Flotille pour Gaza
Hicham El Ghaoui: «Les militants passeront le week-end en prison»

Dix-neuf Suisses, dont l’ex-maire de Genève Rémy Pagani, ont été arrêtés lors de l’interception de la Global Sumud Flotilla par l’armée israélienne. Selon le porte-parole du mouvement, ils resteront en prison jusqu'à lundi 6 octobre. Interview d'Hicham El Ghaoui.
Publié: 11:19 heures
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Dernière mise à jour: 11:30 heures
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Arrêtés le jeudi 2 octobre par les forces armées israéliennes, la majorité des militants de la flotille passera le week-end dans la prison de Ktzi'ot, dans le désert du Néguev.
Photo: Instagram/ Waves of freedom Switzerland
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

Plus de 400 militants à bord de 41 navires de la flottille humanitaire ont été arrêtés par les forces israéliennes lors d’une opération d’environ douze heures dans les zones internationales, jeudi 2 octobre. Plusieurs Romands, dont l'ex-maire de Genève Rémy Pagani ou encore le gréviste de la faim neuchâtelois Samuel Crettenand, ont publié des vidéos dans lesquelles ils disent avoir été kidnappés illégalement par Israël, car en eaux internationales. Hier après-midi, ils ont été transportés à Ashdod, premier port d’Israël où ils ont été interrogés par la police israélienne. Ils ont été transférés en prison depuis. Blick fait le point avec Hicham El Ghaoui, médecin à Verbier et coordinateur romand de la Global Sumud Flotilla (GSF).

Hicham El Ghaoui, Avez-vous eu des nouvelles des participants de la GSF depuis leur arrestation par les forces armées israéliennes?
Une délégation d’avocats du centre juridique indépendant Adalah – basé à Haïfa et spécialisé dans la défense des droits de la minorité arabe – est arrivée hier à 16h30 au port d’Ashdod. Mais ils n’ont pas pu s’entretenir avec les participants, déjà interrogés avant leur arrivée, ce qui est illégal. La police israélienne leur a demandé de signer un document dans lequel ils reconnaissaient avoir violé la souveraineté israélienne et acceptaient d’être expulsés du territoire. C’est un non-sens absolu, et une violation du droit international: les militants ont été attaqués dans les eaux internationales.

Ont-ils signé?
Seule une personne par bateau l’a fait. C’est une stratégie que nous avons mise en place: permettre qu’un délégué soit expulsé rapidement pour témoigner du vécu de l’équipage et des conditions de l’arrestation et de la détention. Les images des arrestations sont affolantes: les militants ont été tenus en joue et menacés, alors qu’ils étaient en mission humanitaire, dans une démarche totalement pacifique.

Et les autres?
Ceux qui ont refusé ont été transférés à la prison de Ktzi'ot, dans le désert du Néguev. Ils y passeront vraisemblablement le week-end. Nos avocats sont sur place depuis ce matin, 7h30. Le moral des militants est bon: ils s’étaient préparés à cette éventualité. Ils sont déterminés.

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Nous savions que nous n’irions pas jusqu’au bout. Mais le plus important, c’est d’avoir remis le projecteur sur le génocide en cours
Hicham El Ghaoui, médecin à Verbier et coordinateur romand de la Global Sumud Flotilla (GSF)
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Cette mission humanitaire, un échec ou un succès?
Tous les bateaux ont été interceptés, sauf le «Marinette», qui a réussi à couper ses communications et à se faufiler jusque dans les eaux territoriales palestiniennes. Mais il sera probablement intercepté aussi. Symboliquement, c’est très fort. Nous savions que nous n’irions pas jusqu’au bout – c’est la 37ᵉ flottille qui tente de briser le blocus israélien. Mais le plus important, c’est d’avoir mobilisé l’opinion publique mondiale, d’avoir remis le projecteur sur le génocide en cours. On ne lâchera rien. Hier encore, des manifestations de soutien ont eu lieu partout, même à Genève où les manifestants ont été attaqués par les forces de l’ordre. On marche sur la tête.

Êtes-vous déçu de la réponse du Conseil fédéral?
Immensément. Le communiqué du Département des affaires étrangères est d’une légèreté affligeante. Il ne condamne pas l’opération menée par Israël contre des militants pacifistes. Cela revient à dire : «Ok, vous pouvez les arrêter, mais faites-le gentiment…»

Quelle est la suite ? Une nouvelle flottille?
Évidemment. Nous allons continuer à lutter. Lors du recrutement pour cette opération, plus de 100’000 personnes étaient prêtes à embarquer. La motivation ne manque pas, c’est une question de moyens financiers pour organiser une flottille encore plus imposante.

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