Procès XXL en vue
Les chefs du groupe néonazi Junge Tat bientôt devant les juges

Voilà plusieurs années que le ministère public enquête sur le groupuscule néonazi Junge Tat. Il veut maintenant traduire ses deux leaders en justice. Les deux jeunes hommes risquent de lourdes peines.
Publié: 11:37 heures
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Tobias Lingg (à gauche) et Manuel Corchia (au centre) lors d'une manifestation de Junge Tat à Winterthour (ZH).
Photo: Telegram
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Dimitri Faravel et Fabian Eberhard

Les dossiers judiciaires concernant Tobias Lingg et Manuel Corchia remplissent désormais plusieurs classeurs. Ils ont déjà été condamnés, et à plusieurs reprises, pour discrimination raciale, dommages matériels et infraction à la loi sur les armes. Les leaders du mouvement d'extrême droite Junge Tat risquent désormais de nouvelles peines.

Les informations dont dispose Blick le montrent: une accusation contre eux est imminente. La justice zurichoise a enquêté pendant près de trois ans, et elle s'apprête maintenant à frapper un grand coup contre les chefs de l'extrême droite. «Le ministère public a l'intention de déposer une plainte», confirme un porte-parole à Blick. Il pourrait le faire dans les prochains jours.

Bagarres et actions perturbatrices

On ne sait pas encore très bien ce que le ministère public va reprocher exactement aux deux activistes néonazis. Il devrait toutefois s'agir de tout un ensemble de délits présumés.

Depuis quatre ans, le groupe se distingue lors de ses actions militantes. Ses partisans perturbent des événements queer, se battent avec des adversaires politiques, brandissent des banderoles xénophobes, etc. Junge Tat est, de loin, l'organisation d'extrême droite la plus active de Suisse.

Fin 2024, le ministère public de Zurich avait déjà émis des ordonnances pénales contre six autres membres du Junge Tat. La liste de leurs délits présumés est longue: discrimination raciale, contrainte, dommages à la propriété, écoute et enregistrement de conversations d'autrui, atteinte à la liberté de croyance et de culte, violation de la paix publique, infraction à la loi sur les explosifs, entrave à l'accomplissement d'actes officiels et cagoulage illégal. Pour tout cela, le ministère public demande des amendes d'un montant total de 70'000 francs. Tous les prévenus ont fait opposition.

Action contre les requérants d'asile

Tobias Lingg et Manuel Corchia n'ont pour l'heure pas reçu d'ordonnance pénale. Mais la peine requise sera bien plus élevée que celle prononcée contre les autres membres de Junge Tat. D'une part en raison de leurs antécédents, mais aussi parce que d'autres actes s'y ajoutent. Ainsi, les deux jeunes hommes étaient présents lorsque des extrémistes de droite allemands ont assiégé un centre d'accueil pour requérants d'asile en Bavière en février 2023. Ils ont été arrêtés par la suite.

Les deux leaders du groupe étaient également présents lorsque des membres cagoulés de Junge Tat ont pris d'assaut un service religieux de la Pride à Zurich en 2022 ou lorsqu'ils ont allumé des fumigènes pendant une séance de lecture de drag queens pour enfants au Tanzhaus de Zurich.

En tant que leader du mouvement, Tobias Lingg et Manuel Corchia disposent d'un réseau international et, enhardis par leur popularité, n'ont pas peur d'apparaître à visage découvert et de donner leur nom et prénom, une rareté dans ces milieux d'extrême droite. En mars, la SRF a même pu faire leur portrait dans un documentaire d'une demi-heure.

Combat brutal à Vienne

Il y a quatre semaines seulement, les deux hommes se sont rendus avec des camarades d'opinion à une manifestation identitaire à Vienne, où ils ont exigé le renvoi des migrants aux côtés du militant d'extrême droite Martin Sellner. Manuel Corchia est même intervenu en tant qu'orateur.

La veille, des membres de Junge Tat ont aussi rencontré des extrémistes de droite de plusieurs pays dans une cave où plusieurs militants se sont affrontés dans des combats de boxe. Tobias Lingg est également monté sur le ring et a livré un combat contre un Autrichien dans une cage.

Jusqu'ici, le groupuscule néonazi ne s'est pas exprimé sur les accusations à venir. Fin 2024, il a qualifié les ordonnances pénales contre ses membres d'"accusations sans fondement» et de «restriction de la liberté d'expression».

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