L'autoproclamé «roi de Suisse» continue son ascension. Jonas Lauwiner de Berthoud (BE) possède désormais près de 150 terrains. Sa méthode? Il fouille les registres fonciers des communes suisses à la recherche de terrains sans propriétaire. Dernièrement, il s'est également emparé d'un chemin à Geuensee (LU), provoquant l'intervention de la politique cantonale à Lucerne.
Jonas Lauwiner exige en effet des riverains jusqu'à 150'000 francs s'ils veulent lui acheter le droit de passage. Au Parlement cantonal de Lucerne, les choses se corsent: autant à gauche qu'à la droite, les députés discutent d'une modification de la loi. Même dans les milieux bourgeois, on envisage une expropriation.
«Un besoin maladif de se mettre en avant»
Comme le rapporte la «Luzerner Zeitung», le conseiller cantonal socialiste Josef Schuler a déposé une demande soutenue par des représentants de presque tous les partis. Le député critique vivement la démarche de Jonas Lauwiner et parle d'une «prétention au pouvoir excessive et d'un besoin maladif de se mettre en avant».
Dans le canton de Lucerne, Lauwiner a déjà acquis 9503 mètres carrés sur quinze parcelles. Selon le socialiste, il est très dérangeant que quelqu'un puisse simplement s'emparer d'un terrain dont il n'a pas du tout besoin. «Ou si, comme dans ce cas-là, on tente encore d'en tirer profit.»
Dans son intervention, Josef Schuler veut que le gouvernement lucernois lui indique combien de parcelles sont sans propriétaire dans le canton. Il demande en outre de trouver une façon d'éviter qu'elles soient acquises par des personnalités comme Jonas Lauwiner, «dont le comportement témoigne d'un manque total de compréhension démocratique».
Le gouvernement doit examiner les parcelles
Joseph Schuler propose maintenant comme mesure que les parcelles sans propriétaire soient à l'avenir attribuées à la collectivité ou aux communes. Alternativement, les autorités devraient informer à ce sujet de manière proactive afin que les riverains puissent acquérir de telles surfaces.
Le large soutien à la proposition du socialiste se reflète dans les réactions d'autres politiciens: le député lucernois du Centre Michael Kurmann qualifie la démarche de Jonas Lauwiner d'«illégitime». Pour lui, il est clair que la campagne du «roi de Suisse» peut entraîner de sérieux problèmes pour les riverains. Même son collègue parlementaire de l'Union démocratique du centre (UDC), Thomas Gfeller, se prononce lui aussi en faveur d'éventuelles modifications de la loi.
«Quelqu'un qui veut donner son nom à des rues, cela devrait figurer dans le journal de carnaval», ajoute le parlementaire du Parti libéral-radical (PLR) Thomas Meier. Il ne soutient pas seulement un droit de préemption pour les riverains, mais se prononce même pour l'examen de possibilités d'expropriation.
Les Vert-e-s ne veulent pas donner de tribune au «roi»
L'idée de Thomas Meier fait également écho chez Samuel Zbinden des Vert-e-s. Mais en réalité, Samuel Zbinden ne veut pas offrir une tribune à «un homme qui se met en scène». L'élu a néanmoins signé l'intervention «parce que les questions sont légitimes et que le canton doit examiner à la loupe la manière dont il gère légalement de tels terrains afin d'empêcher à l'avenir de tels agissements».
Josef Schuler prévoit quant à lui de déposer un postulat lors de la prochaine session parlementaire afin de donner plus de poids à ses revendications. Auparavant, il souhaite toutefois procéder à des clarifications juridiques. Il veut s'assurer que ses propositions sont effectivement applicables sur le plan juridique.