Près de 43 ans au boulot
Les Suisses dans le top 5 européen de ceux qui bossent le plus... et c'est bon signe!

Avec 42,8 ans de vie active en moyenne, la Suisse se hisse dans le top 5 européen des carrières les plus longues. Un record porté par un marché de l’emploi dynamique, une retraite tardive et une forte participation des seniors.
Publié: 17:35 heures
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Dernière mise à jour: 17:36 heures
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Les Suisses travaillent en moyenne pendant 42,8 ans. Un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne (Illustration).
Photo: Shutterstock
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Solène MonneyJournaliste Blick

Travailler plus de quatre décennies: c’est la réalité qui attend de nombreux Suisses. Avec une durée de vie professionnelle moyenne de 42,8 ans, notre pays figure parmi les champions européens de la longévité au travail, loin devant la moyenne de l’Union européenne (UE), fixée à 37,2 ans en 2024, selon Eurostat. Un résultat qui ne traduit pas une pénibilité accrue, mais plutôt un signe de vitalité économique et d’intégration durable des seniors sur le marché de l’emploi, rapporte Euronews mardi 13 août.

La Suisse n’est devancée que par l’Islande (46,3 ans), les Pays-Bas (43,8 ans) et la Suède (43 ans). Si l’on inclut les pays candidats à l’UE et les membres de l’Association européenne de libre-échange (AELE), la durée de vie active varie de 30,2 ans en Turquie à 46,3 ans en Islande.

Disparités par région

Les pays d'Europe du Nord, notamment nordiques, dominent le classement: au-delà du trio de tête, le Danemark (42,5 ans), la Norvège (41,2 ans) et la Finlande (39,8 ans) affichent des scores élevés. En Europe occidentale, l’Irlande (40,4 ans) et l’Allemagne (40 ans) suivent la tendance et se placent dans le top 10. A l’inverse, la France (37,3 ans) ou la Belgique (35 ans) affichent des résultats inférieurs.

Dans le sud de l'Europe, les écarts sont marqués: le Portugal (39,3 ans) et Malte (39 ans) s’en sortent bien, tandis que l’Italie (32,8 ans), la Grèce (34,8 ans) et l’Espagne (36,5 ans) affichent des durées plus courtes. Les pays d’Europe de l’Est tournent autour ou en dessous de la moyenne, avec des minima en Europe du Sud-Est: Turquie (30,2 ans), Macédoine du Nord (31,5 ans) et Monténégro (32,1 ans). Pour ces deux derniers pays, les données remontent à 2018. Il est donc possible que la moyenne soit aujourd’hui plus élevée.

Les facteurs de ces écarts

Mais alors pourquoi la longévité de vie professionnelle varie-t-elle autant d'une région à l'autre? «Tout d'abord, la demande joue un rôle important: si les employeurs ont besoin de travailleurs, cela augmente la participation au marché du travail et prolonge la durée de la vie active», explique Moritz Hess, professeur à l’Université des sciences appliquées de la Basse-Rhénanie (Niederrhein). Un taux d’activité élevé, y compris chez les seniors, favorise la présence prolongée sur le marché du travail.

Les règles institutionnelles pèsent aussi lourd, notamment l'âge légal de départ, et les possibilités limitées de retraite anticipée. En Islande, on part à 67 ans; en Turquie, à seulement 52 ans pour les hommes et 49 ans pour les femmes. La faible discrimination liée à l’âge et la valorisation de l’expérience encouragent également les longues carrières. Rien qu'en 10 ans, la participation au marché du travail des Suisses âgés de 55 à 64 ans a augmenté de 6,1 points pour se hisser à un taux d'activité de 77,8% dans cette tranche d'âge. En comparaison, en France ce chiffre s'élève à 60,4%.

Enfin, une économie solide et diversifiée, comme celle de la Suisse, entretient une forte demande de main-d’œuvre qualifiée dans les services et les secteurs de pointe. Selon Eurostat, c'est d'ailleurs un des facteurs les plus importants. 

Une tendance européenne

Partout sur le continent, la vie active s’allonge, portée par l’augmentation de l’espérance de vie et le recul progressif de l’âge de la retraite. L’OCDE prévoit qu’à l’horizon 2060, l’âge moyen de départ dans l’UE atteindra environ 67 ans, et dépassera même les 70 ans dans certains pays. 

Alors pour les plus jeunes, il faudra prendre son mal en patience, la retraite ne sera pas pour tout de suite. Mais voyons le bon côté des choses, c'est au moins le signe d'un dynamisme économique. 

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