L'Association suisse des locataires (ASLOCA) passe à l'offensive avec une nouvelle initiative populaire. Celle-ci veut ancrer le principe du loyer basé sur les coûts et bannir les éléments du marché du droit de bail. Elle prévoit en outre un contrôle automatique des loyers.
«De nombreuses personnes à la recherche d'un logement n'en trouvent plus à des prix accessibles ou craignent de devoir résilier leur bail», explique Michael Töngi, vice-président de l'ASLOCA et conseiller national (Vert-e-s/LU) à Blick. Il ajoute que les propriétaires peuvent aussi être confrontés à cette problématique, même indirectement: «Lorsque leurs enfants quittent le domicile familial, par exemple, de nombreux parents se rendent compte à quel point la recherche d'un logement est devenue difficile».
La collecte de signatures a débuté la semaine dernière, et les initiateurs sentent qu'ils ont le vent en poupe. Leur revendication est en effet renforcée par un sondage représentatif commandé par l'association. Ce sondage nous livre quatre résultats intéressants.
Les prix des loyers sont très préoccupants
La Suisse abrite un peuple de locataires. 64% des logements habités sont occupés par des locataires, tandis que le taux de logements en propriété est de 36%.
Le thème des loyers occupait la sixième place, l'année dernière, dans le baromètre des préoccupations de l'UBS. Mais l'enquête actuelle révèle que la problématique en lien avec les loyers/la pénurie de logements se classe plus haut encore, à la deuxième place. 58% des sondés l'ont cité comme l'un des enjeux politiques les plus importants auxquels la Suisse est actuellement confrontée – juste après les coûts de la santé (66%) mais avant la question de la migration (50%).
Les hausses de prix font des ravages
Il y a deux ans, le taux d'intérêt de référence est passé de 1,25% à 1,75%, ce qui s'est traduit par une hausse des loyers à plusieurs endroits. Entre-temps, le taux de référence est redescendu à 1,5%. Mais ceux qui ne font pas valoir cette baisse se retrouvent souvent avec des loyers plus élevés, notamment lorsque «De nombreux propriétaires profitent d'un changement de locataire pour augmenter les nouveaux loyers», critique Michael Töngi.
Cette évolution se fait également ressentir dans l'enquête. 16% déclarent avoir été «très touchés» par les hausses de prix, 27% «assez touchés». 31% se sentent «peu concernés» et seulement 28% «pas du tout concernés».
Une majorité pour le contrôle des loyers
Le sondage donne le vent en poupe aux initiateurs. À la question de savoir si un mécanisme de contrôle automatique du montant des loyers est nécessaire, 60% ont répondu par «certainement» ou «plutôt oui». Seule une minorité (16%) s'y oppose, tandis qu'un quart des sondés n'a pas d'avis tranché.
Ce résultat clair n'est pas une surprise pour Michael Töngi. Certes, le droit du bail en vigueur interdit les loyers excessifs, mais ceux-ci ne sont pas contrôlés. «La loi n'est pas appliquée et reste donc inefficace. Pendant ce temps, les loyers explosent», explique-t-il.
C'est exactement pour cette raison que le conseiller national donne de bonnes chances de réussite à l'initiative populaire lancée par l'ASLOCA. «La souffrance et la conscience du problème ont augmenté», ajoute Michael Töngi. «Il est évident pour beaucoup que les loyers excessifs ne peuvent être évités que par des contrôles».
Le PS et l'UDC jugés plus compétents
Parallèlement, le sondage montre que le PS est jugé comme étant le parti le plus à même de résoudre la problématique touchant les loyers et la pénurie de logement. En tant que parti typique des locataires, il marque le plus de points avec 36%. L'UDC arrive en deuxième position avec 23%. S'en suivent le Centre (17%), le PLR (12%), les Vert-e-s (4%) et le PVL (3%).
Le mauvais score de son parti déçoit-t-il le politicien des Vert-e-s Michael Töngi ? «Non», répond-t-il en souriant. Bien que de nombreux Vert-e-s soient actifs au sein de l'ASLOCA, il suppose que la population attribue davantage la politique climatique que la problématique des loyers à son parti.
L'élu explique aussi le bon résultat de l'UDC. Il considère que «L'UDC est fortement positionnée au sein de l'association des propriétaires fonciers et est donc également très présente sur la question des loyers. Seulement, ses propositions n'apportent rien aux locataires».
Le sondage en ligne a été réalisé et pondéré par l'institut Feldlabor du politologue Oliver Strijbis en février 2025 auprès de 1644 personnes.