Près d'une semaine après le crash d'un hélicoptère sur le glacier d’Oberaletsch, l'émotion est toujours vive en Valais. Et pour cause. Samedi 28 juin, un homme de 51 ans a perdu la vie lors d'un vol opéré par Air Glaciers.
L'identité de la victime est désormais connue. Fabrice Gex était un berger originaire du village de Vérossaz. Sa famille a accepté que Blick dévoile le nom et publie plusieurs photos du défunt. Très apprécié dans la région d'Aletsch, Fabrice Gex était connu bien au-delà de son village natal.
Ses amis ont rédigé un avis de décès qu'ils ont fait paraître dans la presse locale: «Un homme formidable et un ami nous a quittés. Avec passion et dévouement, il prenait soin des gens et des animaux. Nous, et les moutons, te regrettons déjà.»
«Nous sommes profondément touchés»
La bourgeoisie de Naters, où s'est produit le drame, a elle aussi salué la mémoire du berger au sein d'une nécrologie. «Nous serons à jamais reconnaissants envers le défunt, qui s’est engagé avec dévouement pour le bien de la bourgeoisie», peut-on lire.
Contacté par Blick, le président de la bourgeoisie de Naters, Michael Ruppen, se dit profondément attristé: «Pour Naters, la perte tragique de Fabrice est extrêmement regrettable et elle nous touche beaucoup.» Selon lui, Fabrice Gex faisait l'unanimité. «C’était un berger d’alpage attentif et très consciencieux. Il connaissait parfaitement l’immense région d'Aletsch et ses enjeux. Grâce à son esprit d’équipe, il était également très estimé des propriétaires, des cultivateurs de bétail et de l'ensemble de la bourgeoisie.»
Chez Air-Glaciers aussi, la tristesse demeure intacte. «Nous sommes profondément affectés par ce tragique événement et nous adressons nos pensées sincères à la famille et aux proches de la personne décédée», écrit la compagnie à Blick.
Figure connue dans la région
Le berger était une figure connue dans la région. En janvier 2024, il était même apparu dans un long reportage du célèbre «New York Times». L’article portait sur la fonte des glaciers et montrait comment les habitants, à l'instar de Fabrice Gex, faisaient pour s'adapter au changement climatique, tout en préservant leurs traditions.
La journaliste et le photographe du célèbre quotidien américain avaient rencontré Fabrice Gex en fin d'estive – période durant laquelle les troupeaux paissent sur les pâturages de montagne – au terme d’une randonnée de dix jours dans les Alpes suisses. Le berger leur avait présenté son imposant troupeau de 700 moutons. Durant les trois derniers mois, ces derniers n'avaient eu qu'un contact humain: celui de Fabrice.
Le Valaisan avait alors confié qu’il perdait environ 15 kilos chaque été, tant il était pris par la garde et les soins du troupeau. «Je leur apporte du sel, des biscuits et de l’amour», avait-il déclaré. Les animaux avaient une place toute particulière dans sa vie.
«Tout va bien ici là-haut»
Beaucoup des moutons dont il s’occupait appartenaient à des agriculteurs très pris par leur activité principale. En tant que berger, Fabrice Gex avait la responsabilité de leurs bêtes durant l’estive. Durant la désalpe, il était aidé par des «Sanner», comme on les appelle localement. A leur sujet, le «New York Times» écrivait: «Le travail est rude et peu rémunéré, mais localement, c’est un honneur de participer à une tradition dont la première trace écrite remonte à 1830, et que beaucoup estiment bien plus ancienne.»
Mais la rémunération comptait peu pour Fabrice Gex. Il y a cinq ans, il expliquait dans un entretien accordé à «l’Aargauer Zeitung»: «J’aime être seul avec les moutons, dans une nature sauvage. Mon plus grand salaire, c’est le lien avec les animaux.»
Son objectif ultime: ramener les moutons en bonne santé à leurs propriétaires. Cette année, il n’est jamais revenu de l'alpage. Dans l’avis de décès publié par sa famille, on retrouve les mêmes mots réconfortants qu’il avait adressés il y a quelques jours encore à ses proches: «Alles güet, hie obina !» («Tout va bien, ici en haut!»)