Les caisses de pension suisses ont connu un troisième trimestre solide, avec un rendement moyen pondéré de 2%, selon les chiffres du dernier «Moniteur de pensions» de Swisscanto. Depuis le début de l’année, les performances se sont maintenues à un niveau stable, malgré un premier semestre marqué par une forte volatilité.
Malgré cela, le taux d’intérêt minimal de la prévoyance professionnelle (LPP) restera inchangé. En 2026, il restera fixé à 1,25%, a annoncé mercredi le Conseil fédéral. «Une baisse du taux minimal n’est pas indiquée», précise le gouvernement dans un communiqué. Mais compte tenu des rendements modestes des obligations fédérales, ainsi que des incertitudes économiques, commerciales et géopolitiques actuelles, une hausse ne serait pas justifiée non plus.
L’exécutif suit ainsi la recommandation de la Commission fédérale de la prévoyance professionnelle. Cette instance réunit représentants des employeurs, des assureurs et des syndicats, qui débattent chaque année du traitement des actifs du deuxième pilier.
Le taux minimal, crucial pour la retraite
«Plusieurs critères plaident pour un taux stable ou une légère augmentation», avait conclu la commission. Mais par 10 voix contre 6, elle avait opté pour la prudence en ne préconisant aucune revalorisation. Les assurés ne doivent donc pas s’attendre à une forte progression du rendement de leur capital vieillesse l’an prochain.
Ce taux d’intérêt minimal est un élément déterminant pour les futurs retraités. Sur la durée d’une carrière, il influence, avec le taux de conversion, le montant final de la rente versée par la caisse de pension: plus le rendement de l'épargne est grand, plus la rente finale sera élevée.
Colère des syndicats
Du côté des syndicats, la décision du Conseil fédéral irrite. Et pour cause. L'Union syndicale suisse (USS) et son président Pierre-Yves Maillard avaient réclamé une légère hausse du taux minimal à 1,5%, jugeant le niveau actuel trop bas. «Les rendements élevés réalisés par les caisses de pension ne profitent pas aux assurés», déplore l’organisation.
Les critiques soulignent que le taux d’intérêt minimal n’a ni compensé l’inflation, ni suivi l’évolution des salaires au cours des dernières années. Dans le même temps, les institutions de prévoyance ont constitué des réserves record, nourrissant les tensions sur la question du partage des bénéfices.
Les milieux patronaux voulaient un taux à 1%
Dans les milieux patronaux, en revanche, la lecture est tout autre. «Au vu de la politique actuelle des taux, des faibles rendements sur les marchés financiers et des incertitudes économiques persistantes, une légère baisse du taux minimal aurait également pu se justifier», estime Barbara Zimmermann-Gerster, responsable des affaires sociales à l’Union patronale suisse.
Si la faîtière aurait préféré une réduction à 1%, elle se dit tout de même satisfaite par le fait que le Conseil fédéral ait choisi la stabilité.