Mahaim au micro incisif de Décosterd
«Ce n’est pas une défaite complète, mais ça m’inquiète pour l’écologie»

Raphaël Mahaim est arrivé quatrième au premier tour des élections pour le Conseil des États. Alors qu'il lui sera difficile de battre le libéral-radical Pascal Broulis, le Vaudois assure au micro de l'humoriste Benjamin Décosterd mandaté par Blick que rien n'est joué.
Publié: 22.10.2023 à 22:03 heures
Le Vert Raphaël Mahaim a répondu aux questions impertinentes de l'humoriste Benjamin Décosterd.
Photo: D.R.
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Antoine HürlimannResponsable du pôle News et Enquêtes

Le socialiste vaudois Pierre-Yves Maillard est d'ores et déjà élu au Conseil des États. Le libéral-radical Pascal Broulis devrait — sauf immense surprise — le rejoindre lors du second tour. Pas si vite, rétorque en substance le Vert Raphaël Mahaim.

Le conseiller national a accepté de répondre aux questions impertinentes de l'humoriste Benjamin Décosterd, mandaté par Blick. Verra-t-on le candidat en mauvaise posture bloquer un rond-point pour manifester son mécontentement? Croit-il encore à un siège vert au Conseil fédéral malgré la gifle de ce dimanche 22 octobre? Interview.

Raphaël Mahaim, comment ça va?
Ça va bien, merci. Évidemment, c’est beaucoup d’intensité, un peu de fatigue déjà, mais c’est aussi la pression qui retombe. C’est un état un peu bizarre: on a bossé comme des fous ces derniers mois. Aujourd’hui, les résultats tombent, mais on doit maintenant se concentrer pour la suite.

Et ces résultats alors… Qu’est-ce qui s’est passé, en gros?
Bon… Au niveau du pays, les Vert-e-s perdent des plumes. On se maintient dans plusieurs cantons où nos sièges étaient un peu sur le ballant. Donc ce n’est pas une défaite complète. Mais ça m’inquiète pour l’écologie parce que je vois aussi les Vert’libéraux perdre des plumes. Heureusement, notre allié, le Parti socialiste, se maintient ou progresse dans certains cantons. Mais malheureusement pas autant que ce que nous avons perdu.

Ce n’est peut-être pas à vous que je devrais poser la question, mais il y a Sophie Michaud Gigon qui sort devant vous au Conseil national. Elle qui avait dit en gros: «Je ne veux pas me présenter aux États et cette décision sert le parti.» Votre parti ne s’est-il pas trompé de candidat?
Mais vous avez vu aussi qu’au Parti libéral-radical (PLR), Jacqueline de Quattro est sortie devant Pascal Broulis. Ce sont deux logiques d’élection différentes. Il y a l’élection à la majoritaire, où on doit convaincre la majorité de la population qu’on peut représenter le canton au Conseil des États. Et puis il y a l’élection à la proportionnelle. Chez nous, chez les Vert-e-s, il y a toujours eu un vote très fort en faveur des candidatures féminines. Ce qui est une excellente chose parce qu’on s’est toujours beaucoup battu pour l’égalité entre les hommes et les femmes. Donc ce résultat n’est absolument pas quelque chose de déterminant.

Après quatre ans de vague verte, les résultats du jour ne vous mettent pas au fond du bac?
Franchement, ça va, ce n’est pas la défaite absolue. On est quand même restés relativement haut. Comme je le disais, on a sauvé certains sièges qu’on avait très peur de perdre. Mais il ne faut pas se le cacher: je suis déçu.

Mais est-ce que les Vert-e-s ne sont pas plus pertinents dans l’opposition que dans un Parlement où ils n’arrivent pas à faire bouger les lignes et les majorités?
Si vous avez suivi la politique ces dernières années, vous savez que nous sommes déjà dans l’opposition, soit dans un Parlement à majorité de droite. On nous tient responsable si les choses ne bougent pas alors que nous ne sommes pas dans le bloc majoritaire. Quand les gens s’en rendent compte, ils comprennent que nous faisons ce qu’on peut. Cependant, il y a tout de même eu de belles victoires grâce au poids des Vert-e-s en direction de l’écologie. Mais aussi notamment en matière d’égalité, avec la nouvelle définition du viol.

Vu que le système démocratique, ce n’est visiblement pas très favorable aux Vert-e-s, est-ce qu’on va vous retrouver demain en train de bloquer un rond-point ou dans une ZAD?
Non, certainement pas. Parce que nous, les Vert-e-s, nous avons fait le choix des institutions. Et puis attention quand même, avant de tirer des conclusions hâtives. Il y a un recul, c’est indéniable. Mais nous restons un parti très bien implanté à Berne. Nous sommes probablement, au niveau suisse, la cinquième force du pays. Peut-être parfois même, dans certains cantons, la quatrième, voire la troisième force politique.

Le Conseil fédéral, vous y croyez encore?
Nous allons analyser les résultats à tête reposée. Il ne faut pas s’en cacher: avec un résultat en recul, ça va réduire nos chances d’accéder au Conseil fédéral, c’est certain. On va tranquillement se voir, avec le groupe parlementaire des nouveaux élus à Berne, et nous ferons cette analyse. Rien n’est joué. Il y a encore des deuxièmes tours pour le Conseil des États. D’ailleurs, moi, je vais maintenant partir pour un face-à-face avec Pascal Broulis. Et peut-être qu’on pourra encore marquer quelques points.

Rapidement, dernière question. Les vainqueurs boivent des verres, les perdants aussi. Quel est votre programme de ce soir en termes d’alcool?
(Rires) Pour l’instant, je n’ai bu que de l’eau pour être concentré pour les interviews parce que j’enchaîne depuis deux heures. Dès que j’ai fait le job, je vais commencer à boire un petit verre pour fêter ma réélection au Conseil national et pour préparer le deuxième tour du Conseil des États. Et puis, aussi, parce que c’est sympa de boire un verre, tout simplement.

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