Depuis des semaines, des voix s'élèvent contre les coupes budgétaires de 20% prévues pour le programme Jeunesse+Sport (J+S). Le buteur record de la Nati, Alex Frei, s'invite désormais dans le débat. «Il faut que quelqu'un m'explique comment les politiciens peuvent être assis dans la tribune pour assister aux matchs de l'équipe nationale suisse alors qu'en parallèle, ils réduisent les subventions J+S», a déclaré la légende du football.
Le sportif ne comprend pas que l'on réduise des fonds qui, du club de tir au club de football en passant par le club de lutte, profiteraient à tout le monde. «J'espère qu'on réfléchira encore une fois à cette décision. Le sport de masse est primordial, car c'est lui qui fait naître le sport d'élite.»
Le ministre des Sports se défend
Un tacle direct au ministre de la Défense et des Sports (DDPS) Martin Pfister, qui était présent dans la tribune d'honneur lors des matches de la Nati à l'Euro féminin. Interrogé par Blick, le DDPS défend sa vision: «Il ne faut pas opposer les deux choses. En tant que ministre des Sports, c'est une grande joie et un honneur pour le conseiller fédéral Martin Pfister de pouvoir vivre le championnat d'Europe de football féminin de cette année en Suisse. Les athlètes méritent d'être soutenues pendant leurs matches.»
Si le Département reconnaît que le programme J+S est un succès, comme le montre le record absolu de participation en 2024, il met le doigt sur un autre aspect: «Le Parlement alloue chaque année un crédit destiné au programme Jeunesse+Sport. Cependant, ce budget ne peut être utilisé qu’en partie. Si les fonds s’avèrent insuffisants, il est alors nécessaire de baisser les taux de subvention afin d’éviter un déficit. Or, la croissance attendue du programme J+S entraînerait un important déficit dès 2026. C’est pourquoi une réduction des tarifs de subvention s’impose dès l’année prochaine.»
Et d'ajouter: «Le conseiller fédéral Martin Pfister regrette cette réduction. En étroite collaboration avec les cantons et les fédérations sportives, le DDPS a contribué au développement de Jeunesse+Sport tel que nous le connaissons aujourd'hui. Il tient à continuer de contribuer au succès du programme. Le dialogue sur le financement du sport pour la jeunesse est en cours.» En d'autres termes, le DDPS laisse entendre qu'il n’exclut pas de rouvrir le dossier budgétaire, et cherche une alternative pour éviter de réduire le subventionnement de J+S.
Une décision vivement critiquée
Pour rappel, quelques jours seulement avant le début de l'Euro féminin, la Confédération a décidé de faire des économies. «Compte tenu des chiffres records et des prévisions de J+S, les subventions devront être réduites de 20% à partir de 2026 si le crédit reste inchangé», indiquait alors le DDPS dans un communiqué.
Ces mesures ont suscité des critiques de la part des grandes organisations sportives, y compris de l'Association suisse de football (ASF). «Economiser dans le sport des jeunes, c'est compromettre l'avenir de notre pays. La réduction prévue des subventions J+S n'est pas seulement un signal alarmant, mais aussi une mesure d'économie aux lourdes conséquences sociales», a déploré président de l'ASF, Dominique Blanc.