Depuis l'année scolaire 2022/23, les écoles polonaises ont introduit une nouvelle matière obligatoire: l'éducation à la sécurité. Cela comprend des thèmes très variés tels que les premiers secours ou les comportements à adopter dans les situations de catastrophe. Et depuis 2024/25, l'entraînement au tir est devenu obligatoire.
L'introduction de cette matière s'explique par la guerre d'agression russe qui se déroule dans le pays voisin, l'Ukraine. Depuis 2022, Vladimir Poutine a également menacé d'attaquer l'OTAN. Si Moscou devait lancer une attaque, les experts estiment que les pays baltes auraient plus de chances d'être ciblés que le reste des pays de l'OTAN. L'armée russe pourrait commencer par des zones stratégiques comme Suwalki, seul pont terrestre entre la Pologne et ses alliés baltes.
Vers une introduction du tir dans les écoles suisses?
L'année dernière, en Suisse, le député bernois de l'Union démocratique du centre (UDC), Nils Fiechter, avait proposé d'introduire une formation obligatoire sur les armes à feu à l'école primaire. En vain. Cette proposition a même fait un flop auprès de son parti: «Les armes à feu ont à peu près autant leur place dans une salle de classe que les boules de disco», avait proclamé sa collègue de parti, Nadja Günthör, pourtant grande adepte du tir.
Interrogé par Blick, Philipp Ammann, responsable de la communication de la Fédération sportive suisse de tir, défend les effets positifs de la pratique. «Très souvent, le tir sportif permet d'augmenter la capacité de concentration des jeunes et de renforcer leur endurance mentale et physique», soutient-il. Et d'ajouter: «Des études récemment publiées décrivent une influence positive du tir sportif sur les enfants atteints de TDAH.»
Des règles strictes à respecter
Certains cantons offrent depuis longtemps la possibilité aux enfants de s'adonner au tir sportif. Dans ce cadre là, les participants doivent respecter quatre règles strictes de sécurité:
- Les armes doivent toujours être considérées comme chargées
- Ne jamais pointer une arme sur une cible que l'on ne souhaite pas viser
- L'index doit être maintenu en dehors de la détente, tant que le dispositif de visée n'est pas enclenché
- Être certain de sa cible
Philipp Ramming, psychologue et président de l'Association suisse de psychologie de l'enfance et de l'adolescence (ASPEA), estime qu'il n'est pour l'instant pas nécessaire que les jeunes suisses apprennent à manier des armes en classe. Les Polonais ont l'ennemi à leur porte, mais la Suisse n'est actuellement pas confrontée à une menace réelle.
«La formation est la meilleure défense»
«En formant les jeunes au tir, on les rend adultes plus vite que nécessaire», soutient le psychologue. Selon lui, les jeunes ont plutôt besoin de se sentir appartenir à une communauté et d'avoir «la liberté d'être des enfants». En outre, l'expert estime que d'autres problématiques, comme la désinformation, menace davantage les jeunes qu'un conflit militaire.
«La défense spirituelle du pays est plus importante que de savoir où se trouvent l'avant et l'arrière d'une arme.» Et de poursuivre: «La base de la défense contre toute propagande est l'éducation.» Il estime que «l'investissement dans l'éducation est pour l'instant la meilleure défense nationale». Il n'y a d'ailleurs pas de notes pour le tir en Pologne.