Même si les chiffres sont en baisse, la Suisse reste en tête du classement mondial de la richesse moyenne par adulte: la fortune moyenne chez nous (déduction faite des dettes) s'élève à 709'612 dollars, comme le montre le dernier «Global Wealth Report» de l'UBS. Aucun autre pays n'est mieux loti. Selon le rapport, plus d'un million de millionnaires en dollars vivent également chez nous. Cela représente 15% de la population suisse.
Nombreux sont ceux qui s'étonnent de ces sommes élevées en regardant le solde de leur propre compte. Blick s'est donc penché d'un peu plus près sur la répartition de la fortune – et répond à des questions pressantes.
Pourquoi la fortune moyenne est-elle si élevée?
Environ 700'000 francs, c'est beaucoup d'argent. Une grande partie des Suisses n'atteignent pas une telle fortune. La médiane se situe en effet nettement plus bas, à 171'035 francs. Cela signifie que la moitié des adultes en Suisse ont une fortune inférieure, l'autre moitié une fortune supérieure.
La grande différence entre la valeur moyenne et la médiane s'explique par le poids des super-riches. Certes, les personnes particulièrement bien loties constituent un groupe relativement restreint. Dans son classement des 300 plus riches, le magazine «Bilanz» recense un total de 141 milliardaires résidant ici. Mais c'est assez pour tirer la fortune moyenne de la Suisse vers le haut.
Quel est le montant total de la fortune en Suisse?
Une somme qui dépasse l'entendement? On ne peut certes qu'estimer le montant de la fortune cumulée des ménages privés en Suisse. Mais l'Administration fédérale des contributions indique que la fortune nette imposée (fortune moins dettes) s'élèvera à 2,26 billions de francs en 2020. Pour donner un ordre d'idée, cette somme colossale permettrait d'acheter plus de 12 500 fois la star anglaise de l'Euro, Jude Bellingham (21 ans), qui, avec une valeur de 180 millions de francs, est le footballeur le plus précieux du monde.
La plateforme statistique allemande Statista arrive à une somme encore bien plus élevée: selon ce rapport, la Suisse dispose au total d'une fortune privée nette de 4,5 billions de francs. L'UBS, bien qu'elle n'apparaisse pas directement dans le rapport, part à peu près du même chiffre.
Comment se présente la répartition de la fortune?
La répartition des richesses est un sujet politiquement brûlant et fait l'objet de nombreux débats. Dernièrement, les jeunes socialistes ont alimenté les discussions sur la fortune des riches avec leur initiative pour un impôt sur les successions, et déclenché de vives réactions parmi l'élite économique.
Il est clair que les super-riches s'approprient une très grande partie du gâteau. Ainsi, le 1% des résidents suisses les plus aisés possède près d'un tiers de la fortune totale du pays, 31,5% selon la «World Inequality Database». En revanche, la moitié la plus pauvre de la population n'en possède que 3,7%.
Le Conseil fédéral attribue aux super-riches une prospérité relative encore plus élevée. Selon son analyse publiée à la mi-décembre 2022 sur la «répartition de la richesse en Suisse», le 1% supérieur possédait même 44 % de la fortune en 2018. «Même aux États-Unis, la concentration de la fortune du 1% des plus riches n'est pas aussi importante que dans notre pays», déclarait alors Marius Brülhart, professeur d'économie à l'Université de Lausanne, à Blick.
Comment évolue la répartition de la fortune?
La question de savoir si l'inégalité a augmenté en Suisse ces dernières années fait également débat. Il ressort des données de la «World Inequality Database» que les super-riches sont devenus plus fortunés depuis la dernière crise financière de 2008 – et que la partie la plus pauvre de la population possède proportionnellement toujours moins.
Ainsi, il y a 16 ans, les 50% les moins riches possédaient encore près de 4,7% de la fortune totale. Depuis, cette part n'a cessé de diminuer, d'un point de pourcentage au total jusqu'en 2022.
La situation est en revanche bien meilleure pour le 1% le plus riche. Entre 2008 et 2022, la part de richesse de ces super-fortunés est passée de 27,7 % à 31,5%.
En face, il y a ce qu'on appelle le coefficient de Gini. Celui-ci est considéré comme une variable courante pour mesurer l'inégalité des richesses. Plus la valeur est élevée, plus le pays est inégalitaire. Et selon le rapport UBS, celui de la Suisse a baissé de 4,6% entre 2008 et 2023, passant de 70 à 67.
Selon ce coefficient, l'inégalité aurait donc tout de même baissé dans notre pays. Parmi nos voisins, l'Allemagne est légèrement moins bien placée que la Suisse en matière d'égalité, l'Autriche légèrement mieux. L'Italie et la France ont une société nettement plus égalitaire.