Des milliards en jeu
Les voleurs d'héritages rôdent, Berne s'empare du problème

Certaines personnes essaient de gagner la confiance de personnes âgées, isolées ou malades pour accaparer leur héritage. Berne cherche des solutions pour les empêcher de nuire.
Publié: 16.08.2025 à 19:16 heures
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Même si le problème des escrocs patrimoniaux est reconnu, il est difficile à résoudre. (Image d'illustration)
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Céline Zahno

En 2025, le montant des successions en Suisse devrait dépasser les 100 milliards de francs pour la première fois. Mais attention: cette somme colossale attire des personnes mal intentionnées.

Même si le problème des escrocs patrimoniaux est reconnu, il est difficile de le résoudre. La dernière révision du droit des successions a échoué à limiter les dons aux personnes dites de confiance. Aujourd'hui, le gouvernement envisage à nouveau des règles plus strictes en matière de successions, écrit la «NZZ».

Exploiter la confiance des personnes isolées

Les escrocs patrimoniaux nouent des liens avec des personnes âgées – souvent isolées socialement – qui ont besoin de soins ou sont atteintes de démence. Ils exploitent leur confiance pour s'emparer de leurs biens. En général, ils commencent à transférer l'argent sur leur compte avant même leur décès. Dans le pire des cas, ils parviennent à convaincre la personne âgée de modifier son testament en leur faveur.

L'Office fédéral de la justice a commandé plusieurs avis juridiques pour résoudre ce problème. Parmi ceux-ci, le professeur de droit Antoine Eigenmann propose un testament public pour les dispositions importantes en faveur de personnes de confiance. Cette règle s'appliquerait si le testateur voulait léguer plus d'un quart de sa succession à sa personne de confiance.

De plus, le testament doit être rédigé en la présence de deux témoins qualifiés pour s'assurer «que la volonté du testateur n'est pas compromise» et qu'il possède encore le discernement nécessaire pour le faire.

De nombreuses personnes touchées

Felix Boller, fondateur de l'Association suisse contre le recel successoral, connaît bien ce problème: son père a été piégé par une voleuse d'héritage. Avec son association, il souhaite soutenir les personnes dans le même cas et depuis sa création, plus de 100 victimes présumées l'ont contacté.

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Les escrocs patrimoniaux agissent comme des chasseurs: ils suivent le gibier
Felix Boller, fondateur de l'Association suisse contre le recel successoral
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Depuis l'entrée en vigueur du la nouvelle loi sur les successions le 1er janvier 2023, la situation s'est encore aggravée. Les parts réservataires aux descendants ont été réduites et celles des parents supprimées.

«Les escrocs patrimoniaux agissent comme des chasseurs: ils suivent le gibier», explique Felix Boller. La Suisse est donc le repaire idéal pour les voleurs d'héritages, car elle possède l'une des plus fortes densités de millionnaires au monde.

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