Mauro Poggia annonce rejoindre l'alliance de la droite pour les Fédérales
«Tout le monde est d’accord pour dire que le système de santé doit être réformé»

C'est confirmé: l'ancien conseiller d'État et conseiller national du Mouvement citoyens genevois (MCG) Mauro Poggia va se porter candidat aux élections fédérales de cet automne, aux côtés de onze confrères et consœurs. Un ovni genevois à Berne? Interview à chaud.
Publié: 07.08.2023 à 17:58 heures
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Dernière mise à jour: 07.08.2023 à 19:42 heures
Mauro Poggia (MCG) a renoncé à se représenter au Conseil d'Etat genevois ce printemps, espérant retrouver une place à Berne. (Image d'archives)
Photo: keystone-sda.ch
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

On ne change pas une équipe qui gagne? Après le succès de l'alliance de la droite genevoise aux élections cantonales de ce printemps, le PLR, l'UDC, le Mouvement citoyens genevois (MCG) et le Centre vont remettre le couvert pour les Fédérales de cet automne.

Dernier de la clique à sortir du bois, le MCG a annoncé, dans un communiqué relayé par la «Tribune de Genève», présenter douze candidats au Conseil national. Avec le ministre cantonal sortant Mauro Poggia en tête d'affiche, qui brigue par ailleurs aussi un siège au Conseil des États.

Particularité du MCG: le parti politique, qui se définit plus volontiers comme un «mouvement», et qui a fait son beurre, dès les années 2000, sur la question des frontaliers, n'existe qu'au bout du Léman.

Quelle serait son utilité à Berne? Ne va-t-il pas se faire marcher dessus par les grandes formations nationales? On a posé la question à la figure de proue du mouvement populaire, qui a déjà été élu à Berne sous sa bannière en 2011. Interview.

Mauro Poggia, pourquoi les Genevois auraient-ils (à nouveau) besoin d’un représentant du Mouvement citoyens genevois (MCG) à Berne, alors que votre parti y est par ailleurs une sorte d’ovni, qui n’existe pas au niveau national?
Il est clair que, si je suis élu au Conseil national, je devrai rejoindre un autre groupe politique pour siéger. Des discussions sont en cours. Mais cela ne signifie pas que je serai assimilé à cet autre groupe, et là est justement la grande force du MCG: je ne serai jamais le bon soldat d’un parti d’envergure nationale, à Berne. Je défendrai toujours les intérêts des Genevois sans langue de bois, et de façon indépendante. Car, contrairement aux élus des grands partis, je n’ai pas à suivre des directives partisanes qui viennent de plus haut. Et c’est encore plus vrai pour le Conseil des États.

Un Conseil des États qui, à Genève, est le bastion de la gauche depuis plus d’une décennie. Vous pensez vraiment que le vent va tourner cette fois?
Je l’espère. D’autant plus que les deux élus actuels font de la politique partisane, au lieu de représenter le Canton. À titre d’exemple: Lisa Mazone (les Vert-e-s) et Carlo Sommaruga (PS) n’ont déposé aucun texte sur la LAMal ces dernières années, alors les coûts de l’assurance maladie sont l’une des plus grandes préoccupations au sein de la population. Avoir deux conseillers d’État de gauche, ce n’est pas représentatif de Genève, à l’heure actuelle.

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«J’ai appris à mettre les intérêts de la population avant les intérêts partisans. Je ne suis pas un militant»
Mauro Poggia, MCG
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Donc le MCG a, en réalité, d’autres sujets d’expertise que les frontaliers, votre thématique phare à Genève?
Bien sûr! À commencer par l’assurance maladie, dont nous voulons amener la compétence au niveau cantonal. De plus, à titre personnel, en tant qu’ancien Conseiller d’État, j’ai appris à mettre les intérêts de la population avant les intérêts partisans. Je ne suis pas un militant.

La droite genevoise va poser un ticket commun pour le Conseil des États, mais seulement au second tour. C’est la même stratégie que celle employée pour les élections cantonales de cette année. Pourquoi ne pas directement se rallier derrière une même et seule figure de proue, dès le premier tour?
Car chaque parti considère que son candidat devrait être la tête de proue, c’est une question d’égos. Et je n’échappe pas à la règle. Ce n’est certainement pas la meilleure solution, mais comme il y a quatre candidats à droite, ce sera avant tout au peuple de nous départager.

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«Tout le monde est d’accord pour dire que le système de santé doit être réformé»
Mauro Poggia, MCG
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Votre parti n’a-t-il pas peur d’être à nouveau le porteur d’eau de cette alliance, comme ç’a pu être le cas lors des dernières élections cantonales?
Le risque est toujours là. Mais la question, pour l’heure, est de savoir qui arrivera jusqu’au second tour. Contrairement aux élections cantonales, il n’en restera que deux à retenir à la fin, cette fois. La situation est donc un peu différente.

Votre grand combat, à Berne, sera de toute évidence les coûts de la santé, c’est bien ça?
Oui, entre autres. Plus précisément notre système d’assurance maladie actuel. Il est en place depuis 1996 et, aujourd’hui, ça ne fonctionne plus. La droite pense qu’il ne faut rien changer. La gauche pense qu’il faut tout étatiser. Moi, je pense que nous devons trouver une solution de consensus: à savoir laisser le soin de l’application de la LAMal aux cantons. J’aimerais qu’on laisse Genève montrer l’exemple, avec une caisse de compensation cantonale. D’autant plus que, chez nous, de la gauche à la droite, cette idée fait consensus.

Sauf que votre position sur le sujet est sensiblement différente de celle de votre grand allié, le PLR. Vous avez, par exemple, amèrement critiqué sa récente proposition d’une assurance «low cost».
Je mise sur l’intelligence de mes interlocuteurs, sur ce point. Pour moi, cette proposition donnerait lieu à une médecine à deux vitesses, extrêmement néfaste pour la cohésion sociale de la Suisse. Mais peu importe la position du PLR Suisse, à Genève, de la gauche à la droite, il y a un consensus assez exceptionnel sur cette question. Tout le monde est d’accord pour dire que le système de santé doit être réformé. Et que chaque canton devrait décider pour lui-même.

Mais imaginons que vous raflez les deux sièges au Conseil des États à la gauche, avec la PLR Simone de Montmollin, cet automne. N’allez-vous pas vous entretuer sur la question des coûts de la santé, une fois les élections passées?S’entretuer, certainement pas. Dans tous les cas, je ne pourrais rien céder sur cette question-là.

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