Le Parti socialiste suisse hausse le ton au sujet de Gaza. Dans une lettre adressée au Conseil fédéral, le PS reproche au gouvernement suisse son silence persistant sur le calvaire vécu par les Palestiniens. «Cette situation n’est plus acceptable. Il est clair que les obligations internationales imposent à la Suisse de tout mettre en œuvre pour empêcher la poursuite des crimes de guerre».
«Epuration ethnique»
Le parti s’inquiète des intentions d’Israël, qui veut selon lui mettre en œuvre le plan de Donald Trump dans la bande de Gaza, ce qui implique la perspective d’une «épuration ethnique imminente». L’occupation militaire permanente qui se profile à Gaza «aggraverait les souffrances déjà indicibles de la population gazaouie», et signifierait la «fin de toute perspective de solution à deux Etats», écrivent les co-présidents du PS, la Zurichoise Mattea Meyer et l'Argovien Cedric Wermuth.
En outre, la question humanitaire devient difficile à ignorer pour la Suisse. La lettre évoque le blocage par Israël de la livraison de biens de première nécessité et de nourriture dans la bande de Gaza. Un comportement israélien qui, selon le texte, «dépasse largement les limites d’une défense légitime conforme au droit international et ne saurait être justifié.»
Le PS rappelle que la décision provisoire de la Cour internationale de Justice à La Haye juge fondées les allégations d’action à caractère génocidaire, une conclusion à laquelle parviennent de nombreux experts indépendants. De même, l’ancien haut représentant de l’Union européenne, Josep Borrell, s’est récemment exprimé en ce sens.
Sujet urgent de ce vendredi
La position de la Suisse devient d’autant moins tenable, estime la présidence du PS, que plusieurs gouvernements ont adopté une position plus claire et ferme, en critiquant sévèrement la poursuite des crimes de guerre par le gouvernement israélien. Le gouvernement espagnol cherche à obtenir une résolution de l’Onu condamnant ces agissements. «Nous vous proposons de faire de cette question un sujet urgent lors des entretiens de Watteville qui se dérouleront ce vendredi», écrivent les représentants socialistes.
Ce qu’attend concrètement le PS du Conseil fédéral? Une condamnation sans équivoque des crimes de guerre en cours dans la bande de Gaza, la fin de toute coopération militaire avec Israël, la reprise des sanctions de l’UE visant les colons israéliens violents, et toute action permettant de mettre fin au blocus des livraisons d’aide aux Gazaouis. Mais aussi la reconnaissance de l’Etat de Palestine, afin de soutenir la solution à deux États. En outre, le PS attend que la Suisse intensifie son engagement en matière de médiation pour faciliter le retour des otages encore retenus en Israël.
Institués en 1970, les entretiens de Watteville réunissent régulièrement à Berne une délégation du Conseil fédéral et les représentants des partis gouvernementaux. Fixés avant les sessions parlementaires, ils ont pour but de permettre un échange sur des thèmes politiques importants et de trouver des consensus. Ils se déroulent à la Maison de Watteville, située dans la vieille ville de Berne et propriété de l’État.