Dans le secteur des arrivées à l'aéroport de Genève, ils étaient près de 300 pour accueillir et féliciter les neuf derniers Suisses de la Flottille pour Gaza – un dixième, binational turc, a atterri mardi en Turquie. Dans l'attente de l'avion Amman-Genève, les chants «Nous sommes tous les enfants de Gaza» et autres «Ignazio Cassis, démission» ont résonné dans le terminal. Les portes jaunes ont fini par s'ouvrir à 15h.
L'air fatigué, les militants sont apparus sous les acclamations, l'ex-maire de Genève Rémy Pagani (Union populaire) en tête – et en costard. D'autres portaient des t-shirts blancs délavés. Selon leurs dires, leurs «habits de détention fournis par Israël dans la prison du Néguev».
La présence d'une dizaine de journalistes et d'autant d'agents de sécurité de l'aéroport n'a pas empêché les retrouvailles. Armés de pancartes, parents, conjoints, amis ou camarades de convictions ont salué «le courage de la flottille».
Rémy Pagani prend la parole
En présence de l'actuel maire de Genève Alfonso Gomez (Les Vert-e-s), Rémy Pagani a demandé un micro pour prendre la parole, en habitué de l'exercice qu'il est du haut de ses 71 ans. Ses premiers mots sur sol genevois, après six jours de détention en Israël? «Merci de cet accueil. Sans vous, on serait encore dedans, traités comme des animaux et humiliés. Ils cherchaient à nous enlever notre dignité.»
Une accusation que le politicien, tête de file de l'Union populaire, a notamment justifié par le refus de donner des médicaments contre le diabète à l'un de ses codétenus. «On lui a dit: 'pas de médicaments pour les animaux'», assène l'ancien élu de gauche radicale, sous les huées de son auditoire. Le septuagénaire, selon son avocat, a lui-même dû composer sans ses médicaments.
«Nous étions quatorze, entassés dans 23 m2», a-t-il continué. Les prises de paroles se sont enchaînées pendant une dizaine de minutes. Tous ont rappelé que la souffrance du peuple palestinien n'est pas comparable avec le vécu des militants de la flottille.
Des parents soulagés
Venus de la Vallée de Joux, le couple Chevalley attendait pied ferme son fils Jérémy. «Il m'a dit que ça allait, j'ai entendu dans le son de sa voix que c'était vrai», s'émeut sa maman. Une fois les portes passées, les embrassades n'ont pas cessé pour le jeune homme.
Durant son incarcération par Israël, le Vaudois a effectué une grève de la faim «pour mettre pression sur Israël et activer notre libération». Sa grève s'est terminée une fois en Jordanie, où il a pu joindre ses proches. «Le peuple jordanien, que je remercie profondément, nous a super bien accueillis, en nous offrant des habits et en nous faisant visiter la ville, décrit le trentenaire. Ça m’a fait vraiment beaucoup de bien de recommencer à manger leur excellente nourriture.»
Il est pourtant de ceux qui portent un simple t-shirt blanc. «On a décidé de venir ici en portant ces habits-là, pour montrer comment on est sortis, justifie-t-il. Sans le peuple jordanien, ce seraient nos habits à tous. Parce que le DFAE n’a rien fait pour nous et parce que l’armée israélienne nous a tout volé, jusqu’à nos dernières paires de chaussettes. Beaucoup se sont fait voler leurs bijoux.»