L'entreprise suisse dans le viseur
Une experte de l'ONU accuse Glencore de profiter d'une «économie de génocide» en Israël

La rapporteuse spéciale de l'ONU, Francesca Albanese, accuse Glencore de profiter d'une «économie de génocide» en Israël. Elle appelle l'entreprise zougoise à cesser ses activités avec le pays, citant des exportations de charbon controversées.
Publié: 12:14 heures
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Francesca Albanese accuse l'entreprise zougoise Glencore de complicité avec Israël.
Photo: Anadolu via Getty Images
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ATS Agence télégraphique suisse

La rapporteuse spéciale de l'ONU sur les territoires palestiniens Francesca Albanese accuse le groupe zougois Glencore de profiter d'une économie israélienne devenue «une économie de génocide». Elle l'appelle à cesser ses affaires avec ce pays.

Dans un rapport publié dans la nuit de lundi à mardi à Genève, l'Italienne, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU mais est mandatée par le Conseil des droits de l'homme, cible des dizaines d'entreprises. Parmi elles figure notamment le gestionnaire d'actifs américain Blackrock, accusé de financer les entreprises de l'armement et les violations des droits humains contre les Palestiniens avec d'autres entités financières.

Exportation de charbon en Israël

La rapporteuse spéciale reproche au groupe zougois de matières premières d'être avec l'Américain Drummond le principal exportateur de charbon pour l'électricité dans l'Etat hébreu. Leurs filiales possèdent les mines colombiennes qui ont acheminé 15 chargements depuis octobre 2023.

Y compris six livraisons après que la Colombie a décidé de suspendre ses exportations en août 2024. Glencore a aussi fait venir du charbon depuis l'Afrique du Sud, ajoute également la rapporteuse spéciale. Selon elle, ces groupes de l'économie extractive «ont alimenté les infrastructures et énergétiques d'Israël», utilisées «pour détruire la population palestinienne». Contactée par Keystone-ATS, une porte-parole du groupe zougois n'avait pas répondu dans l'immédiat.

Armement, technologies ou agro-alimentaire

«Bien trop d'entreprises ont profité de l'économie israélienne d'occupation illégale, d'apartheid et désormais de génocide», affirme l'Italienne, régulièrement ciblée par les autorités israéliennes et les ONG pro-israéliennes. Elle demande également que les entreprises et leurs dirigeants soient rendus responsables.

«C'est une étape indispensable pour mettre un terme au génocide et démanteler le système mondial qui l'a permis», affirme encore la rapporteuse spéciale qui parle d'"entreprise criminelle commune». Elle dénonce des fabricants d'armes, des entreprises technologiques, des investisseurs privés, des groupes agro-alimentaires ou encore le monde académique et des institutions publiques.

«Après octobre 2023, alors que le budget militaire israélien a doublé et à une période où la demande, la production et la confiance des consommateurs ont chuté, un réseau international de sociétés a renforcé l'économie israélienne», ajoute le rapport. Il estime que les entreprises d'armement ont presque obtenu des gains records en dotant Israël des dernières innovations.

Plusieurs listes récemment

La rapporteuse spéciale demande aux Etats d'imposer des sanctions et un embargo sur les armes vers Israël. Tous les accords commerciaux et les relations d'investissement doivent être suspendus, selon elle.

Elle souhaite que les entreprises mettent un terme aux activités liées directement avec des violations des droits humains et des crimes internationaux contre la population palestinienne. Et qu'elles paient des réparations, sous forme d'une taxe. Les syndicats et la société civile doivent eux pousser à des boycotts et des désinvestissements, affirme encore l'Italienne.

La liste de Francesca Albanese, qui estime qu'elle ne constitue qu'une «fraction» des entreprises en cause, n'est pas la première. Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a publié à plusieurs reprises sa propre évaluation qui rassemble plus d'une centaine d'entreprises pour leur complicité avec les colonies israéliennes en Cisjordanie.

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