L'affaire est portée devant le TAF
Le scandale environnemental du Blausee passe à la vitesse supérieure

Le Ministère public bernois veut scinder le dossier du scandale environnemental du Blausee en quatre procédures partielles. Mais les propriétaires du lac ont déposé un recours contre cette décision à Saint-Gall. L'affaire pourrait trainer en longueur jusqu'en 2024.
Publié: 11.04.2023 à 11:04 heures
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Dernière mise à jour: 11.04.2023 à 13:17 heures
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Le propriétaire du Blausee Andre Lüthi, Philipp Hildebrand, Stefan Linder (de gauche à droite) ont déposé un recours.
Photo: Blick
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Reza Rafi

Le Blausee, ce joli plan d'eau situé dans l'Oberland bernois, va encore faire les gros titres pour de tristes raisons. Un scandale environnemental entoure le lac depuis près de cinq ans. Et pour avoir le fin mot de l'histoire, les parties prenantes et admirateurs de ce lieu magique devront encore faire preuve de patience. L'affaire pourrait traîner en longueur jusqu’en 2024, car elle vient d'être portée devant le Tribunal administratif fédéral. En cause: un litige autour de la procédure.

Conflit juridique complexe

Que se passe-t-il encore au Blausee? Rembobinons. Tout a commencé en 2017 par la mort subite de nombreuses truites de ce lac de l’Oberland bernois. Depuis, le mystère a dégénéré en un conflit juridique complexe.

Dans un premier temps, les propriétaires ont soupçonné l’existence d’un lien entre la disparition de poissons et de présumés dépôts illégaux dans la carrière de Blausee-Mitholz. Des matériaux contaminés auraient pu y être déversés, soulevait-on.

Dès lors, une montagne de dossiers – alimentés entre autres par l’entreprise ferroviaire BLS, l’exploitant de la carrière Vigier, le groupe de construction Marti, une entreprise de transport, l’administration cantonale et la Confédération – n’a cessé de s'accumuler sur le bureau des autorités. Les trois propriétaires du Blausee, le fondateur du Swiss Economic Forum Stefan Linder, le patron de Globetrotter André Lüthi et le manager de Blackrock Philipp Hildebrand, se sont constitués partie civile. Et ils étaient fermement décidés à se battre.

Plus de 20 prévenus

Avec des procédures contre plus de 20 prévenus – d’un côté pour de possibles infractions aux prescriptions environnementales, de l’autre pour des délits économiques présumés – le Ministère public de l’Oberland bernois se trouve depuis lors confronté à une tâche colossale. Au début de l’année, les procureurs ont décidé, par ordonnance de disjonction, de diviser l’affaire en quatre procédures partielles.

Une décision très mal accueillie par certaines personnes impliquées. L’entreprise BLS et la Blausee AG, à qui appartient le lac, font de la résistance. On craint par exemple que les plaignants, parties privées, perdent l’accès à d’autres procédures séparées.

C’est pourquoi les exploitants de pisciculture ont déposé un recours auprès du Tribunal administratif fédéral. Ce qui a entraîné une nouvelle avalanche d’échanges d’écrits juridiques.

Bras de fer autour des expertises

Blick a pu consulter la duplique de la société Blausee AG datant du 28 mars dernier. Celle-ci montre clairement la profondeur du conflit qui déchire aujourd’hui les exploitants de pisciculture et le Ministère public.

Stefan Linder et consorts se sont déchaînés à l’égard de l’autorité des poursuites pénales. Ils leur reprochent des «constatations incomplètes et inexactes» et des «erreurs de base». En outre, ils demandent un «blâme» à l’égard du Ministère public. Ses affirmations «coïncident avec le dispositif de défense» de l’Office cantonal des eaux et des déchets, accusent-ils.

Sur quoi porte ce litige en particulier? Sur la question de savoir sur quelles expertises le Ministère public doit se baser. De nombreux examens ont été réalisés par différents experts, sur mandat de Blausee AG d’une part, et à la demande du canton d’autre part.

Un lien de causalité établi avec certitude?

Or, le Ministère public se réfère uniquement à des rapports qui considèrent qu’un lien entre les dépôts illégaux et la mort des poissons n’est pas définitivement prouvé. Mais les propriétaires du lac se basent sur une autre expertise et ne l’entendent pas de cette oreille.

«Le lien de causalité naturel entre les dépôts illégaux, la turbidité du Blausee et la mortalité massive des poissons en 2018-2020 est établi, écrivent-ils. Et ce avec certitude. Il n’y a pas de 'doute sur la causalité'.»

Les parties n’ont pas pu être jointes pour commenter ces assertions. La présomption d’innocence s’applique. L’affaire est désormais entre les mains du Tribunal administratif fédéral à Saint-Gall.

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