Dans le film suisse «Gilberte de Courgenay» (1941), la jeune serveuse qui a donné son nom au film, accueille et réconforte les soldats. Elle devient alors une figure patriotique valorisée par les milieux conservateurs, symbole d’un idéal féminin de soutien à l’effort national. Dans ces milieux, elle représente la défense «spirituelle» du pays. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle avait pour tâche de repousser les nazis, puis les communistes durant la Guerre froide.
Avec l'émergence des conflits actuels, notamment la guerre en Ukraine qui reste proche de nos frontières, d'anciennes peurs refont surface au sein de l'Union démocratique du centre (UDC). «Aujourd'hui, nous sommes confrontés à des menaces similaires et la désinformation totalitaire étrangère augmente, alarme le conseiller national UDC Lukas Reimann. La volonté de défendre notre pays diminue. Beaucoup préféreraient aujourd'hui fuir plutôt que de se battre!»
Dès l'école primaire?
Pour contrer cela, le conseiller national veut charger le Conseil fédéral de présenter au Parlement un vaste programme de renforcement de la «défense nationale spirituelle». Il poursuit à ce sujet: «Des pays comme la Russie attirent des soldats avec de l'argent. Chez nous, il faut convaincre l'esprit et le cœur.»
A ses yeux, il faut à nouveau projeter des films patriotiques dans les salles de cinéma suisses et un retour des valeurs traditionnelles dans les salles de classe – et cela, dès l'école primaire. «Nous devons absolument renforcer le sentiment d'appartenance, poursuit Lukas Reimann. Il faut ramener chez les jeunes le sentiment que le pays vaut la peine d'être défendu, même au prix de sa propre vie si nécessaire!»
L'Autriche comme exemple
Pour défendre son projet, l'élu de droite conservatrice fait référence à notre voisin autrichien, où la notion spirituelle est ancrée dans la loi constitutionnelle fédérale en tant que partie de la défense globale du pays. Sur le papier, cette dernière doit, selon lui, permettre de transmettre des valeurs démocratiques, de former une conscience globale de la neutralité et de soutenir la garantie de la souveraineté de l'Etat.
Pour Lukas Reimann, la volonté de défendre son pays présuppose donc une identification claire avec celui-ci. «Le patriotisme a longtemps été considéré comme douteux. Il faut maintenant le réhabiliter d'urgence!» A voir ce que le reste du Conseil national pensera des désirs va-t-en-guerre du député UDC.