La décision d’interdire temporairement l’accès à la piscine de Porrentruy (JU) aux visiteurs étrangers, notamment français, a suscité un écho bien au-delà des frontières suisses. Présentée par la commune jurassienne comme un moyen de lutter contre les incivilités, cette mesure a même attiré l’attention des médias internationaux, parmi lesquels le journal allemand «Bild».
Un simple post sur Facebook a provoqué une avalanche de réactions: en quelques heures, plus de 12'000 commentaires ont été publiés, dont une écrasante majorité saluant l’initiative suisse. Selon de nombreux utilisateurs, «les Suisses ont une fois de plus des années-lumière d’avance sur nous autres Allemands».
Le parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD) ne s’est pas fait prier pour relayer l’information. Plusieurs figures politiques se sont montrées enthousiastes, notamment la députée bavaroise Carina Schiessl. Dans les colonnes de Blick, elle se dit inspirée par la décision jurassienne et souhaite appliquer des mesures similaires en Allemagne.
La Suisse comme exemple
Sur le réseau X, Carina Schiessl écrit que «la Suisse protège ses citoyens en excluant les étrangers des piscines en cas de comportement inapproprié». Pour elle, il est urgent que l’Allemagne adopte une approche comparable afin de garantir sécurité et ordre public. «Je demande l’interdiction des hommes étrangers dans les piscines allemandes, comme la Suisse l’a fait», insiste-t-elle.
La députée a également publié sur Telegram un photomontage orné du slogan «Zone sans talahon». Ce terme, popularisé en Allemagne, est un dérivé de l’arabe qui signifie «viens ici». Il est utilisé de manière péjorative pour désigner des jeunes hommes issus de l’immigration arabe et perçus comme ayant des comportements problématiques ou des caractéristiques stéréotypées.
Eviter les «hotspots criminels»
Interrogée par Blick sur ses intentions concrètes, Carina Schiessl précise qu’elle ne prévoit pas pour l’instant d’action formelle au Bundestag. Son objectif est avant tout d’ouvrir le débat. «Ce post doit susciter une réflexion, afin que l'on se penche enfin sur la question urgente de savoir à quoi doit ressembler notre espace public. L’approche suisse est une vraie source d’inspiration.»
Concrètement, elle invite les responsables des piscines à utiliser leur droit d'admission pour éviter que ces lieux ne deviennent des «hotspots criminels». Selon elle, il est essentiel de garantir un environnement dans lequel «femmes et enfants puissent à nouveau se sentir en sécurité».
Tensions grandissantes
En Allemagne, les tensions autour des piscines publiques ne sont pas nouvelles. Début juillet, à Gelnhausen (Hesse), quatre ressortissants syriens ont été accusés d’agressions sexuelles sur au moins huit jeunes filles âgées de 11 à 17 ans, dans la piscine en plein air Barbarossa.
L'année dernière, l’Office fédéral de la police criminelle a recensé 423 infractions à l’autodétermination sexuelle dans les piscines. Les statistiques révèlent que les auteurs sont presque exclusivement des hommes, dont les deux tiers ne possèdent pas la nationalité allemande. Ils proviennent majoritairement d’Afghanistan, de Syrie ou de Turquie.
Premières mesures en Allemagne
Plusieurs piscines allemandes ont réagi, sans toutefois aller jusqu’à des exclusions comme à Porrentruy. Certaines ont renforcé les contrôles à l’entrée ou fait appel à des services de sécurité privés. Dans le Bade-Wurtemberg, plusieurs établissements ont introduit des règles vestimentaires strictes. Les shorts de bain amples et les burkinis y sont désormais interdits, officiellement pour des raisons d’hygiène.
Mais cette justification est loin de convaincre tout le monde. A Müllheim, la conseillère municipale verte Dora Pfeifer-Suger y voit une forme déguisée d’exclusion systématique et de discrimination, comme elle l’a déclaré au «Schwäbische Zeitung».
Carina Schiessl, de son côté, ne cache pas sa critique du «monde islamique, où la valeur de la femme n’est pas la même que dans les sociétés occidentales». Elle conclut: «Que cette idéologie se manifeste par des actes ne devrait surprendre personne. C’est cette réalité que je veux combattre.»