Aucune excuse»

L'accusé a reconnu avoir agi «comme un monstre» et n'avoir «aucune excuse», affirmant aussi qu'il accepterait «la prison à vie» sans faire recours. Il n'est toutefois pas parvenu à expliquer son crime, ni son comportement nocif durant toutes ces années. «Je n'étais pas moi-même. J'étais fou, immature, débile», a-t-il répété tout au long de son interrogatoire. Selon lui, c'est la prison qui lui a permis «d'apprendre» et de «trouver des repères.»

Violences contre les femmes: besoin d'aide?

Vous, ou l'une de vos proches, êtes victime de violences de la part d'un partenaire ou d'un proche? Voici les ressources auxquelles vous pouvez faire appel.

En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

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En cas de situation urgente ou dangereuse, ne jamais hésiter à contacter la police au 117 et/ou l'ambulance au 144.

Pour l'aide au victimes, plusieurs structures sont à votre disposition en Suisse romande, et au niveau national.

Pour le Ministère public, le prévenu a tué la jeune femme lorsqu'il a compris qu'elle ne se remettrait pas en couple avec lui et qu'il allait perdre tous les avantages financiers de sa relation, a affirmé la procureure Marjorie Moret dans son acte d'accusation.

Celui-ci détaille aussi le déroulement de la journée du crime. Et notamment les recherches effectuées sur internet pour savoir «comment tuer rapidement avec un couteau». Le prévenu avait ensuite attiré sa victime, lui faisant croire qu'il allait récupérer de l'argent pour la rembourser. Une victime qu'il avait qualifiée, quelque temps auparavant, de «banque suisse» auprès d'un ami. Après avoir donné le coup de couteau fatal, il avait appelé la police et déclaré avoir «planté sa copine». La jeune femme était décédée quatre jours plus tard au CHUV.

Vies ruinées

La mère de la victime a témoigné mardi, racontant comment sa vie et celle de son fils s'étaient «arrêtées» depuis le drame. «Nous avons pris perpétuité», a-t-elle dit. Elle a aussi décrit sa «lutte de tous les jours» pour s'en sortir et son «besoin d'avoir des réponses» à l'issue du procès. Celui-ci se poursuit mercredi avec les plaidoiries.

Une cinquantaine de personnes étaient présentes mardi dans le public pour soutenir les proches de la victime. Un rassemblement a aussi été organisé devant le tribunal de Renens, initié par la Grève féministe Vaud et le groupe lausannois d'Offensive contre les féminicides.

Dans un communiqué, les deux organisations ont dénoncé «un système défaillant» et «un manque criant de moyens et de prévention» pour lutter contre les violences faites aux femmes. Selon leur décompte, 27 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis le début de l'année en Suisse.

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