Le Covid en cause?
Les recrues de l'Armée suisse sont de moins en moins en forme

Les résultats des tests de sport effectués lors des recrutements sont limpides: les recrues de l'Armée suisse sont de moins en moins en forme depuis quelques années. Des chercheurs souhaitent savoir quelle est la part de responsabilité du Covid.
Publié: 05.12.2023 à 14:39 heures
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Dernière mise à jour: 06.12.2023 à 08:10 heures
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En 2022, les recrues ont tenu en moyenne moins longtemps en position de planche qu'en 2019.
Photo: Keystone
Lea Hartmann

Courir, pousser, tirer, sauter, dessus, dessous, en haut, en bas, à droite, à gauche... lors du recrutement, les futurs soldats de l'Armée suisse doivent prouver que leur condition physique est suffisamment solide avant de se lancer dans leur école de recrue. Seuls les plus sportifs sont, par exemple, autorisés à devenir grenadier ou éclaireur parachutiste. Les moins en forme sont la plupart du temps orientés vers un poste de bureau. 

Mais ces derniers risquent de se remplir un peu trop, si l'on en croit les derniers chiffres sur l'état de forme physique des recrues. En comparant les résultats des tests sportifs au cours des dernières années, le constat est flagrant: les conditions physiques des futurs soldats laissent à désirer. Dans quasiment toutes les disciplines testées, les performances ont diminué, rapporte le «Tages-Anzeiger».

Moins de force et d'endurance

C'est dans les domaines de l'endurance et de la force que les recrues ont le plus de peine. En 2019, elles ont pu tenir en moyenne 121 secondes en position de planche. En 2022, ce chiffre était de 113 secondes, soit près de 7% de moins.

Lors du test d'endurance, les recrues ont réussi à suivre le rythme imposé pendant près de 13 minutes et 19 secondes en moyenne en 2019. En 2022, c'était 48 secondes de moins. Selon le «Tages-Anzeiger», il s'agit du plus mauvais résultat moyen jamais enregistré.

Quel est le rôle du Covid?

Les chercheurs de la Haute école fédérale de sport de Macolin (HEFSM) tentent de déterminer les raisons de cette baisse de forme. Jusqu'à présent, aucun lien de cause à effet n'a pu être établi avec le virus du Covid.

Le manque d'activité physique pendant la pandémie pourrait être à l'origine de ce manque d'entrain, explique Alain Dössegger de la HEFSM au quotidien alémanique. Mais les études n'ont pas montré de «baisse générale significative». De plus, il semble que les recrues n'aient guère pris de poids durant la pandémie.

Le spécialiste n'exclut pas pour autant que les infections au Covid-19 soient en partie responsables de la méforme actuelle. «Le SARS-CoV-2 peut affecter l'organisme pendant très longtemps. Je connais tout de même quelques cas qui, après le Covid, ne peuvent plus fournir la totalité de leurs performances», affirme-t-il. L'Université du sport de Cologne étudie quant à elle le lien entre le Covid et la condition physique. Bien souvent, elle constate que la maladie entraîne une baisse des performances chez les athlètes. Les données des recrues suisses sont donc intéressantes.

Essai pilote avec des capteurs

Pour faire la lumière sur cette tendance générale, le Conseil fédéral vient de décider d'examiner de plus près la condition physique des membres de l'armée – et pas seulement celle des nouvelles recrues. Dans le cadre d'un essai pilote de plusieurs années, les soldats seront équipés de capteurs afin de mesurer leurs performances.

Cela permettra non seulement de déterminer la forme physique des jeunes recrues, au début de leur carrière militaire, mais aussi d'observer l'évolution physique au cours d'une carrière militaire. 

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