Des tribunes parsemées mardi matin
Les élus ont-ils vraiment boudé le débat sur les primes maladie?

Débat fleuve au Conseil national: il a fallu près de quatre heures aux élus pour traiter de l'explosion des coûts de la santé. Et ce n'est pas fini: ils devront revenir demain. Le résumé de la deuxième journée de la session d'été au Parlement, c'est parti!
Publié: 31.05.2022 à 17:20 heures
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Dernière mise à jour: 31.05.2022 à 18:20 heures
La présence d'un quart des conseillers nationaux ce mardi matin a indigné le correspondant du «Temps».
Photo: Twitter / Michel Guillaume
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Le bureau du Conseil national, en charge du programme des sessions parlementaires, avait été prévoyant: toute cette deuxième journée de session (8h - 13h30) était réservée pour un seul objet, les primes d'assurance-maladie. Plus précisément, l'examen du contre-projet indirect du Conseil fédéral né en réponse à l'initiative populaire du Centre «Pour des primes plus basses».

Vous avez eu du mal à digérer cette phrase? C'est normal: la politique de santé est sans doute le domaine le plus discuté sous la Coupole, et pourtant l'un des plus fastidieux à comprendre. Même pour les parlementaires. Ce «monolithe» consacré aux primes maladie a-t-il rebuté les élus? Vers 8h, le rapporteur de commission Philippe Nantermod a pris la parole devant un public très clairsemé.

Voici la journée parlementaire résumée en six points.

1. Les retrouvailles entre le PS et le Centre

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La maigre assistance n'aura pas surpris les connaisseurs de la politique fédérale, habitués à ce que les dossiers soient traités en commission. Ou quand même, si? Vers 10h, le correspondant parlementaire du «Temps» a dégainé sur Twitter.

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À la défense des élus, le contenu des déclarations des... 35 orateurs qui se sont succédé au perchoir était connu, du moins dans les grandes lignes. Ceux qui étaient dans la salle auront toute de même eu le plaisir d'entendre le vice-président Martin Candinas animer les débats en romanche et auront relevé quelques belles «punchlines».

Samuel Bendahan (PS/VD), par exemple, a taclé le caractère idéologique de l'initiative du Centre «Pour des primes plus basses». «Je pourrais aussi lancer une initiative populaire pour arrêter le réchauffement climatique, supprimer le Covid ou pour trois jours de pluie au maximum par mois», a ironisé l'économiste.

Le président du Centre, Gerhard Pfister, a aussi été offensif sur Twitter quant aux relations étroites des élus avec les lobbies. «Personne ne déclare ses intérêts à la tribune comme cela devrait être le cas. Peut-être parce qu'ils devraient renoncer à 50% de leur temps de parole?» Le Zougois a également dénoncé à la tribune «les cartels et les lobbyistes du domaine de la santé qui profitent de la situation actuelle». Une «situation actuelle» qui préoccupe, puisque 2,2 millions de personnes, soit plus du quart de la population, croulent sous le poids des primes.

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Le feu couve-t-il entre le PS et le Centre, qui ont chacun déposé une initiative populaire pour entraver la hausse des coûts de la santé? En réalité, c'est tout l'inverse: cette matinée a donné lieu à une alliance entre la gauche et l'ex-PDC, configuration que l'on n'avait pas vue depuis longtemps. Était-ce cela, la recette magique dont parlait le Centre dans un mail promettant de stopper l'explosion des primes, lundi?

Le vote sur la maîtrise des coûts (94 contre 91 et 1 abstention)...
Photo: DR
...et le plan du Conseil national.
Photo: DR

Le Conseil fédéral a donc trouvé un relais salutaire dans ce nouveau couple Centre — gauche qui a sauvé cet objectif de réduction des coûts, contre l'avis de la droite qui brandissait la menace d'un appareil bureaucratique. Les plus assidus auront noté les quelques points noirs à droite de l'hémicycle: certains UDC pourraient se faire tirer les oreilles, puisque leur absence a fait basculer le vote (94 contre 91 avec 1 abstention). Alain Berset a apprécié. «Vous voulez un projet digne de ce nom ou une coquille plus ou moins vide?», a interrogé le socialiste en clôture de débats.

Il était 12h38 lorsqu'Irène Kälin, revenue à son poste de présidente du Conseil national, a suspendu la séance. «Je me réjouis de vous voir demain pour poursuivre ce dossier», a souri l'écologiste argovienne et chroniqueuse de Blick. Les primes maladie, ce n'est jamais fini.

2. La révolte de la pensée magique

Puisque l'on est dans la santé: Philippe Nantermod, toujours au premier plan lorsqu'il s'agit de ce dossier, n'a jamais caché son aversion pour les médecines alternatives. Ou du moins leur financement. «Depuis 2009, nous nous infligeons une disposition constitutionnelle sur la «médecine» complémentaire. On les appelle comme ça pour ne pas la confondre avec la vraie médecine, celle qui marche, mais pour la rembourser quand même», avait dénoncé le Valaisan dans sa première chronique pour Blick. Un texte très incisif baptisé «La pensée magique» qui avait fait grincer quelques dents parmi les adeptes de ce genre de thérapies.

