En quête du bonheur
Noémie Schmidt: «La petite fille que j’étais serait fière de moi. C'est ça, le bonheur»

Cet été, Blick part en quête de bonheur! Chaque jour, une voix romande se confie. Pas pour donner des leçons, mais pour partager une trajectoire, des doutes, des petits riens. Nouvelle invitée: la comédienne et metteuse en scène Noémie Schmidt.
Publié: 08:11 heures
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Dernière mise à jour: 09:23 heures
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Pour Noémie Schmidt, le bonheur n’est pas une quête passive, mais se «construit dans le collectif».
Photo: Julie de Tribolet
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

Le bonheur. Derrière ce mot galvaudé, chacun cache une idée, une sensation, un souvenir, parfois un rêve. A travers une série d’entretiens intimes et légers, nous avons demandé à des personnalités de tous horizons ce que signifie, pour elles, être heureux. Parce que parler du bonheur, c’est déjà en faire un peu naître.

Qu’est-ce qui les apaise, les élève ou les aide à traverser les jours gris? Le bonheur se fabrique-t-il ou se découvre-t-il? Peut-on en donner une définition? Existe-t-il des clés à transmettre?

Comédienne valaisanne remarquée dans «L’Étudiante et Monsieur Henri» ou les séries «Versailles» et «Anthracite», Noémie Schmidt a choisi de vivre aujourd’hui en communauté, à la campagne, avec ses proches. Elle y construit un mode de vie engagé, fait d’art, de travail de la terre… et de fêtes. Pour elle, le bonheur n’est pas une quête passive, mais un processus exigeant et profondément collectif.

Noémie Schmidt, qu’est-ce qui vous rend heureuse au quotidien, de façon simple et concrète?
Les autres, tout simplement. Les personnes que je fréquente, celles avec qui je travaille, celles avec qui je vis. Je m’élève dans le collectif. Et puis, je me pose souvent la question du sens. Que fait-on sur Terre? Pourquoi je suis là? Moi, j’ai choisi de faire de l’art, mais je ne trouve pas de sens à en faire seule. Même si beaucoup d’artistes sont doués pour ça. Ce n’est pas mon cas. J’ai davantage la vocation d’un art collectif. Ce que j’aime, c’est ce que ça dit de la société: comment on vit ensemble, comment on travaille ensemble. Pour moi, le bonheur est profondément lié à ça: à trouver du sens.

Et votre définition du bonheur, elle a évolué avec le temps?
C’est un énorme travail. Je dois beaucoup travailler pour être heureuse. Mais c’est un travail nécessaire, fondamental. Et j’ai compris que j’étais la seule responsable de mon bien-être. Donc, je trouve ça légitime de travailler là-dessus.

Et vous travaillez sur quoi, concrètement?
Je fais un travail de thérapie psy depuis quinze ans. Et je parle beaucoup avec les gens que j’aime. J’essaie d’exprimer ce que je ressens, et d’écouter ce que les autres ressentent. C’est comme ça qu’on construit des choses qui ont du sens. Je m’entoure de gens bienveillants, sains. Et j’ai de la chance: j’ai une grosse énergie. Je suis hyper reconnaissante pour ça. Alors je l’utilise.

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Je ne conçois pas le bonheur en dehors du collectif
Noémie Schmidt, comédienne et metteuse en scène
»

Est-ce qu’il y a eu un moment dans votre vie où vous avez touché du doigt le bonheur absolu?
Honnêtement, ça n’a pas beaucoup de sens pour moi, cette idée de bonheur absolu. Mais je peux dire une chose: je suis plus heureuse aujourd’hui que je ne l’ai été dans ma vie passée. Plus je vieillis, plus je suis heureuse. Et les moments où je me sens vraiment bien, c’est quand je pense à la petite fille que j’étais, et qu’elle serait fière de moi. C'est ça le bonheur.

Pour vous, le bonheur se cultive ou il surgit?
Instinctivement, je dirais que c’est un travail. Parfois, tu découvres une source de bonheur par surprise… mais pour qu’elle continue à t’apporter de la joie, il faut bosser. C’est un travail continu. Et ça peut être très agréable.

Qu'avez-vous cessé de faire pour être plus heureuse?
J’ai cessé de ne pas m’écouter. Maintenant, j’essaie de m’écouter vraiment. Et de me faire confiance.

Quelle place tient la solitude dans votre rapport au bonheur?
Elle est importante. Je pense que le bonheur se construit avec les autres. Mais pour être bien avec les autres, il faut déjà être bien avec soi. Donc les moments de solitude sont essentiels. Cela dit, je ne conçois pas le bonheur en dehors du collectif.

Justement, vous avez fait le choix de vivre en collectivité dans une ferme à la campagne.
Oui. C’est exactement comme une famille, sauf que c’est une famille choisie. Je ne rentre pas dans les normes «papa-maman-enfant». Mais le principe est le même: une vie commune, avec beaucoup de travail pour que ce soit fluide, sain et agréable pour tout le monde. Moi, j’ai envie de vieillir avec les gens que j’aime.

Comment s’articule ce projet?
Je vis avec mon homme, mon frère, ma meilleure amie d’enfance, mes copines… On travaille à bien ensemble. Chacun fait sa vie, ça bouge tout le temps: voyages, projets artistiques… Mais ce qu’on construit, c’est un refuge. Un endroit où on peut se poser entre deux projets, où on peut compter les uns sur les autres. On se transmet des compétences, on apprend les uns des autres, on travaille un peu la terre, on organise des fêtes aussi, avec le village notamment. C’est pour créer du lien.

En quête du bonheur: comment Noémie Schmidt profite de la vie

Ce lien à la terre, c’est important dans votre bonheur?
Oui. J’ai plein d’amis qui font des formations pour «reprendre la terre au grand méchant», comme ils disent. Il y a une vraie envie de retour au sol, à la matière, au vivant.

Un livre, un film, une rencontre a-t-il changé votre manière de penser le bonheur?
Tout le temps! Franchement, chaque semaine, dès que je regarde un film, il me permet de faire évoluer ma vision du monde ou de la vie. J’ai l’impression que penser le monde, c’est déjà une source de joie. Penser soi-même aussi. Mais la musique, c’est ce qui m’aide le plus quand ça va mal. Music is my sanctuary (ndlr: la musique est mon refuge).

Si vous pouviez offrir une seule clé du bonheur à nos lectrices et lecteurs, ce serait laquelle?
De ne surtout pas prendre la clé qui vient des autres! On la connaît, sa propre clé, au fond. Mais il faut réussir à être bien avec les autres. La solitude peut être belle, mais elle est aussi très violente pour beaucoup de gens. Il faut qu’on apprenne à s’organiser collectivement. Et à ne pas se laisser faire par l’organisation capitaliste!

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