Des militants de Greenpeace ont aspergé d'une substance noire l'accès routier au Palais des Nations à Genève. L'ONG veut que les entreprises pétrolières, qu'elle accuse de vouloir faire dérailler les négociations sur le plastique, soient bannies dans les discussions.
Une quinzaine de militants d'une dizaine de pays, dont la Suisse, ont participé jeudi matin à cette opération non autorisée devant le siège onusien. Certains ont déversé de l'eau accompagnée d'oxyde de fer et d'autres matériaux, symbolisant une traînée de pétrole.
«Attention, c'est glissant. Mais c'est comestible, ce n'est pas toxique», disait l'un d'entre eux aux passants qui évitaient la substance noire. Des panneaux avaient été prévus également pour alerter les badauds. Sept activistes sont eux montés sur le toit du bâtiment de contrôle de sécurité. «Les grands pétroliers polluent à l'intérieur» et «le traité sur le plastique n'est pas à vendre», affichaient les banderoles qu'ils ont déployées.
Le périmètre a été bouclé par la police, contraignant les personnes arrivant en voiture ou à vélo à se replier sur un autre accès. Les militants ont ensuite eu droit aux contrôles d'identité d'usage.
Greenpeace accuse les entreprises pétrolières d'empêcher les plus de 170 Etats qui négocient depuis mardi à Genève de prévoir une réduction de la production de plastique dans un traité. Les lobbys du pétrole et du gaz sont toujours plus présents à chaque session des discussions, affirme une responsable de Greenpeace Suisse, Joëlle Hérin.
Des centaines de délégués
«Nous appelons l'ONU à les exclure», dit-elle. Elle déplore que la société civile doive, elle, se battre de en plus en plus pour assister aux discussions. Selon une ONG, environ 230 délégués des entreprises pétrolières et gazières étaient présents lors de la précédente série de négociations en Corée du Sud il y a quelques mois, en augmentation de 12%. Ils sont près de 240 pour cette réunion à Genève, a-t-elle dévoilé jeudi.
Plusieurs organisations ont remis une lettre à la directrice exécutive du Programmes des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) Inger Andersen. Les entreprises polluantes responsables du problème «ne doivent pas être autorisées à empêcher le monde de le résoudre», a aussi affirmé Joëlle Hérin.
Selon une source diplomatique d'un des Etats pour un accord ambitieux, les pays pétroliers ont refusé toute avancée depuis mardi sur la question d'une réduction de la pollution plastique, ne souhaitant pas voir celle-ci dans un arrangement. Ils remettent également en cause le scénario d'une liste de substances à interdire.