Nestlé va supprimer le système Nutri-Score pour ses produits suisses, vendus seulement en Suisse. Les marques concernées sont bien connues du paysage local: Cailler, Thomy, Leisi, Incarom, Chokito, Henniez, Nestea et Romanette. Pour l’heure, les marques de Nestlé proposées sur le marché international conservent le système de notation de A à E.
La multinationale en a-t-elle ras-le-bol d’afficher des mauvaises notes sur la mayonnaise ou les branches de chocolat? Au contraire. Sur son site internet, où la nouvelle est publiée ce jour, la multinationale déplore un désengagement politique en Suisse, vis-à-vis de cet étiquetage nutritionnel. Elle assure s'être battue pour le conserver.
Coup de gueule des paysans
On comprend ainsi qu'en Suisse, où ce système n'est pas obligatoire, Nestlé s'est retrouvée un peu seule à jouer le jeu de la transparence nutritionnelle. Si la Migros l'a d'abord adopté, elle a aussi tiré la prise du Nutri-Score en mai 2024. La nouvelle avait provoqué un tollé, et près de 350 professionnels de la santé avaient signé une lettre ouverte à la direction du géant orange, demandant le retour du système de notation.
Depuis son introduction en 2019, le Nutri-Score est vivement critiqué par la puissante Union suisse des paysans (USP). Elle lui reproche, en résumé, de mal noter des produits naturels. Par exemple, le jus de pomme, parce qu'il est sucré, est mal classé, tandis que des produits transformés obtiennent de meilleurs points.
Nestlé seule à jouer le jeu
Contactée par Blick, Nestlé explique son choix de supprimer le Nutri-Score. Elle rappelle d'emblée qu'elle a été pionnière en l'adoptant il y a six ans, pour tous ses produits concernés par le système de notation.
«Aujourd’hui, force est de constater que le soutien au Nutri-Score a considérablement diminué dans notre pays: nombre d’acteurs du secteur alimentaire ne se sont jamais engagés, d’autres s’en sont retirés, et le Parlement à Berne a adopté une motion affaiblissant son déploiement, regrette Guillaume Roud, des relations médias de Nestlé. La conséquence est qu’aujourd’hui les marques Nestlé sont pratiquement les seules à porter le Nutri-Score dans les catégories de produits où elles sont présentes en Suisse et que le label n’est donc plus en mesure d’y jouer son rôle, à savoir de permettre aux consommateurs de comparer la valeur nutritionnelle des produits au sein d’une même catégorie.»
Contrairement à l'Europe, Berne rechigne
La multinationale continuera d'utiliser le système Nutri-Score pour ses produits vendus en Suisse et à l'international. «Notre décision est spécifique au marché suisse. Nestlé continue de soutenir et d’implémenter le Nutri-Score dans les autres pays d’Europe favorables à cet étiquetage nutritionnel», confirme Guillaume Roud.
La motion visant à encadrer l'usage du système de classement date de 2023. Parmi les arguments? L'outil ne tiendrait pas compte des quantités, alors que des produits naturels, comme le fromage, peuvent faire partie d'une alimentation saine. Un exemple également cité par l'USP.
Obligatoire à Genève?
Mais le Nutri-Score a aussi ses partisans, à commencer par l'Office fédéral de la sécurité alimentaire. A Genève, fin mars, le Grand Conseil a adopté une motion pour rendre son affichage obligatoire dans les rayons alimentaires.
Nestlé, de son côté, proposera désormais un QR code à scanner pour obtenir toutes les infos sur la qualité nutritionnelle d’un produit. Il s'agira vraisemblablement du même code utilisé pour scanner les marchandises à la caisse.