Le bonheur. Derrière ce mot galvaudé, chacun cache une idée, une sensation, un souvenir, parfois un rêve. A travers une série d’entretiens intimes et légers, nous avons demandé à des personnalités de tous horizons ce que signifie, pour elles, être heureux. Parce que parler du bonheur, c’est déjà en faire un peu naître.
Qu’est-ce qui les apaise, les élève ou les aide à traverser les jours gris? Le bonheur se fabrique-t-il ou se découvre-t-il? Peut-on en donner une définition? Existe-t-il des clés à transmettre?
Pour cette série d’été, nous avons posé quelques questions à Francesco Mercanton alias la drag queen valaisanne Frani ELLE, humoriste et animateur d'émissions de la RTS. Pour cette star des réseaux sociaux, le bonheur se cultive au quotidien, avec des petits gestes, un peu de solitude et en accord avec la personne qu'il est devenue.
Francesco Mercanton/Frani ELLE, qu’est-ce qui vous rend heureux au quotidien, de façon simple et concrète?
Ce sont vraiment les petites choses. Mon café du matin, par exemple. Je me lève très tôt, vers 6h, car j’aime voir le jour se lever. Mon repas de midi, le sport, les balades… Même envoyer un message vocal à quelqu’un. Ce sont pleins de petits gestes du quotidien. J’ai beaucoup cherché le bonheur quand j’étais jeune, en pensant qu’il fallait atteindre un idéal. Mais je me suis rendu compte qu’en fait, le bonheur, c’est de faire ce qu’on aime. Quand j’ai commencé les vidéos, les spectacles, épousé la personne qui partage encore ma vie aujourd’hui, j’ai compris que j’étais aligné avec moi-même. C’est ça qui m’a rendu heureux.
C’est votre définition personnelle du bonheur?
Oui. Je pense que c’est ça, le vrai bonheur: être apaisé. Ce n’est pas accumuler des objets ou vivre en permanence dans une euphorie artificielle. C’est se sentir bien dans ce qu’on fait, avec la personne qu’on est devenue.
Et cette définition a-t-elle évolué avec le temps?
Enormément. Je suis bien plus heureux aujourd’hui qu’enfant ou adolescent. Quand on ne sait pas qui on est, on ne peut pas être heureux.
Quel est, selon vous, le plus grand malentendu autour du bonheur?
Je pense qu’on n’accepte plus le malheur. Or pour apprécier le bonheur, il faut passer par des frustrations, des échecs. Quand quelque chose ne marche pas, puis que soudain une autre chose fonctionne, on l’apprécie d’autant plus. Aujourd’hui, on vit dans une société où tout échec est vu comme une anomalie, qu’on soit enfant ou adulte. C’est dommage.
Avez-vous déjà touché du doigt le bonheur absolu?
Pas le bonheur absolu, non, mais des moments d’euphorie, oui. Quand je suis en spectacle, que je vois des gens debout face à moi, ou quand j’ai concrétisé un projet qui me tenait à cœur. Mon mariage aussi. Ce sont des moments forts. Je ne dirais pas que j’ai été heureux en continu, mais je peux dire que depuis dix ans, j’ai trouvé un apaisement durable. Pour moi, c’est ça, le bonheur.
Qu’avez-vous cessé de faire pour être plus heureux?
J’ai arrêté de me comparer aux autres. Pendant longtemps, je regardais ce que les autres avaient, ce qu’ils faisaient. Je voulais leur ressembler, atteindre leurs objectifs. Et je me suis rendu compte que ça m’éloignait de moi-même. Aujourd’hui, je me concentre sur ce que je veux, moi.
Pas évident à l’ère des réseaux sociaux…
C’est paradoxal, mais ce sont justement les réseaux qui m’ont aidé à sortir de ça. Ils m’ont permis d’être vraiment moi-même, de construire une personnalité qui me correspond à 100%. Et c’est comme ça que j’ai pu en faire mon métier.
Quelle place tient la solitude dans votre quête du bonheur?
Elle est importante. Même si je pense que l’humain est fait pour vivre en groupe, il a besoin de moments à lui. Pour réfléchir, se recentrer. C’est une forme d’égoïsme saine, nécessaire.
Avez-vous un rituel ou une habitude qui vous aide à approcher le bonheur?
L’espoir. C’est ce qui me rend heureux la majorité du temps: croire que demain peut m’apporter quelque chose de beau.
Y a-t-il un livre, un film ou une rencontre qui a changé votre vision du bonheur?
Oui, mon mari. Il m’a fait comprendre que rêver, c’est bien, mais qu’il faut aussi agir. Il m’a poussé à monter sur scène, à concrétiser mes idées. C’est lui qui a écrit mon premier spectacle. Sans lui, je ne serais peut-être pas devenu celui que je suis aujourd’hui.
Si vous pouviez offrir une seule clé du bonheur à nos lectrices et lecteurs?
Faites ce que vous voulez, vraiment. Peu importe ce que pensent les autres. C’est le plus grand frein au bonheur, cette peur du regard extérieur. Elle ne changera jamais votre destin. Vous seul pouvez le faire.
Pour finir, un souvenir insolite de vacances d'été?
Avec mon mari, nous sommes partis au Japon et nous avions loué une chambre au 40e étage d'un hôtel. On m'avait prévenu avant de partir du risque de tremblement de terre dans le pays. Et comme j'ai le vertige, j'avais installé une application sur mon téléphone, censée déclencher une sonnerie en cas de séisme. Cette nuit-là, le téléphone a sonné, sonné et encore sonné. J'ai eu très peur, j'ai réveillé mon mari en lui disant qu'il fallait qu'on quitte la chambre au plus vite. Il a pris mon téléphone et a remarqué que j’avais oublié de renseigner la localisation de la ville dans laquelle nous nous trouvions. En réalité, l’application réagissait au moindre tremblement secouant l’ensemble du Japon! J’ai eu droit à une sacrée frousse… entièrement causée par moi-même!
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