Or, voilà que le journal de la branche s'en prend directement au vice-président du PLR. Avec des arguments dont la pertinence reste à démontrer: la médecine alternative plaît à beaucoup de monde et n'est pas chère. Au passage, notons que la présidente de la Fedmedcom n'est autre qu'une conseillère nationale, la Thurgovienne Edith Graf-Litscher. La présidente de la Fédération des médecins (FMH) est une ancienne députée, la Saint-Galloise Yvonne Gilli. Voilà qui apporte de l'eau au moulin de Gerhard Pfister.

Les interventions de Philippe Nantermod n'ont pas plu à la fédération de médecine complémentaire.
Photo: DR

3. La luxure, c'est quel conseiller fédéral?

Le Conseil des États a évité les primes maladie ce mardi, mais pas la catégorie «serpent de mer». Parmi les sujets au menu des sénateurs, un objet socialiste voulant faire passer le Conseil fédéral de sept à neuf membres.

Un petit goût de déjà-vu... «J'avais déjà pris la parole sur ce sujet à mon époque du Conseil national, a déclaré à la tribune la sénatrice Lisa Mazzone, un peu empruntée par son aveu. J'ai élaboré d'autres arguments depuis!», a promis la Genevoise dans un exercice d'équilibriste.

L'objet avait été accepté au Conseil national, mais il a échoué aux États ce mardi. «Il faudrait arrêter d'être en vase clos et consulter la société civile et les institutions», a proposé Lisa Mazzone. En attendant le prochain débat sur le sujet, si les sénateurs ne s'accrochent pas au «chiffre mystique, presque religieux», selon la Genevoise, de sept Sages.

«Ce qui est sûr, c'est que depuis 1848, ce chiffre n'a plus bougé — le Directoire de Napoléon, l'ancêtre du Conseil fédéral, comptait lui cinq membres. Ce qui est sûr aussi, c'est qu'il y a une note arbitraire à ce chiffre de sept. Et, donc, sur cette base, on peut se sentir libre de s'en distancer et de changer la composition du Conseil fédéral», a déclaré en vain la Genevoise.

Pourquoi sept? Lisa Mazzone a sorti son livre d'histoire. «Sept était une solution pragmatique, peut-être aussi parce que ce chiffre à une connotation mythico-religieuse. Je me suis demandée ce qu'était cette «connotation mythico-religieuse». J'ai pensé aux sept péchés capitaux - je vous laisse faire les associations entre chaque conseillère fédérale ou chaque conseiller fédéral et les péchés capitaux.»

4. Le foot, c'est du sérieux

Je vous parlais lundi de la belle performance des parlementaires suisses balle au pied. La deuxième place conquise au tournoi international des parlementaires s'est forgée un chemin jusqu'au Parlement, et donc au Bulletin officiel.

«J'ai une nouvelle réjouissante à vous annoncer: le FC Conseil national s'est hissé avec succès à la deuxième place du 49e tournoi international de football des parlementaires à Lahti, en Finlande, sous la direction avisée et professionnelle de son capitaine, notre deuxième vice-président Eric Nussbaumer. Toutes mes félicitations!»

Pour voir les applaudissements amusés des parlementaires, c'est par ici.

5. Trente millions d'amis

Ce début de session d'été est marqué par le système de santé mais aussi par le sort des animaux. Le Conseil des États a enchaîné lundi après-midi. Jugez plutôt: «Interdiction d'importation et de transit de trophées de chasse issus d'animaux figurant dans les annexes I à III de la CITES», «Interdire l'importation de produits de la
pelleterie issus d'animaux maltraités», «Aucune importation de produits à base de fourrure obtenus par maltraitance d’animaux» et enfin (liste non-exhaustive!) «Pas de raccourcissement de la queue sans anesthésie»: les objets se sont enchaînés.

Ce n'est pas du football, mais relevons tout de même le score de 3 à 1 en défaveur des défenseurs des animaux. Seul l'arrêt du raccourcissement de la queue sans anesthésie a obtenu grâce aux yeux des sénateurs.

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6. Seul contre tous

Erich Hess cultive la singularité. Pas seulement parce qu'il a un h à la fin de son prénom et au début de son nom de famille, mais parce qu'il ne suit pas forcément les recommandations de vote. L'UDC bernois, réputé être l'élu le plus à droite du Conseil national, a réussi quelque chose dont pas grand-monde peut se targuer sous la Coupole fédérale: il a été le... seul à repousser un objet sur le budget, lundi après-midi. Un exploit dont s'est fait l'écho la version alémanique de «Watson».

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À demain!

Prochainement, dans la session d'été...

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