La cheffe du Département fédéral de justice et police (DFJP) n'est «pas très optimiste quant à la possibilité de trouver une solution rapidement», a déclaré Karin Keller-Sutter vendredi dans un entretien avec Keystone-ATS. Pour l'instant, «il ne se passe tout simplement rien», a-t-elle déploré.
Certaines parties du Pacte européen sur la migration et l'asile restent bloquées, de sorte que la répartition équitable des réfugiés entre les différents pays n'avance pas. Cela s'explique par le fait que de nombreux pays poursuivent une «stratégie du tout ou rien», a déclaré la conseillère fédérale, qui préconise une «approche pragmatique».
La Suisse, avec d'autres pays, demande la mise en œuvre rapide de mesures individuelles où il existe déjà une amorce de consensus, comme le renforcement de la protection des frontières extérieures et le rapatriement commun de migrants. «Commençons par le début», a commenté la ministre.
Voyage à Lesbos
Karin Keller-Sutter s'est rendue vendredi dans le centre d'accueil et d'enregistrement des réfugiés de Mavrovouni, sur l'île grecque de Lesbos.
Lors de ses entrevues bilatérales à Athènes, la cheffe du DFJP a loué la coopération qu’entretiennent de longue date les deux pays dans le domaine migratoire. Elle s’est réjouie des progrès faits par la Grèce ces dernières années en matière de capacités d’accueil et de gestion des flux migratoires, écrit son département dans un communiqué.
La Suisse a contribué à ces efforts. Depuis 2014, Berne a accordé près de 12 millions de francs à la Grèce pour renforcer ses structures d’asile et d’accueil. Après l'incendie du camp de réfugiés de Moria à Lesbos en septembre 2020, la Suisse a par exemple assuré l'alimentation en eau potable quotidienne pour 10'000 personnes.
Aide humanitaire matérielle suisse
Le site de Mavrovouni a bénéficié d’une aide humanitaire de la Suisse sous forme de matériel pour l’alimentation en eau potable, de fournitures médicales pour lutter contre la pandémie et d’autres biens.
Jeudi, à Athènes, la ministre avait visité le centre Oikos, qui accueille des jeunes migrantes mineures non accompagnées. Le Secrétariat d’État aux migrations a soutenu financièrement la construction de ce centre, où seize jeunes filles d’âge compris entre 12 et 16 ans sont actuellement hébergées, pour un séjour moyen d’une centaine de jours.
Avant la Grèce, Karin Keller-Sutter avait aussi effectué une visite de travail en Bosnie-Herzégovine. Les défis migratoires avaient également été au cœur des discussions avec les autorités. La cheffe du DFJP a visité un centre pour migrants à proximité de la capitale Sarajevo qui est soutenu par la Suisse, dans le cadre du partenariat migratoire conclu en 2009.
Depuis 2017, la Suisse a soutenu plusieurs projets migratoires en Bosnie-Herzégovine à hauteur d'environ 6,8 millions de francs. Aussi bien la Grèce que la Bosnie-Herzégovine ont souligné l'importance des efforts de la Suisse sur place, a souligné Mme Keller-Sutter. L'aide est considérée comme très généreuse.
(ATS)