Notre grand classement par parti
Voici les jeunes qui font bouger la politique suisse… et ceux qu’on oublie

En politique, les adversaires ne se font aucun cadeau. Cette règle est également valable pour les jeunesses des partis suisses. Mais quelles sont les sections jeunes les plus influentes du pays? Et quel est le potentiel de leurs présidents respectifs? Notre classement.
Publié: 10:28 heures
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Quels sont les jeunes pousses de la politique suisse qui s'imposeront un jour au Palais fédéral?
Photo: keystone-sda.ch
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Céline Zahno

Les jeunesses de parti jouent un rôle clé dans le paysage politique. Souvent plus radicales que leur formation mère, elles permettent de mobiliser les jeunes électeurs, tout en constituant un vivier pour les grands partis du pays.

Mais quelles sont les jeunesses les plus influentes dans le débat public? Lesquelles sont capables de faire pression sur leur formation mère et d'influencer l'agenda politique à coups d'initiatives ou de référendums? Et quel est le potentiel de leurs présidents respectifs? Voici le grand classement de Blick.

1

Mirjam Hostetmann – Jeunesse socialiste

Mirjam Hostetmann a su maintenir les thématiques des Jeunes socialistes au coeur de l'agenda médiatique.
Photo: Linda Käsbohrer

Avec son «Initiative pour l'avenir», qui réclame un impôt de 50% sur la part des successions dépassant les 50 millions de francs, la Jeunesse socialiste (JS) a déclenché un débat houleux, qui risque bien de durer jusqu'au 30 novembre, date à laquelle les Suisses se rendront aux urnes pour trancher.

Mais quelle que soit l'issue du scrutin, le pari est déjà réussi pour la JS. En effet, celle-ci est parvenue à placer ce sujet au coeur des discussions dès le mois de juin 2024, lorsque l'entrepreneur et ex-conseiller national de l'Union démocratique (UDC) du centre Peter Spuhler avait menacer de quitter la Suisse en cas de victoire du texte. Depuis, le camp bourgeois n'a eu de cesse de brandir la menace d'un exode des super-riches. Une telle attention, même les plus grands partis de Suisse en rêveraient!

La Jeunesse socialiste doit beaucoup à ses adversaires, lesquels ont grandement médiatisé l'initiative à coups de condamnations. Pour autant, un certain mérite revient également à Mirjam Hostetmann, la présidente du mouvement, qui a su répondre avec véhémence aux diatribes de ses adversaires et maintenir ainsi une forte attention médiatique.

Ce faisant, Mijam Hostetmann est devenue une figure connue de la politique suisse. Son potentiel est inconstatable. Mais la réussite de sa carrière nécessitera probablement de changert de lieu de résidence. Et pour cause. A Obwald, son canton d'origine, les chances de glaner un siège dans un exécutif ou au Conseil des Etats sont quasi nulles.

2

Marc Rüdisüli – Les jeunes du Centre

Marc Rüdisüli a d'ores et déjà marqué la Jeunesse du Centre de son empreinte.
Photo: keystone-sda.ch

Pendant longtemps, la jeunesse du Centre s'est fait très discréte. Mais sous la houlette de son président Marc Rüdisüli, la donne semble avoir changé. Il faut dire que le mouvement a fait évoluer ses chevaux de bataille. Désormais, les jeunes du Centre misent sur des préoccupations propres aux jeunes générations, alors que les autres sections de jeunesse s'alignent davantage sur les thèmes chers à leur formation mère.

Dans une récente interview, Marc Rüdisüli a par exemple défendu l'interdiction des téléphones portables dans les écoles. Autre spéciticité: les jeunes du Centre ont fait de la santé mentale un thème phare de leur programme. La section zurichoise du mouvement a d'ailleurs remporté un important succès dans ce domaine, le Parlement cantonal ayant adopté son initiative «Une jeunesse en bonne santé maintenant» et a alloué plus de dix millions de francs pour sa mise en œuvre.

Durant ses quatre années à la tête de la jeunesse du Centre, Marc Rüdisüli a profondément changé la stratégie du mouvement. En juin, il a finalement annoncé sa démission. La suite de sa carrière reste ouverte.

