A l'arrêt depuis des mois
La saga autour de la centrale nucléaire de Gösgen coûte des millions

L'arrêt de la centrale nucléaire soleuroise a des conséquences non négligeables: les groupes électriques Alpiq et Axpo perdent des centaines de millions. La Fondation suisse de l'énergie émet des critiques.
Publié: 22.08.2025 à 20:59 heures
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La remise en service a été retardée à plusieurs reprises.
Photo: Keystone
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Céline Zahno

Que se passe-t-il donc à la centrale nucléaire de Gösgen? La tour de refroidissement aurait dû être remise en service depuis longtemps. Après la révision annuelle effectuée en mai, le redémarrage du réacteur était prévu fin juin. Mais raté: les exploitants ont dû repousser plusieurs fois la remise en service. 

Et voilà qu'un nouveau retard arrive: la centrale ne produira pas d'électricité au cours des six prochains mois. Selon les estimations actuelles des exploitants, la production ne devrait pas pouvoir reprendre avant fin février 2026. Comment l'expliquer? 

Des preuves doivent être fournies

Une nouvelle méthode de calcul a révélé qu'en cas de rupture de canalisation, certains systèmes de conduites pourraient être soumis à des surcharges. Avant toute reprise de la production, un contrôle ainsi qu'une autorisation de l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) sont donc nécessaires.

Il faut désormais prouver à l'autorité de surveillance que la centrale peut être exploitée en toute sécurité. «Ces preuves sont très complexes, coûteuses et nécessitent plus de temps que prévu initialement», avait déjà déclaré la porte-parole Barbara Kreyenbühl à Blick fin juillet, lorsque le dernier retard s'était produit. La remise en service n'aura lieu qu'une fois que l'IFSN aura vérifié les preuves.

La Fondation suisse de l'énergie (SES) exige plus de transparence de la part de la centrale nucléaire implantée sur le sol soleurois. «S'il ne s'agissait que d'un petit problème technique, Gösgen ne devrait pas être arrêtée aussi longtemps», déclare à Blick Nils Epprecht, directeur de la SES. L'ampleur des défauts de la centrale est dissimulée, selon lui. «Si la collectivité doit payer pour une perte d'un demi-milliard, elle doit aussi savoir quels sont les risques réels.»

Une panne qui coûte cher

Dans tous les cas, les conséquences liées à la panne sont lourdes. Les comptes des groupes énergétiques concernés, Alpiq et Axpo, passent dans le rouge. Alpiq s'attend à des pertes comprises entre 140 et 160 millions de francs pour 2025. De son côté, Axpo s'attend à un trou financier de 150 à 170 millions de francs, répartis sur les deux années comptables 2024/2025 et 2025/2026.

La facture pourrait aussi être salée pour la Ville de Zurich. Avec 15%, elle est le troisième plus grand actionnaire de la centrale. Un nouvel arrêt de six mois aurait donc des conséquences financières importantes pour la ville. 

Autre élément à prendre en compte: les actionnaires de Gösgen doivent se procurer l'électricité manquante ailleurs. Si leurs propres centrales ne peuvent la fournir, ils sont contraints de l’acheter sur le marché. Selon le prix de l’électricité, cette solution peut s’avérer plus coûteuse.

Selon le «Tages-Anzeiger», les clients du fournisseur d'électricité de la ville de Zurich (EWZ) peuvent respirer. Depuis 2018, l'EWZ fournit exclusivement de l'électricité issue d'énergies renouvelables. L'EWZ écoule son électricité nucléaire uniquement sur le marché de l'électricité. Raison pour laquelle la panne de Gösgen n'a aucune influence sur les tarifs, soutient un porte-parole.

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