L'économie est sous pression
Les taxes de Trump pourraient forcer la BNS à prendre une décision radicale

Les taux d’intérêt négatifs vont-ils arriver jusqu'en Suisse? La réponse est incertaine à ce stade. Mais si les droits de douane punitifs de Donald Trump frappent vraiment fort, il ne devrait pas y avoir d’autre solution.
Publié: 01.09.2025 à 05:55 heures
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Dernière mise à jour: 01.09.2025 à 10:40 heures
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La politique douanière de Donald Trump met les banques centrales du monde entier sous pression.
Photo: AFP
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Christian Kolbe

En septembre, de nombreuses banques centrales du monde – notamment la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque nationale suisse (BNS) – décideront s'il convient ou non de faire évoluer les taux d’intérêt.

La situation de départ paraît relativement claire: la politique douanière et économique du président américain Donald Trump menace fair subir de graves turbulences à l’économie mondiale. Une spirale qui pourrait, tôt ou tard, conduire à une baisse des taux d’intérêt. En Suisse, cela pourrait même se traduire par des taux négatifs: si un tel scénario se produisait, les banques se retrouveraient à devoir payer pour déposer leur argent à la BNS.

Mais les choses sont loin d’être aussi simples. En l'état, malgré les annonces fracassantes de Donald Trump, il est impossible de savoir quels droits de douane seront effectivement appliqués dans les semaines à venir aux produits exportés aux Etats-Unis. Cette question ne dépend pas de la logique économique, mais bien des humeurs du très imprévisible président américain.

Qui sont les victimes des droits de douane?

Cette incertitude plane également sur la Suisse. Début août, avec l’imposition soudaine de droits de douane de 39%, la plupart des économistes redoutaient un choc sévère pour l’économie helvétique, et donc un risque accru de récession. Beaucoup pensaient alors que la BNS serait contrainte de ramener ses taux en territoire négatif dès septembre, ou au plus tard en décembre.

Depuis, la situation s’est partiellement apaisée. Sur le plan politique, la Suisse tente tout pour parvenir à un accord, qui pourrait ramener ces droits de douane à environ 15%. En outre, l’industrie pharmaceutique – premier secteur exportateur du pays – reste pour l'heure épargnée par ces surtaxes. Quant à l’industrie des machines, elle est touchée de manière très inégale selon les entreprises.

Des taux négatifs à Noël?

La conjoncture intérieure reste solide, ce qui réduit pour l’instant la pression sur la BNS. «A la fin d’un cycle de baisse des taux, il est toujours plus difficile de faire des prévisions», explique Reto Huenerwadel, responsable des placements à la Banque hypothécaire de Lenzbourg, dans le canton d'Argovie.

Interrogé sur une éventuelle baisse des taux dès le 25 septembre, il reste prudent: «Je ne parierais pas là-dessus pour le moment. Je pense qu’il est plus réaliste d’attendre décembre, quand la BNS se mettra clairement au service de l’économie suisse.» Autrement dit: il n'y aura pas de taux d’intérêt négatifs avant Noël.

Karsten Junius, économiste en chef de J. Safra Sarasin, abonde en ce sens: «Une baisse n’interviendra qu’en décembre, et seulement si l’économie se dégrade vraiment. Et si la BNS est contrainte d’agir, elle devra frapper fort, en réduisant immédiatement ses taux d’un demi-point de pourcentage.»

«Pas de raisons valables de baisser les taux»

Mais d’autres observateurs estiment que la BNS ne bronchera pas, même en décembre. «Nous nous attendons à ce que les taux directeurs demeurent à 0% au cours des prochains trimestres», écrivent les économistes d’UBS. Même analyse du côté de Brian Mandt, chef économiste de la Banque cantonale de Lucerne: «Il n’y a pas de raisons valables de baisser les taux.»

Adriel Jost, qui avait déjà critiqué la baisse opérée en juin par la BNS, adopte un point de vue similaire: «La Banque nationale a rappelé qu’un faible renchérissement ne devait pas automatiquement entraîner une nouvelle baisse des taux. Pour cela, il faudrait un choc plus important, comme un net effondrement de la croissance économique», expliquait-il à Blick.

Or cette chute ne s’est pas produite. Et selon les dernières prévisions du Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), elle n’est pas non plus à l’horizon. «Les exportateurs ne veulent pas non plus subir les effets des taux négatifs», ajoute encore Adriel Jost, plaidant contre une réintroduction trop rapide.

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