La vidéo est à peine supportable – Blick a d'ailleurs décidé de ne pas montrer l'enregistrement: on y voit un chat noir torturé à mort par deux adolescents. L'animal reçoit d'abord un coup de pied, avant d'être jeté au sol. À la fin, l'un des adolecents brandit le cadavre de l'animal face caméra, avant de l'envoyer dans les fourrés avoisinants. Sur l'ensemble de la vidéo, les jeunes tortionnaires s'expriment en serbe et en suisse allemand.
Peu de temps après sa publication, la vidéo a fait un tollé sur les réseaux sociaux. Peu à peu, la colère des internautes s'est concentrée sur un des adolescents: Elfat T.* (16 ans). Les internautes en colère ont publié le nom de son complice présumé et posté des photos de lui. Une adresse, des photos d'un immeuble ainsi qu'un numéro de téléphone portable qui appartiendrait à Elfat T. ont également été mis en ligne. Selon la police municipale de Zurich interrogée par «20 minutes», le Ministère public des mineurs a ouvert une procédure contre l'un des bourreaux présumés, sans que l'on ne sache pour l'heure si l'enquête est dirigée contre Elfat T.
Mobilisation de la police municipale de Zurich
Suite à la publication de la vidéo, plusieurs internautes ont lancé des appels à se rassembler devant la maison d'Elfat T. Plusieurs d'entre eux ne cachent pas leur mépris contre les présumés coupables, proférant pour certains des menaces de mort: «Des gens comme ça méritent qu'on les brûle» ou «Je prendrai du plaisir à regarder mes amis brûler la maison de ce type. Pas de pitié!» peut-on lire sur certains profils.
Face à la montée des propos haineux sur internet, la police municipale de Zurich a donc lancé une mise en garde: «Nous attirons l'attention sur le fait que la diffusion de vidéos montrant des scènes de violence est pénalement répréhensible. Mais faire justice soi-même est également un délit. Et de poursuivre: Nous suivons l'évolution de la situation et nous nous préparons en conséquence.»
Insultes et jets de pierre
Des comptes spécifiques ont même été ouverts sur certains réseaux sociaux, appelant à transmettre des informations sur Elfat T.: «Peu importe où il se cache, on va le choper!» Selon la police municipale de Zurich, l'enquête serait toujours en cours. Néanmoins, le présumé coupable semble avoir été trouvé, si l'on en croit certains internautes.
D'abord lancé sur les réseaux sociaux, la chasse à l'homme a pris une tournure plus dramatique quand elle s'est poursuivie dans la vie réelle. La mère d'Elfat, Ivana T.* raconte ainsi que des personnes se seraient déjà présentées chez son père, dont elle est séparée, et auraient jeté des pierres sur la façade de la maison.
Des individus d'autres cantons sont également présentés à l'adresse diffusée sur Internet. Un habitant raconte que des voitures portant des plaques d'immatriculation «comme celles d'Argovie, de Bâle-Ville ou de Schaffhouse» se sont garées devant la maison. «Ils ont baissé et ils ont hurlé 'Tortionnaire d'animaux' et d'autres insanités», poursuit le riverain. Des groupes de jeunes auraient en outre sonné à plusieurs reprises aux appartements de l'immeuble.
Torturer un chat est passible de trois ans de prison
On ne sait pas encore si la torture du chat a eu lieu en Suisse. Ce qui pourrait poser problème, car les poursuites pénales incombent en principe aux autorités du pays où le délit a été commis. Il est néanmoins possible que les autorités suisses se saisissent de l'affaire, étant donné que les enregistrements vidéo ont été publiés en Suisse.
L'avocat Christian Lenz, du cabinet Lenz & Caduff, précise que si le délit devait être poursuivi en Suisse, le coupable pourrait écoper d'une amende, et risquerait même jusqu'à trois ans de prison. Selon sa famille, Elfat T. est actuellement en vacances au Kosovo et en Serbie. Mais «toute la Suisse attend qu'il revienne», a écrit un internaute sur Tiktok...
*Le nom a été changé