3

Nils Fiechter – Jeunes UDC

Nils Fiechter tire les JUDC toujours plus à droite.
Photo: Keystone

Les Jeunes UDC (JUDC) aiment polémiquer, quitte à flirter avec les limites de la légalité. Cette tendance s’est accentuée sous la présidence de Nils Fiechter, qui est parvenu à tirer le mouvement sur sa droite. Pour ce faire, il a pu compter sur le soutien indéfectible de Sarah Regez, responsable de la stratégie du mouvement, avec qui il partage également sa vie.

Sous la houlette du couple, les JUDC ont grandement capté l'attention des médias suisse. En 2024, Sarah Regez avait notamment fait parler d'elle en participant à une réunion avec le militant autrichien d'ultra-droite Martin Sellner.

Le gros problème des Jeunes UDC, c'est qu'ils doivent leur présence médiatique uniquement aux scandales. Leurs prises de position concrètes, elles, se font plus rares. Leur rôle central dans le lancement du référendum contre l'identité électronique fait figure d'exception.

4

Magdalena Erni – Jeunes Vert-e-s

Magdalena Erni a marqué par ses interventions lors des débats télévisés.

Qui s'en souvient encore? Au début de l’année, les Suisses ont violemment balayé l’initiative des Jeunes-Vert-e-s pour la responsabilité environnementale. Une démarche qui a certes démontré la capacité du mouvement à lancer une initiative, mais qui n'a pas convaincu grand monde de leur habilité politique.

Avec leur proposition d'instaurer une économie respectueuse des «limites planétaires », les Jeunes Vert-e-s sont à peine parvenus à lancer un véritable débat. Leur formation-mère avait d'ailleurs défendu le texte sans grande conviction.

La comparaison avec la Jeunesse socialiste est intéressante. En effet, l'initiative «pour l'avenir» tend elle aussi vers un meilleur respect du climat, mais elle est plus claire, ciblée sur une catégorie précise et en phase avec les préoccupations actuelles.

Le seul argument en faveur des Jeunes Vert-e-s est sans nul doute Magdalena Erni. Cette dernière a su se faire remarquer grâce à plusieurs interventions percutantes sur le plateau d'«Arena», l’émission de débat de la chaîne publique alémanique SRF. Avec son parler ultra-rapide, Magdalena Erni argumente avec précision et n’hésite pas à contredire des conseillers fédéraux. Son avenir politique pourrait bien réserver des surprises.

5

Jonas Lüthy – Jeunes libéraux-radicaux

Jonas Lüthy ne dipose pas du même rayonnement que ses prédécesseurs.
Photo: Valentin Hehli

Les jeunes libéraux-radicaux (JLR) se considéraient autrefois comme la conscience libérale de leur formation mère. Sous la houlette de leurs présidents Andri Silberschmidt et Matthias Müller, la JLR a déteint sur le Parti Libéral-Radical (PLR) et l'a même poussé à aller de l'avant.

Mais depuis quelque temps, les JLR sont beaucoup plus silencieux. Leur initiative sur les retraites, qui voulait relever progressivement l'âge de la retraite à 66 ans, a nettement échoué en mars 2024. Un échec qui semble les avoir marqués sur la durée.

L'hiver dernier, les JLR ont bien tenté de réclamer le remboursement des frais d'études par les universitaires. Mais ils ont surtout brillé par leur retard par rapport à la formation-mère, qui s'était déjà saisi de cette question l'été précédent. Les JLR manquent en outre de visibilité au niveau de leur présidence. Contrairement à ses prédécesseurs, le numéro un du mouvement Jonas Lüthy n'est pratiquement pas connu du grand public.

6

Maya Tharian – Jeunes Vert'libéraux

Maya Tharian reste peu connue.
Photo: Grünliberale Bezirk Dielsdorf

On ne les entend presque pas. Les Jeunes Vert’libéraux (JVL) peinent à se faire une place dans le débat public. Leur présidente, Maya Tharian, est elle aussi très peu connue du grand public. Ce qui est d'autant plus incompréhensible, c'est que le contexte actuel de rapprochement avec l'Union européenne est favorable aux JVL, lesquels vont jusqu'à envisager une adhésion au groupe des 27.

Le mouvement pourrait toutefois s'illustrer prochainement: le 30 novembre, la Suisse votera sur l’initiative «Service citoyen», que les JVL soutiennent activement en tant que membre du comité d'initiant. Ce texte vise à instaurer un service communautaire obligatoire pour tous les jeunes adultes. Une victoire dans les urnes leur permettrait sans doute de passer un cap.

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