Jusqu'à 955'000 francs
Les primes maladie augmentent tout autant que les salaires des assureurs

Nouveaux records pour les salaires des dirigeants des caisses maladie. En 2023, certins ont empoché plus de 955'000 francs de salaire. C'en est trop pour certains politiciens qui souhaitent instaurer une limite légale.
Publié: 03.12.2024 à 15:03 heures
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Dernière mise à jour: 03.12.2024 à 16:41 heures
Les primes maladie augmentent d'année en année, tout comme les salaires des CEO des assurances.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT
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Otto Hostettler

C'est comme pour les primes, chaque année un peu plus d'argent. Les salaires des patrons de caisses maladie atteignent de nouveaux sommets. En 2023, les CEO de sept des dix plus grandes caisses maladie ont perçu un salaire de plus de 700'000 francs. C'est Sanitas qui a explosé le record: le CEO Andreas Schönenberger a touché en 2023 un salaire annuel de 955'176 francs.

En l'espace de six ans, son salaire a pratiquement doublé. En 2017, le salaire du CEO de Sanitas se situait encore au neuvième rang. Le leader était alors la CSS, dont la cheffe Philomena Colatrella gagnait 743'766 francs. A l'époque, elle était la seule CEO de caisse-maladie dont le salaire dépassait 700'000 francs. Aujourd'hui, elle atteint près de 800'000 francs et se place en deuxième position.

Assurances Salaire du CEO en 2017Salaire du CEO en 2023
Sanitas469'272.-955'176.-
CSS743'766.-795'800.-
Groupe Mutuel497'262.-784'702.-
Swica620'194.-793'374.-
Assura689'000.-741'000.-
Helsana686'500.-740'865.-
Visana503'100.-708'100.-
Concordia478'617.-563'352.-
KPT519'000.-346'000.-
Atupri319'0376.-339'417.-

Dernier du classement avec 339'000 francs

Le salaire le plus bas reste toujours honorable: le patron d'Atupri, Christof Zürcher, se fait verser 339'417 francs. C'est beaucoup, mais presque trois fois moins que le très gros salaire d'Andreas Schönenberger. Les membres des conseils d'administration ne lésinent pas non plus: le président d'Helsana Thomas D. Szucs était déjà en tête en 2017. À l'époque, il avait touché 308'270 francs, un montant qui a baissé à 289'300 francs.

AssurancesSalaire du président du conseil d'administration en 2017Salaire du président du conseil d'administration en 2017
Helsana308'270.-289'300.-
CSS188'750.-256'517.-
Groupe Mutuel200'000.-250'000.-
Swica178'800.-206'000.-
Concordia242'282.-203'619.-
Assura189'672.-175'011.-
Sanitas207'887.-168'000.-
Visana107'200.-166'750.-
KPT173'000.-95'000.-
Atupri66'000.-66'000.-

Les présidents des conseils d'administration de KPT, Concordia, Sanitas et Assura ont également perçu moins d'argent. La présidente d'Atupri, Sandra Thoma Hauser, arrive loin derrière avec un salaire annuel de 66'000 francs.

Des décennies de discussion

Les salaires des dirigeants des caisses maladie font l'objet de discussions au Parlement fédéral depuis plus de 20 ans. En 1998 déjà, Jean Ziegler, alors conseiller national socialiste, critiquait vivement ces sommes astronomiques. «Certains perçoivent un salaire annuel de 400'000 francs!» C'est «tout simplement scandaleux vis-à-vis des assurés». La réponse du Conseil fédéral? Il ne voit pas de possibilité d'intervenir dans les structures salariales des assureurs-maladie «tant que la mesure généralement usuelle n'est pas dépassée».

De nombreux parlementaires se sont déjà cassé les dents sur ce sujet… sans succès. Toujours est-il que depuis 2016, les caisses maladie doivent publier les salaires de leurs organes de direction.

Bientôt une limite légale?

Mais entre-temps, le débat a pris une nouvelle dynamique. Une initiative parlementaire du conseiller aux Etats socialiste neuchâtelois Baptiste Hurni (PS) a obtenu une majorité aussi bien dans la commission consultative du Conseil national que dans celle du Conseil des Etats. Une loi sera directement élaborée. Le Conseil national devrait pouvoir en débattre dès l'été 2025.

Le conseiller des Etats neuchâtelois souhaite que les salaires des managers des caisses maladie ne dépassent pas un montant maximal défini par le Conseil fédéral. Parallèlement, ce plafond n'augmenterait que si les primes des assurés baissent. Et en contrepartie, il baisserait si les primes augmentaient.

Baptiste Hurni veut ainsi récompenser les caisses-maladie qui non seulement gèrent bien leur budget, mais qui peuvent ainsi faire baisser les primes des assurés. Et d'autre part, le Neuchâtelois veut empêcher que les caisses puissent augmenter les salaires de leurs managers malgré la hausse des primes.

«L'appât du gain est la raison»

Interrogé par le «Beobachter», Baptiste Hurni ne mâche pas ses mots: «L'appât du gain est la raison de ces augmentations excessives. C'est aussi simple que cela!» L'augmentation des salaires des managers est «injustifiable et inacceptable».

Le journal aurait volontiers demandé à Sanitas comment elle justifiait le doublement du revenu et comment elle recevait l'idée d'un plafond salarial. Mais les questions sont restées sans réponse.

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